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« Invasion » métropolitaine : Oscar Temaru bientôt convoqué à son tour devant le juge d’instruction

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Après le ministre de l’éducation Ronny Teriipaia et le représentant Tavini a l’assemblée Mitema Tapati, tous deux mis en examen pour provocation à la discrimination raciale, le leader indépendantiste va lui aussi être convoqué devant un juge d’instruction, comme l’a confirmé à Radio1 son avocat Me Stanley Cross. Le 24 octobre 2023, il avait déclaré à l’assemblée : « Je n’ai pas peur du changement climatique, j’ai plutôt peur du changement démographique », qualifiant l’arrivée de métropolitains d’« invasion ».

Comme pour Mitema Tapati et Ronny Teriipaia cette convocation fait suite à un courrier de signalement adressé au parquet par Édouard Fritch en décembre dernier et qui avait abouti en janvier à l’ouverture d’une instruction pour « provocation publique à la discrimination ou à la haine ». L’ancien-président autonomiste y dénonçait plusieurs propos tenus dans l’enceinte de Tarahoi ou dans la presse à propos des métropolitaines de Polynésie. Le courrier diffusé par le Tapura ne faisait référence qu’au « blanchissement » de la population dénoncé à l’assemblée par le représentant Tavini Mitema Tapati et au parallèle avec les « invasions des communautés arabes » dressé dans les pages de Tahiti Infos par le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia.

Mais une première version de ce même courrier, envoyé au parquet deux jours plus tôt, signalait également les propos tenus par Oscar Temaru à l’occasion de la conférence-débat de la Journée des Nations-Unies, le 24 octobre 2023 dans l’hémicycle de l’assemblée. Décrivant un « défilé » de métropolitains dans une salle d’attente médicale où il s’était senti « étranger », le leader du Tavini avait lui aussi parlé d’une « invasion » de la Polynésie : « Moi je vous dis franchement, je n’ai pas peur du changement climatique. J’aurais plutôt peur d’un changement démographique (…) Qu’est-ce qu’on fait pour arrêter ça ? C’est l’invasion de notre pays que je crains ». Si Édouard Fritch avait finalement préféré écarter Oscar Temaru de son dépôt de plainte – ce qui n’a pas empêché les juges de s’intéresser à ses propos – c’était parce que le chef de file des rouge n’était pas présent le 24 octobre à l’assemblée… Et probablement parce que les répercussions politiques d’une procédure judiciaire à son encontre ne sont pas les mêmes que pour Mitema Tapati et Ronny Teriipaia.

La date de sa convocation n’est pas encore connue, mais elle devrait intervenir dans les prochaines semaines. À l’issue de l’entretien avec le juge d’instruction, le leader indépendantiste pourrait être mis en examen, comme l’ont été Mitema Tapati et Ronny Teriipaia, pour « provocation à la discrimination ou à la haine raciale ». Le Code pénal prévoit pour ce délit, quand il est commis par une personne dépositaire d’une autorité publique, une peine maximum de trois ans de prison et 8,9 millions de francs d’amende.

Pour rappel, Oscar Temaru a été définitivement relaxé, il y a quelques jours, dans l’affaire du financement de Radio Tefana. En 2007, le leader indépendantiste avait été relaxé en appel, dans une autre affaire pour discrimination raciale, après avoir utilisé, lors d’une interview télévisée, le terme « aiha » (« détritus » ou « bon à rien ») pour qualifier les Européens s’installant au fenua.