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Ivre, drogué et mécontent du ma’a de sa grand-mère, il met le feu à une bonbonne de gaz

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Un homme de 34 ans était jugé ce jeudi en correctionnelle, pour avoir intimidé sa grand-mère avec un couteau, vandalisé sa maison et menacé de l’incendier en mettant le feu à une bonbonne de gaz. Il n’avait pas supporté que son aïeule de 81 ans, chez qui il était hébergé après avoir été chassé de chez sa mère, ait appelé des cousins en renfort, suite à un premier accès de colère engendré par un menu du soir qui ne lui convenait pas. Provocateur et désinvolte à l’audience, il a écopé de 18 mois de prison, dont 3 ferme. 

Le 22 avril dernier, les mutoi sont appelés par une famille pour des hurlements dans une maison de Papeete. Sur place, ils découvrent une matahiapo terrorisée, non loin d’une bonbonne de gaz en feu et de son mootua de 34 ans, surexcité et vociférant toutes sortes d’insanités. Éric M., déjà connu de la justice pour avoir été condamné dès ses 13 ans pour vol aggravé, puis pour divers délits routiers liés à l’alcool, est alors contrôlé avec un taux d’alcoolémie de 1,15 g/l. Sa grand mère de 81 ans, qui l’hébergeait depuis plusieurs mois après qu’il ait été chassé par sa mère pour des faits de violences, lui reproche alors d’avoir frappé contre les murs, d’avoir dégradé certaines pièces de la maison, et de l’avoir menacée avec un couteau, outre le fait d’avoir embrasé la bouteille de gaz.

« Quand elle ne sera plus là, la maison sera à moi »

Convoqué devant une juge unique ce jeudi pour « violences sur un ascendant », cet employé de maintenance dans l’administration n’a pas donné beaucoup d’explications, si ce n’est qu’il avait agi sous la double influence de l’alcool et du paka. « Vous savez que ça ne fait pas du bien », lui fait remarquer la juge. « Tu as déjà fumé du paka ? », lui répond-il du tac au tac, d’un air désinvolte et provocateur qui ne l’a pas quitté de l’audience, dans une salle partagée entre la stupeur et l’hilarité. « Nous parlons de faits d’une gravité extrême », lui a rappelé la magistrate.

Hébergé par sa grand mère, Éric M. s’y considère chez lui. « Chez elle, c’est chez moi, quand elle ne sera plus là, ça sera à moi », affirme-t-il. Un d’état d’esprit qui fait de lui un véritable tyran pour la vieille dame. Quand bien même il est salarié, et qu’il ne paie pas de loyer, il n’hésite pas à lui demander de l’argent régulièrement. Et « quand il boit et il fume, il devient fou », dit-elle. Le soir des faits, le trentenaire parvient à obtenir un billet de 1 000 francs, revient quelques temps plus tard avec de la bière et se met subitement en colère en raison du menu concocté pour le dîner. Apeurée, la matahiapo appelle donc les cousins du quartier pour calmer les choses. Furieux, Éric M. veut « lui faire peur », et sort donc son couteau avant de mettre le feu à la bonbonne de gaz. Il faudra l’intervention des forces de l’ordre pour éviter l’incendie.

Déclarations farfelues

Régulièrement saoul et drogué, amateur d’ice et de LSD, l’homme vit désormais chez son père qui est « plus restrictif« . Il suit aussi des soins en addictologie, sans parvenir à stopper sa consommation de cannabis et d’alcool, « car c’est difficile ». Visiblement perturbé – il a notamment déclaré avoir dix femmes et avoir l’intuition qu’il allait prochainement avoir autant d’enfants – son avocat Me Fromaigeat a regretté l’absence d’expertise psychologique, tout en soulignant qu’il suivait les obligations de son contrôle judiciaire à la lettre. Invité à s’exprimer une dernière fois, le prévenu à réaffirmé qu’il avait agit sous l’emprise de l’alcool et du paka, n’ayant visiblement pas retenu les remarques précédentes de la juge, qui lui avait signifié qu’il s’agit de circonstances aggravantes. « Je l’aime, je suis prêt à porter le fardeau d’aller en prison », a-t-il lancé à propos de sa grand-mère, niant l’avoir menacée avec un couteau.

Plus sévère que les réquisitions du procureur, qui avait demandé 18 mois avec sursis probatoire, le tribunal l’a condamné à 18 mois de prison, dont 15 avec sursis probatoire de trois ans. Comme l’a demandé la grand-mère, il a également écopé d’une interdiction de paraître à son domicile, et devra suivre un parcours de soins. « Et si j’ai pitié pour ma grand mère (sic) je peux pas aller chez elle ? » a-t-il tenté au moment de se faire expliquer le verdict. « Interdit, pendant trois ans », a rétorqué la juge. Le mootua violent n’a alors pas pu retenir un long juron, écopant d’une énième remontrance avant de quitter la salle, tout sourire.