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Irmine Tehei et huit autres femmes récompensées pour leur engagement

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La salle JohnTeariki de l’assemblée de la Polynésie française était presque trop petite pour accueillir tout le monde. Amis, famille, collègues, ils étaient tous là pour prendre en photo, et même en vidéo, la décoration de chevalier dans l’ordre national du Mérite remise à Irmine Tehei et la distinction des huit Poerava de l’année : des femmes inspirantes choisies par l’Union des femmes francophones d’Océanie.

C’est en chansons que la cérémonie a été rythmée, à l’image d’Irmine Tehei, musicienne et compositrice. De la musique et du monde ! Pas question pour elle d’être décorée seule, l’Union des femmes francophones d’Océanie, qu’elle préside, a donc organisé en même temps la remise des médailles pour les huit Poerava de l’année 2020, retardée à cause du Covid.

Irmine Tehei a reçu la médaille de chevalier dans l’ordre national du Mérite des mains de Gaston Tong Sang. Parrain de cette distinction, le président de l’assemblée de la Polynésie française, a brossé un portrait élogieux de la présidente de l’UFFO. « Un exemple de travail, de courage et d’humilité », son expérience à la Maison de la culture auprès de Henri Hiro puis au ministère de la Solidarité et enfin à l’OPH lui permettent de « toucher du doigt la détresse et la précarité de nombreuses familles polynésiennes ». « En 2005, c’est le début d’une nouvelle vie : la retraite. Pour beaucoup, c’est l’aboutissement d’une vie, pour toi, c’est un nouveau départ », raconte-t-il, listant ses nombreux engagements associatifs, la création de l’association de défense des consommateurs – Te Tia Ara, son travail auprès de l’UFFO et de l’Union des femmes catholiques (UFC). « Votre engagement pour les autres ne semble connaître aucune limite ! Vous êtes, pour bon nombre d’entre nous, un compagnon de route, une bonne maman, une Polynésienne sincèrement préoccupée par le bien-être de ses frères et de ses sœurs. » Irmine est également la mère de sept enfants; elle est aussi neuf fois grand-mère et trois fois arrière-grand-mère. Cette distinction est pour elle « un beau rêve » ! « C’est en votre nom à tous que je reçois cette haute distinction. Cette médaille, c’est à vous que je la dois, car sans vous je ne suis rien… Vous êtes les petites mains, les sourires, les moteurs, les forces de proximité qui aident à construire l’harmonie de nos foyers, notre quartier, notre pays. »

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Ce sont ensuite les huit femmes choisies par l’Union des femmes francophones d’Océanie qui ont reçu leurs distinctions. « Huit Polynésiennes inspirantes qui se démarquent par leur engagement, leur réussite, leur rayonnement et leurs initiatives. Par leur parcours et leur personnalité, elles contribuent à valoriser la femme polynésienne, à dynamiser le développement culturel, social et économique du fenua. » Chacune d’entre elles a reçu un pendentif en bois, nacre et perle. Ce sont les membres du bureau de l’UFFO qui déterminent une liste de femmes qu’elles souhaitent distinguer : pas forcément des femmes connues, mais des femmes choisies pour la richesse de leurs parcours et de leur personnalité. Les domaines restent variés pour montrer que les Polynésiennes peuvent réussir dans tous les secteurs. La décoration est simplement honorifique mais il s’agit de mettre en valeur les femmes et d’en inspirer d’autres, comme l’explique Armelle Merceron, membre de l’UFFO.

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Les huit Poerava

Flora Devatine est issue d’une famille d’orateurs, enseignante à la retraite et grande dame de la culture polynésienne, fondatrice de Littérama’ohi et cofondatrice de l’association artistique ‘Ōrama, primée par l’Académie française (prix Heredia) pour son recueil Au vent de la piroguière – Tīfaifai en 2017, elle est aujourd’hui directrice de l’Académie tahitienne. Après avoir salué le travail des femmes sur le terrain, elle a défendu l’écriture : « Écrire, c’est construire sa pirogue, c’est construire sa maison, c’est se construire soi, avec sa culture, sa langue, dans la complexité sociale et culturelle d’aujourd’hui. Écrire, c’est désamorcer les tensions dans la société, c’est un acte social et politique. »

Cécile Moreau, directrice de l’Association polyvalente d’actions socio-judiciaire, s’est dit « honorée de faire partie de ces femmes distinguées et honorée également de faire pleinement partie de la société polynésienne », saluant les « femmes de ténacité qui agissent partout discrètement ».

Vaihere Doudoute-Raoulx s’est révélée dans le combat contre l’accident vasculaire cérébral qui l’a touché à ses 33 ans et laissé deux semaines dans le coma. À son réveil, elle est paralysée du côté droit et aphasique. Grâce à la rééducation, elle retrouve ses capacités et découvre le rowing indoor dont elle devient vice-championne du monde. En larmes au moment de prendre la parole, elle a expliqué que « toute personne peut briller ».

Yvette Temauri, appelée affectueusement Mamie Yvette, a occupé de nombreux postes : secrétaire du bureau des femmes de la Conférence des Églises du Pacifique, directrice du Centre territorial d’information des droits des femmes et des familles, représentante à l’assemblée de la Polynésie française, présidente de la Fédération horticole « Hei Tini Rau », et elle a été la première femme présidente de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française.

Claude Panero, directrice du service public des impôts et contributions et aujourd’hui directrice du CHPF où elle est arrivée en 2020, elle a dû affronter la crise Covid dès sa prise de fonctions. « Je décerne cette distinction à toutes les femmes de l’hôpital et toutes celles qui travaillent dans le réseau de la santé qui ont été beaucoup exposées. »

Rose Richmond a été nommée directrice de l’hôtel Hilton Moorea Lagoon en 2016. Elle est la première Polynésienne à occuper un tel poste. Une promotion spectaculaire après avoir commencé dans ce même hôtel comme barmaid. « Réussir est donné à tout le monde mais il faut le vouloir et les Polynésiens doivent être confiants dans leurs capacités. »

Nini Topata (absente à la remise des médailles), co-fondatrice de la fédération A Tauturu Iana, puis de Ramepa Ora, s’occupe des Polynésiens évasanés en métropole : « Les difficultés rencontrées ne sont pas des obstacles, il faut toujours les résoudre et passer au-delà, avancer vers le large. Les femmes sont fortes et lorsqu’elles font de bonnes et belles choses avec le cœur et l’amour, elles sont reconnues et réussissent. »

Débora Ellacott Kimitete (absente à la remise des médailles), engagée dans plusieurs associations culturelles, fondatrice et présidente du comité de tourisme de Nuku Hiva, membre dirigeante de l’association pour la protection de l’environnement des Marquises Te Ku’a o te Heua Enana, estime qu’on « ne fait pas les choses seule ».

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