L’ESSENTIEL – Les États-Unis ont bombardé plusieurs positions des forces de l’État islamique. François Hollande s’en félicite et « examine » les actions à mener avec eux.
Face à la poursuite des combats en Irak, qui menacent des dizaines de milliers de civils, Washington s’est décidé à intervenir. Les Etats-Unis ont bombardé à plusieurs reprises des positions d’artillerie de l’État islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a annoncé vendredi le Pentagone. Ces frappes ont permis d' »éliminer des terroristes », a indiqué le Pentagone. La France est « prête à prendre toute sa part » à la lutte contre les djihadistes, a déclaré François Hollande dans un communiqué.
# LES TROIS INFOS A RETENIR
• Barack Obama avait annoncé jeudi qu’il avait autorisé des parachutages humanitaires en Irak et, si nécessaire, des frappes aériennes ciblées contre les djihadistes pour protéger le personnel américain et éviter un « génocide » des minorités menacées par l’Etat islamique. Les frappes américaines ont commencé vendredi et ont permis « d’éliminer des terroristes ».
• Les djihadistes se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Ils ont également pris le contrôle du plus grand barrage d’Irak, au nord de Mossoul.
• La France va « examiner d’éventuelles actions avec ses partenaires » et « se félicite » de l’intervention américaine, a indiqué François Hollande.
# LES ÉVÈNEMENTS
Obama entre en scène. « Nous sommes confrontés à une situation où des innocents pourraient être victimes de violences terribles. Les Etats-Unis ne peuvent détourner le regard », a lancé Barack Obama dans une allocution solennelle depuis la Maison-Blanche. Mais deux ans et demi après le départ du dernier soldat américain d’Irak, le président américain a réaffirmé qu’il n’enverrait aucune troupe au sol dans le pays, « parce qu’il n’y a pas de solution militaire américaine à la crise » que connaît le pays depuis le début de l’offensive djihadiste début juin.
Les premières frappes vendredi. Les Etats-Unis ont bombardé des positions d’artillerie de l’Etat islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a annoncé vendredi le Pentagone. Deux chasseurs bombardiers américains F/A 18 ont largué des bombes de 250 kilos sur une pièce d’artillerie mobile de l’Etat islamique en Irak, a précisé le Pentagone vendredi, peu après avoir révélé les frappes. Cette pièce d’artillerie a servi à bombarder des forces kurdes à Erbil, dans le Kurdistan irakien et menaçait des personnels américains basés dans la ville, selon le porte-parole du Pentagone, l’amiral John Kirby. « Le président n’a pas fixé de date spécifique de fin », a précisé Josh Earnest. De nouvelles frappes sont intervenus dans l’après-midi. Elles ont permis d' »éliminer des terroristes », a indiqué le Pentagone.
Vers 10h, heure de Washington (14h GMT), une frappe, menée par un drone, a « éliminé des terroristes » qui servaient un mortier. Puis, à 11H20 (15H20 GMT), quatre chasseurs ont largué un total de huit bombes qui ont neutralisé un convoi et un mortier près d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.
La France est « prête ». François Hollande a salué vendredi les frappes américaines menées contre des pièces d’artillerie utilisées par l’Etat islamique en Irak et annoncé qu’il examinerait avec les partenaires de la France les actions à mener pour mettre fin aux souffrances des populations civiles dans ce pays. « Le président de la République se félicite (…) de la décision importante prise par le président Obama d’autoriser des frappes aériennes ciblées afin de contrer l’Etat islamique ainsi que de mettre en œuvre un effort humanitaire », déclare-t-il dans un communiqué. « La France va examiner avec les Etats-Unis et l’ensemble de ses partenaires les actions qui pourraient être menées afin d’apporter conjointement tout le soutien nécessaire pour mettre un terme aux souffrances des populations civiles. Elle est prête à y prendre toute sa part », ajoute le communiqué de l’Elysée. François Hollande y appelle l’Union européenne « à jouer très rapidement un rôle actif « .
L’avancée des djihadistes. Sur place, dans le nord de l’Irak, des dizaines de milliers de chrétiens et de Yazidis ont été poussés à fuir face à l’avancée des extrémistes sunnites. Les Yazidis, une communauté kurdophone pré-islamique considérée par les djihadistes comme « adoratrice du diable », se sont retrouvés piégés, sans eau ni nourriture, dans les montagnes désertiques environnantes. Jeudi, des djihadistes se sont emparés de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Les insurgés ont également pris le plus grand barrage d’Irak, au nord de Mossoul, s’assurant le contrôle de l’approvisionnement en eau et en électricité d’une vaste zone, ont indiqué plusieurs responsables.
>> Les villes contrôlées par l’Etat islamique :
Réunion du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence jeudi soir, à New York. Il s’est dit « scandalisé » par l’avancée des djihadistes. Les 15 pays membres ont apporté leur soutien à Bagdad dans sa lutte contre l’Etat islamique et invité « la communauté internationale à soutenir le gouvernement et le peuple d’Irak et à faire tout ce qui est possible pour aider à soulager les souffrances de la population ».
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# LES AUTRES RÉACTIONS
• Le chef de l’armée irakienne Babaker Zebari a estimé que les forces fédérales et les forces kurdes allaient pouvoir reprendre rapidement de vastes pans de territoire aux jihadistes grâce aux frappes américaines entamées vendredi. « Il va y avoir d’énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures », a déclaré le général Zebari à l’AFP, peu après la confirmation par le Pentagone des premières frappes contre l’Etat islamique (EI) dans le nord du pays. Les Nations unies ont par ailleurs annoncé vendredi qu’elles travaillaient à l’ouverture d’un corridor humanitaire dans le nord de l’Irak pour évacuer les civils pris au piège par l’offensive jihadiste.
• Le pape François a lancé jeudi un appel urgent à la communauté internationale pour « protéger » les populations du nord de l’Irak, en grande partie chrétiennes. Il demande « que soit entrepris le nécessaire pour protéger ceux qui sont menacés par la violence, et assurer les aides nécessaires, en commençant par les plus urgentes, à tant de déplacés, dont le sort dépend de la solidarité d’autrui ». Vendredi, François a décidé d’envouer le cardinal Fernando Filoni, ancien nonce en Irak, auprès des populations du nord du pays, en partie chrétiennes, qui fuient l’avancée des jihadistes de l’Etat islamique.
• Le Royaume-Uni a recommandé vendredi à ses ressortissants de « quitter immédiatement » trois provinces du Kurdistan irakien dont celle d’Erbil, en proie à des combats avec l’Etat islamique (EI). « Le Foreign Office conseille d’éviter tout voyage dans ces régions du Kurdistan irakien (les provinces d’Erbil, de Souleimanye et de Dohuk) touchées par de récents combats; (..) Si vous êtes actuellement dans ces zones, vous devez les quitter immédiatement », écrit le ministère des Affaires étrangères dans l’actualisation de ses conseils aux voyageurs, précisant à l’AFP que ça ne concernait pas Erbil, la capitale.