Le chef de file de Heuira – Les Verts, candidat dans la première circonscription, veut « remettre l’écologie au centre de la politique », que l’on parle d’éducation, de formation, d’agriculture, de développement économique ou d’organisation sociale. Mais pour cela, aucun doute, il faut « peser à l’assemblée », du côté de l’union de la gauche. Quant au Tavini, qui a l’appui officiel de la Nupes, Jacky Bryant dénonce sa position « incohérente » vis-à-vis des élections nationale.
Sauvetage du climat, de la biodiversité, lutte environnementale ou « défense de la nature »… « Chacun lui donne un nom » mais l’idée, pour Jacky Bryant est la même : faire en sorte que le développement de nos sociétés soit « soutenable » pour la planète et donc l’humanité. À entendre le chef de file de Heuira – Les Verts, candidat dans la très vaste première circonscription (Papeete, Pirae, Arue, Moorea, Tuamotu et Marquises), cet objectif ne peut être atteint qu’en mettant « l’écologie au centre de l’action politique ». Beaucoup d’autres élus, au fil du temps, ont donné une place de choix à cette thématique dans leurs discours et leur programme. Mais « tous les autres partis politiques ont toujours considéré l’écologie politique comme une simple rubrique » pointe le troisième adjoint au maire d’Arue. « Nous, nous martelons depuis le début que c’est central, insiste-t-il. C’est à partir de là qu’on construit la formation, on construit notre système éducatif, notre fonctionnement pour réduire la précarité énergétique, on construit la transition énergétique de nos véhicules avec l’hydrogène, on substitut l’énergie thermique des mers aux énergies fossiles… Il s’agit bien d’une démarche centrale ».
Le Tavini et ses « incohérences » de la présidentielle aux législatives
Un programme qui n’est pas neuf pour Heuira – Les Verts, qui constate que les actions écologiques associatives, éducatives, ou la participation de certaines figures de proue, comme Nicolas Hulot, à des alliances politiques ne suffisait pas à « faire revenir la société à des fondamentaux plus sains ». « Pour peser durablement » il faut « que notre action soit légitimée par le suffrage universel ». Les écologistes doivent donc être présent en nombre à l’assemblée, insiste Jacky Bryant. Son objectif : « pouvoir participer à une majorité écologiste suffisamment forte » qui semble « se construire à gauche ». Une référence à l’Union populaire, écologiste et sociale (Nupes), qui rassemble, autour de la France Insoumise, plusieurs partis comme le PS, le PC ou Europe-Écologie – Les Verts, avec qui Heuira a une convention de partenariat depuis longtemps. Ce sont pourtant les candidats Tavini dans les trois circonscriptions de Polynésie qui bénéficient du soutien officiel de la Nupes, notamment au travers du parti de Jean-Luc Mélenchon. Mais pour l’ancien ministre du gouvernement Temaru, le parti bleu ciel pêche par ses « incohérences » : à la présidentielle, les indépendantistes avaient appelé à ne pas participer « en disant que ça ne servait à rien d’aller voter vu la taille de notre pays ». « On est dans le déni, et le lendemain matin, on met sur l’autel du plus beau et du plus fort le même personnage que l’on n’a pas voulu soutenir ».
« Si on continue, on aura de plus en plus de gens en difficulté sociale »
Jacky Bryant, qui avait, lui, soutenu Yannick Jadot à la présidentielle, sait que la thématique écologique n’est pas encore au premier rang des priorités pour tous les Polynésiens. « La fin du mois c’est pour beaucoup de famille l’urgence de toutes les urgences », reconnait-il. Mais ce serait surtout parce qu’elles sont happées dans un système qui atteint ses limites : « nous sommes rentré dans la fin d’un monde, productiviste, de culte de la consommation ». Le « magasin d’à côté plutôt que le fa’a’apu », « le scooter pour aller chercher le pain », les poissons « de plus en plus juvéniles » qu’on vend en bord de route… Pour faire changer les choses, il faut sortir de « la construction que toutes les politiques économiques nous ont fait avalée ». Par exemple sur les mesures de soutiens à la consommation : « Chaque fois qu’on achète un produit PPN, quelqu’un a payé au-dessus pour vous, et quand on va gratter où ont est allé chercher ces taxes, ces impôts, c’est sur la même personne qui a consommé le même bol de riz, reprend le candidat. On est dans une logique de chien qui se mord la queue ». Aucun doute, c’est le système économique actuel, qui s’appuie avant tout sur l’importation, qui engendre l’exclusion : « Si on continue avec le même fonctionnement de développement, on aura plus de gens qui seront en difficulté sociale ».
Sur la question statutaire, Jacky Bryant rejette les « modifications de circonstances », comme la création d’une citoyenneté polynésienne. Et demande de mettre en place « la vision des accords Tahiti Nui », qui tendent vers la création d’un état associé à la France : « l’écologie a aussi une dimension démocratique ».