ACTUS LOCALESPACIFIQUE Indopacifique et administration Trump II : la stratégie américaine dans la continuité Outremers360° 2025-01-22 22 Jan 2025 Outremers360° Un nouveau rapport collectif de l’Institut français des relations internationales (IFRI) sur l’Indopacifique analyse les possibles relations à venir entre la seconde administration Trump et les principaux acteurs de la région. D’après ce document, la stratégie américaine en Indopacifique devrait demeurer dans la continuité, en mettant l’accent sur la rivalité géopolitique et économique avec la Chine. Les alliés et partenaires régionaux comme Taïwan, le Japon, la Corée du Sud, les Philippines et l’Australie seront mobilisés pour renforcer leur position face à Pékin. Les États-Unis pourraient aussi faire pression pour accroître leurs budgets militaires et acquérir des armements américains. Les précisions e notre partenaire Outremer 360. Comment appréhender le retour de Trump et les bouleversements qui pourraient en résulter pour l’Indopacifique ? Selon l’IFRI, « la politique de Trump vis-à-vis de la région indopacifique durant son premier mandat de 2017 à 2021, s’avère non seulement cohérente, mais aussi en phase avec celles de ses prédécesseur et successeur démocrates, Barack Obama et Joe Biden. (…) Ainsi, Donald Trump a moins marqué un tournant dans la politique américaine vers l’Asie et l’Indopacifique qu’un changement de style ». Le rapport relève que la rivalité économique et technologique avec la Chine demeure au cœur des préoccupations américaines. Les mesures restrictives de l’administration Biden, visant à entraver l’innovation chinoise, devraient se prolonger. Un retour de Trump pourrait intensifier cette confrontation, en particulier dans le domaine économique, avec de nouvelles sanctions commerciales susceptibles de déstabiliser une Chine déjà fragilisée. Les répercussions mondiales d’une telle escalade sont difficiles à anticiper. « Sur la question ultrasensible du détroit de Taïwan, Pékin voudra continuer d’affirmer sa posture militaire coercitive, mais pourrait faire face à une armée américaine moins encline au dialogue et davantage à la démonstration de force que ne l’était l’administration Biden. Cela posera des défis aux deux parties pour répondre sans provoquer d’escalade », ajoute l’IFRI. Le Japon : un allié des États-Unis En ce qui concerne la relation entre le Japon et les États-Unis, elle avait été renforcée pendant le premier mandat de Donald Trump grâce à l’engagement du Premier ministre Shinzo Abe, qui avait réussi à établir une relation de confiance avec le président républicain. En 2025, Shigeru Ishiba, le nouveau chef du gouvernement japonais, manquant de majorité, n’a pas les mêmes ressources pour influencer Trump. Cependant, il peut s’appuyer sur les acquis de ses prédécesseurs, qui ont travaillé à faire du Japon un allié compétent et indispensable pour les États-Unis. Inquiétude sur l’éventuel développement de l’arme nucléaire en Corée du Sud En Corée du Sud, en pleine crise politique, c’est l’attentisme qui domine. Sous le premier mandat de Trump, sa politique protectionniste avait menacé les exportations sud-coréennes vers les États-Unis. Par ailleurs, « si Séoul s’est progressivement rapproché de la ligne américaine face à la Chine, des inquiétudes demeurent quant à l’attitude de Trump face à la Corée du Nord », souligne le rapport de l’IFRI, lui faisant même envisager l’hypothèse du développement de l’arme nucléaire par la Corée du Sud pour se protéger de son voisin imprévisible. Face à la Corée du Nord justement, Donald Trump, après une phase de négociations avortées lors de son premier mandat (en particulier sur l’abandon par Pyongyang des armes de destruction massive), est plutôt partisan d’une ligne dure. « En 2025, l’administration républicaine entrante fait face à une nouvelle donne. Elle doit maintenant traiter la Corée du Nord dans un contexte d’imbrication entre les théâtres européen et indopacifique mais aussi gérer la possibilité accrue de conflits simultanés dans ces deux régions », précise l’IFRI. Des relations solides avec l’Inde et équilibrées avec l’Australie L’Inde devrait conserver une relation solide avec les États-Unis dans le cadre d’un partenariat qui les lie depuis longtemps. De plus, Modi et Trump entretiennent de bonnes relations personnelles. Concernant les Philippines, le rapport constate que le renforcement de leur alliance avec les États-Unis démontre l’importance stratégique de Manille dans la politique américaine en Indopacifique. Initiée durant le premier mandat de Donald Trump, cette relation soulève cependant des questions sur l’autonomie des Philippines face aux décisions de la nouvelle administration. Enfin, après une période de doute, « l’Australie est aujourd’hui mieux préparée au retour de Trump », affirme l’IFRI. « La relation commerciale est plus équilibrée et l’alliance est sortie renforcée de l’accord AUKUS (Australia, United Kingdom and United States. Accord de coopération militaire tripartite constitué par l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni en 2021, ndlr). Toutefois, l’administration progressiste à Canberra se retrouve dans une position inconfortable face aux orientations politiques libérales du gouvernement républicain à Washington. » Les potentielles pierres d’achoppement entre Washington et les Océaniens En 2018, l’administration Trump avait déjà tenté de réduire les dépenses budgétaires américaines dans le Pacifique de 18%, précise l’IFRI. Des ajustements budgétaires pourraient ainsi être apportés au nouveau Pacte des États librement associés (Compacts of Free Association). « En mars 2024, une enveloppe inédite de plus de sept milliards de dollars sur vingt ans a été promise aux États fédérés de Micronésie (EFM), aux Républiques des Palaos et des îles Marshall. Des révisions à la baisse sont aussi envisageables sur d’autres lignes budgétaires. Joe Biden avait annoncé un programme d’aide de 810 millions de dollars sur dix ans aux États et territoires du Pacifique, dont 130 millions pour des projets de lutte contre le changement climatique, qui n’a pas encore reçu l’approbation finale du Congrès. » Le climato-scepticisme du président Trump pourrait ne pas coller avec la stratégie Blue Pacific 2050 du Forum des îles du Pacifique (FIP) et les attentes de la région. Elle devrait d’ailleurs accueillir la COP31 en 2026. Ce sont aussi les tirs de missiles balistiques intercontinentaux chinois (en septembre 2024) et américains (en novembre et décembre 2024) qui n’ont pas beaucoup plu aux dirigeants de la région, mécontents de voir le Pacifique utilisé « comme terrain des rivalités entre les États-Unis et la Chine ». « Plus généralement, la militarisation manifeste de l’Océanie, et singulièrement de sa partie nord-ouest avec le redéploiement d’un contingent de 5 000 Marines d’Okinawa vers Guam et la modernisation des infrastructures militaires, inquiète populations et dirigeants de tout le bassin Pacifique. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)