Penne (Italie) (AFP) – Aucun signe de vie n’émanait jeudi soir des décombres d’un hôtel où se trouvaient une trentaine de personnes, dont des enfants, 24 heures après l’avalanche qui l’a enseveli dans le centre de l’Italie, déjà touché par plusieurs séismes.
L’alerte avait été donnée mercredi en fin d’après-midi mais les premiers secouristes ne sont arrivés que dans la nuit jusqu’à l’hôtel, situé près de Farindola, dans les Abruzzes, après des heures d’efforts à ski sous les bourrasques de neige.
« La situation est dramatique. Aucun signe de vie », a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole des pompiers italiens, Luca Cari. L’avalanche a emporté des débris, et peut-être des corps, sur plusieurs centaines de mètres.
Deux personnes en hypothermie ont été secourues à l’extérieur et deux corps sans vie ont été extraits des décombres, mais les secours s’attendent à chercher encore « toute la nuit », a promis leur chef Fabrizio Curcio, lors d’un point de presse en début de soirée.
Une équipe spécialisée de l’armée italienne s’apprêtait jeudi soir à repartir vers l’hôtel depuis Penne, centre opérationnel des secours disant de quelque 15 km, pour déblayer des voies d’accès.
« Une petite avalanche a créé un mur de neige sur le chemin conduisant à l’hôtel, nous y allons pour l’abattre », a expliqué à l’AFP le major Nicola Cappozolo.
Sur place, les sauveteurs travaillent « de manière très méthodique », a expliqué de son côté à la radio Walter Milan, un porte-parole des secours alpins. Dans l’espoir qu’au moins certains disparus se soient retrouvés dans des poches d’air, les quelque 135 secouristes ont divisé la zone de recherches en « micro-zones qui sont analysées, recensées, sondées », a-t-il expliqué.
L’un des survivants, Giampiero Parate, 38 ans, hospitalisé à Pescara, sur la côte, était sorti chercher des médicaments dans sa voiture quand l’avalanche est survenue. Il a réussi à s’extraire mais n’a rien pu faire d’autre qu’attendre les secours dans sa voiture.
L’un de ses amis a raconté qu’il l’avait appelé à l’aide mercredi vers 17H40 (16H40 GMT). Il lui a aussi parlé jeudi matin: « Il était un peu confus mais il pleurait, désespéré, parce qu’il s’inquiétait pour ses enfants de 6 et 8 ans et pour sa femme ».
– Murs de neige –
Selon un responsable de la Protection civile, il y avait mercredi 22 clients, 8 membres du personnel et 4 autres personnes à l’hôtel Rigopiano, une élégante structure de trois étages avec piscine chauffée et sauna située près de Farindola, dans les Abruzzes.
Les images fournies par la police et les pompiers montrent désormais un bâtiment entièrement enseveli, et à l’intérieur la piscine gelée, quelques couloirs vides et apparemment intacts et d’autres bloqués par des murs de neige et de débris.
Farindola se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la région d’Amatrice, touchée mercredi par une série de fortes secousses sismiques, mais il était encore impossible de savoir si l’avalanche y était directement liée.
Mercredi, quatre secousses d’une magnitude allant de 5,2 à 5,7, fortement ressenties dans tout le centre de la péninsule, ainsi que des centaines de répliques, ont frappé la région d’Amatrice.
Cette nouvelle série a réveillé le traumatisme des séismes plus puissants d’août et d’octobre, au moment même où la zone est touchée par des chutes de neige historiques
– ‘Tenaille sans précédent’ –
« Nous sommes pris dans une sorte de tenaille sans précédent avec des chutes de neige comme on n’en avait plus vu depuis des décennies et avec les secousses sismiques d’hier » (mercredi), a déclaré le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni.
Une personne a été retrouvée morte sous les décombres d’un bâtiment à Castel Castagna, mais aucune autre victime n’a été signalée.
Des centaines de personnes dans des hameaux isolés restaient cependant coupées du monde et des dizaines de milliers de foyers privés d’électricité. Au total, près de 7.000 personnes, dont 3.000 militaires, sont mobilisées à travers la région.
Les deux urgences de front compliquent beaucoup les secours, la neige empêchant les gens de s’éloigner alors qu’en cas de secousses, la consigne est de sortir de chez soi.
A Montereale, près d’Amatrice, de nombreux habitants ont passé une nuit agitée sous une grande tente et alternaient entre fatalisme et désespoir.
« Je ne sais pas ce qu’on va faire, c’est peut-être le moment de partir. Tous ce que nous avons est ici, mais nous ne supporterons pas de nouveaux séismes », témoigne Tamara Ottaviani, une mère de famille de 41 ans.
© AFP Andreas SOLARO
Des secouristes militaires à Penne, dans le centre de l’Italie, le 19 janvier 2017