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J.-C. Bouissou : « bien sevré » de la politique, il publie son autobiographie

Jean-Christophe Bouissou, ancien vice-président et ministre du Logement et de l’Aménagement du gouvernement Fritch, publie un livre : « La Chrysalide : Comment je suis devenu ministre », premier tome de ses mémoires qui doivent en comporter trois. L’auteur était L’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi, pour parler de ces 300 pages couvrant la période de ses débuts en politique, de 1984 à 1998. Le deuxième tome est attendu pour l’année prochaine.

C’est la première fois qu’un homme politique polynésien écrit son autobiographie : Jean-Christophe Bouissou publie le premier tome de ses mémoires, La Chrysalide. Il y retrace ses premières années à Faa’a, ses études en France et aux États-Unis, et surtout ses premiers pas dans le « panier de crabes », comme il l’appelle lui-même, de la politique locale. Doit-on voir dans cette publication le testament politique d’un jeune retraité ? « Il ne faut jamais dire jamais, répond Jean-Christophe Bouissou, mais quand on arrête la politique on passe par une période de sevrage et je dois avouer que je me suis bien sevré depuis maintenant 6 mois. »

Le Port autonome en guise de grande école

Le jeune homme qui rentre à Tahiti en 1984 a déjà fait une croix sur son rêve de devenir rock star, tendance hard rock. Son père, lui, le rêvait notaire. Ils transigent, et Jean-Christophe Bouissou garde ses cheveux longs mais remise ses santiags et devient informaticien. Il est engagé au Port autonome alors dirigé par Alban Ellacott qui le charge de l’informatisation complète de la structure. « Je n’aurais pas pu faire cette carrière si je n’étais pas passé par le port autonome, je crois. Parce que c’est là où j’ai appris ce que c’est que la gestion, la comptabilité. Pouvoir lire un bilan entre le passif et l’actif, pouvoir calculer soi-même par exemple ce qu’est un fonds de roulement, repérer dans le bilan les lignes qui concernent la trésorerie, tout cela est absolument nécessaire lorsqu’on devient un homme politique. »

Au Port autonome, il fait connaissance avec le monde syndical et politique. Il évoque dans le livre les émeutes du 23 octobre 1987, que Oscar Temaru commémore chaque année, et relève le paradoxe d’un mouvement de grève appuyé par le Tavini mais dont une des revendications est l’exigence d’aller sur les sites du CEP.

Émile Vernaudon, parrain en politique et … « rocher de Sisyphe »

En 1991, alors qu’il est devenu directeur administratif adjoint du Port autonome sous la direction de Boris Léontieff, et que Gaston Flosse est revenu au pouvoir, on lui annonce qu’il va être débarqué et que l’ordre vient d’en haut. Lui qui n’a jamais voté se rappelle le conseil de son cousin Vito Maamaatuaiahutapu : « Si tu ne t’intéresses pas à la politique, c’est elle qui s’intéressera à toi ». Il s’engage alors dans le Ai’a api d’Émile Vernaudon, dont il deviendra le secrétaire général, et découvre le côté grisant de la popularité. En 1995, le Ai’a api désormais allié du Tahoeraa, il devient conseiller de Gaston Flosse pour les affaires maritimes. Mais Jean-Christophe Bouissou est déçu par Émile Vernaudon, « incapable de répondre calmement à la presse, incapable de développer des sujets techniques » mais favorisant « les discours pompeux ».

Adoubé par Gaston Flosse, « un homme fascinant »

En 1997, alors qu’il est retourné au Port autonome, Jean-Christophe Bouissou est convoqué par Gaston Flosse à l’un de ses célèbres petits déjeuners.  Et il lui propose de créer la Délégation au développement des communes puis d’en prendre la tête. C’est évidemment un outil politique pour amadouer les tavana, reconnaît-il.

Jean-Christophe Bouissou qui pourtant est entré en politique en réaction à Gaston Flosse, est fasciné par l’animal politique qu’est le leader du Tahoeraa. Il est séduit par la puissance de travail, l’attention au détail, la profonde connaissance de « tous les potins », et même par son goût en matière de peinture. « Gaston Flosse est un homme fascinant, d’une stature phénoménale », convient aujourd’hui Jean-Christophe Bouissou, qui précise que ces passages décrivent le jeune homme qu’il était alors, pas l’homme mûr qu’il est aujourd’hui.

C’est à la même époque qu’il entre en franc-maçonnerie, et il ne s’en cache pas : attiré par la méthode initiatique, il y consacre plusieurs pages, évoquant « la progression intellectuelle » qu’elle permet. La transparence est pour lui, dit-il, une façon de contrer ceux qui prétendent encore, 80 ans après les persécutions de la Seconde Guerre mondiale, « mettre à l’index » les francs-maçons.

En 1998, Gaston Flosse le convoque à nouveau et lui propose le ministère du Logement, de l’Urbanisme et de l’Aménagement. C’est ainsi que s’achève ce premier tome. Le second, sur les années 1998-2014, est presque terminé, dit-il, et « il y aura beaucoup plus d’intrigues politiques. » Sa parution est prévue au premier semestre 2024. Et il y en aura évidemment un troisième, de 2014 à 2023.

Ovnis et terroristes

Jean-Christophe Bouissou a gardé de sa jeunesse rock et de ses années en politique le goût du spectacle. La Chrysalide regorge aussi d’anecdotes piquantes : les petits jobs dans une décharge de la région parisienne ou dans un cabaret qui l’embauche comme pianiste, la rencontre à Paris en 1979 avec trois terroristes allemands recherchés, qu’il héberge chez son père, une scène de bagarre digne des  Blues Brothers dans un bar du Midwest où il joue avec son groupe, le sauvetage en mer d’un Émile Vernaudon en panne de jet ski, leur vision d’un ovni un soir sur la terrasse, la rencontre avec Jacques Chirac à Paris, ses conversations avec son ami Jean-Pascal Couraud, Simone Grand qui se vernit les ongles de pied dans son bureau de la présidence… Des respirations amusantes qui ponctuent ces 300 pages, où Jean-Christophe Bouissou donne à voir « de l’intérieur » et à la première personne un monde qui reste encore opaque pour beaucoup.

Le livre est disponible sur Amazon, en format broché ou électronique.

 

 

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