TOUT COMPRENDRE – Cette ville du nord du pays est aux mains du groupe djihadiste depuis neuf mois. L’armée irakienne a engagé une importante offensive depuis près de deux semaines.
L’armée irakienne a ouvert une brèche dans la mainmise de l’Etat islamique sur le nord du pays. Les forces armées gouvernementales, soutenues par des milices chiites, entament la « deuxième phase de [leur] plan » pour reprendre Tikrit aux djihadistes qui l’ont envahie en juillet 2014. A 160 km de la capitale, la bataille pour cette ville semble basculer depuis quelques jours en leur faveur. Bagdad entend bien infliger un sévère revers au groupe terroriste qui contrôle une grande partie du territoire.
Comment l’armée compte-t-elle reprendre la ville ? Mercredi, les combattants loyalistes sont entrés dans les faubourgs de la ville pour la première fois depuis neuf mois. Onze jours après le lancement d’une offensive de grande envergure, Bagdad enregistre un premier succès. Une guerre d’usure semble désormais s’engager pour reprendre le contrôle de Tikrit. D’après Hadi al-Ameri, le commandant de la milice chiite engagée sur ce terrain, « nous n’avons pas besoin d’attaquer ». Les djihadistes restants ne seraient plus très nombreux, quelques centaines tout au plus.
Pour autant, la victoire ne sera pas évidente. L’avancée des forces gouvernementales est en effet délicate car la technique des djihadistes est de truffer de bombes et d’engins explosifs les lieux qu’ils s’apprêtent à quitter. « Nous n’avons pas face à nous des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers », a résumé un haut gradé.
Les djihadistes vont-ils vraiment abandonner leurs positions ? D’après l’armée irakienne, qui joue sa crédibilité sur cette bataille, la victoire ne fait que peu de doute. « Le temps est de notre côté, nous avons l’initiative », a expliqué le ministre irakien de la Défense, Khaled al-Obeidi. D’après le commandant des Unités de mobilisation populaire, la milice chiite engagée dans les combats, les djihadistes « ont deux choix : se rendre ou mourir ».
Pour autant, le général de police Bahaa al-Azzawi a tenu à jouer la prudence. « Tikrit est bouclée de tous les côtés », a-t-il dit, modérant ses propos : « Nous ne voulons pas nous précipiter ». Des milliers de soldats ont été envoyés vers ce front pour renforcer le contingent de 30.000 combattants et « limiter au maximum les pertes humaines », a déclaré le ministre de la Défense.
Pourquoi cette bataille est capitale ? La réussite de l’offensive de Tikrit est cruciale pour les forces irakiennes. La ville, berceau de Sadam Hussein, se trouve sur la route de Mossoul, la deuxième plus grande ville d’Irak actuellement aux mains de l’organisation Etat islamique. Et puis les policiers, les soldats et les miliciens chiites engagés dans cette bataille jouent également la crédibilité de Bagdad, dont les forces ont abandonné Tikrit sans combattre en juillet 2014. Les nombreux champs pétroliers qui entourent la ville sont une autre donnée essentielle de la bataille. La vente des hydrocarbures qui y sont exploités remplissent actuellement le portefeuille du groupe terroriste.
En cas de victoire, la grande inconnue demeure le sort de la population locale. Des organisations de protection des droits de l’homme craignent que les soldats de Bagdad, à majorité chiite, ne s’en prennent aux habitants sunnites qui ont soutenu les djihadistes.
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