Vendredi vers 15 heures, une dizaine de militaires du Rimap-p, en exercice annuel à Moorea, ont pénétré, fusils d’assaut en main, dans l’enceinte du collège de Pao Pao. Le chef de corps assure ses hommes n’ont fait que « longer la clôture » sans entrer, mais ce n’est pas ce que relatent les élèves et un encadrant du collège qui témoigne : « Ça a duré trois minutes, le temps qu’ils traversent, qu’ils se rendent compte qu’il y avait des gens. »
Le collège de Pao Pao à Moorea a été le théâtre d’une bien étrange « opération » ce vendredi après-midi vers 15 heures. Une dizaine de militaires, en treillis et Famas en main, sont rentrés dans l’enceinte du collège, avant de se « replier » en sautant le portail devant plusieurs élèves et personnels du collège. L’un de ces derniers raconte : « Déjà, quand je suis parti à l’heure du déjeuner, il y avait un gars qui était devant le gymnase avec son Famas. Comme on avait eu la visite du député Le Gayic le matin, je me suis dit OK, c’est une espèce de garde rapprochée, c’est un peu bizarre, mais bon, pourquoi pas ? En dernière heure, on voit débarquer des gars qui courent, qui courent, puis après qui s’arrêtent, qui font genre on se plie en deux, on avance tout doucement. Une fois qu’ils ont vu des gamins dans les salles de cours les gars se sont crapahutés en passant par-dessus le portail. Ça a duré trois minutes, le temps qu’ils traversent, qu’ils se rendent compte qu’il y avait des gens. »
« En fait, ils se sont trompés »
Il s’agissait d’une partie des 180 hommes du Rimap-p qui viennent chaque année à la même époque faire des exercices à Moorea. Le chef de corps, le colonel Wierzbinski, assure qu’ils ne sont pas rentrés dans l’enceinte du collège, mais n’ont fait que « longer la clôture », ce que dément le témoin : « le principal est arrivé au pas de course avec la principale adjointe. Ils avaient déjà tous sauté par-dessus le portail, mais ils ont évidemment vu et ils sont arrivés, et ils ont eu une explication. En fait, ils se sont trompés. Ils pensaient que l’établissement était fermé parce qu’ils sont passés par l’école primaire qui était fermée et ils pensaient que tous les établissements scolaires étaient fermés. » Selon le colonel, la mairie avait prévenu la population sur son site Internet de cet exercice qui va se poursuivre jusqu’à mercredi. Mais ni le site de la mairie, ni sa page Facebook ne mentionnent autre chose que l’exercice anti-cyclonique du 6 septembre dernier, à l’allure moins martiale…
Elèves, encadrants et parents d’élèves sont médusés. Les enfants ont immédiatement demandé aux adultes du collège si les fusils étaient chargés. « Et après on vient nous raconter que l’école est un sanctuaire », dit le père d’un élève. « Dans un contexte où on a des problèmes de violence dans tous les collèges ici en Polynésie, on a du mal à ne pas avoir des combats qui se jouent tout le temps et qu’on a des gamins qui sont accro aux jeux vidéo de violences et tout, ce n’est peut-être pas le bon signal à envoyer que l’armée se goure et vienne jusque dans la cour, par l’endroit où les élèves essaient de chapper l’école », conclut le membre du personnel auquel nous avons parlé. Le Rimap-p écope donc d’un « peut mieux faire » en planification et coordination.