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Jacques Raynal : « Il faut que la population prenne en main sa santé »

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Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, était L’Invité de la rédaction ce mardi. Convaincu que le gouvernement a pris les meilleures décisions possibles depuis le début de la crise sanitaire, prudent sur une levée rapide des restrictions, il a également évoqué l’hôpital, le futur Institut du cancer, et l’effort de prévention qui va se renforcer, face aux dangers qui menacent les Polynésiens et que le Covid a mis en évidence.

Est-ce que la politique sanitaire choisie par le Pays a été la bonne pour faire face à la crise Covid ?  Jacques Raynal n’en doute pas, rappelant que la priorité avait été d’adapter les capacités de l’hôpital. Aujourd’hui, le variant Omicron montre une dangerosité moins forte que Delta, mais le ministre attribue aussi la moindre proportion de cas graves et la quasi absence de mortalité à une vaccination aujourd’hui très étendue, et à l’exposition au virus qui a permis à de nombreux Polynésiens de développer des anticorps.

À quel point les Polynésiens bénéficient-ils aujourd’hui d’une bonne immunité au Covid ? C’est l’une des conditions posées par Edouard Fritch pour relâcher les restrictions sanitaires. L’étude de séroprévalence de l’ILM le dira. Mais le ministre semble tout de même moins pressé que le chef du gouvernement.

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Quant aux critiques qui accusent le gouvernement de s’être fait dicter sa politique sanitaire par la métropole, « je dis que c’est toujours facile, quand on n’est pas aux affaires, de dire ce qu’il faut faire. Toutes les décisions qui ont été prises ont été poinçonnées au coin du bon sens et des moyens dont nous disposions à l’époque. » Des désaccords avec le président du Pays ? « Pas sur des points essentiels, répond le ministre. Nous avons bénéficié de la part du Pays d’une aide que je n’ai jamais connue jusqu’à présent, ça fait plus de 40 ans que je suis en Polynésie et je peux vous dire que c’est bien la première fois que je vois que la santé est devenue la grande, grande priorité. »

Pas de décès attribuable au vaccin anti-Covid

Fallait-il décréter une obligation vaccinale pour tous, au lieu de la circonscrire aux personnes en contact avec le public ? « Non, je ne pense pas. La grande majorité de la population a répondu à la vaccination, nous avons eu une bonne réponse malgré tous les faux messages qui ont pu circuler. » Parmi ces messages contestables, ceux qui prétendent que le vaccin lui-même a provoqué de nombreux décès. « Non, répond Jacques Raynal, pas en Polynésie tout du moins. Sur les 360 000 doses de vaccin administrées en Polynésie, il y a eu quelques effets secondaires nécessitant une hospitalisation de courte durée, de type difficultés respiratoires ou fièvre importante. C’est resté très, très limité.  Je n’ai pas eu connaissance de décès, contrairement à ce qui est colporté, ni de chocs allergiques. »

L’hôpital hors de danger, mais toujours malade de ses finances

Aujourd’hui, l’hôpital a retrouvé « une activité quasi normale » même si par précaution des lits de réanimation sont toujours armés en plus grand nombre qu’en temps normal. Il entend, dit-il, la mauvaise humeur manifestée la semaine dernière par les syndicats hospitaliers, notamment sur le paiement des heures supplémentaires, « sauf que la plus belle des mariées ne peut donner que ce qu’elle a. ».

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Jacques Raynal reconnaît que la crise sanitaire a certainement représenté des pertes de chances pour certains malades, dont le diagnostic a pu tarder, « mais c’est très difficile à évaluer. En tout cas, affirme-t-il, il n’y a pas eu de retards de prise en charge sur le plan de nécessités urgentes », grâce aux cliniques privées.

L’Institut du cancer : une ouverture dans « quatre à cinq ans »

L’Institut du cancer, une structure multidisciplinaire qui va rassembler en un seul lieu tous les acteurs de la lutte contre le cancer, a été créé l’an dernier, et une équipe d’une dizaine de personnes est à pied d’œuvre. Car de 2010 à 2020, dit Jacques Raynal, « on est passé de 3 997 diagnostics de cancer à  6 349, c’est-à-dire qu’on a doublé en dix ans le nombre de cancers détectés. » Mais le chemin à parcourir avant l’ouverture de cette structure reste encore long.

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Le ministre de la Santé a confirmé que le Pays va, comme la Ligue contre le cancer le demandait depuis quelque temps, financer le vaccin anti-HPV, le papillomavirus responsable des cancers du col de l’utérus, assez nombreux ici et souvent détectés trop tard.

La prévention renforcée

L’un des enseignements de la crise Covid, pour ceux qui en doutaient encore, a été qu’il est urgent d’aider la population à améliorer son état de santé. Le Fonds de prévention, alimenté par les taxes « comportementales » va permettre à la Direction de la santé de renforcer son action sur le terrain. Notamment sur les risques des comorbidités : « le fait d’être obèse augmente le risque de cancer. On va faire des actions de dépistage et d’orientation alimentaire sur les enfants et sur les adultes, dans les écoles, dans les entreprises. Il faut que la population prenne en main sa santé. »