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« Jacques Raynal n’a plus rien à voir avec le groupe MedEx »

Hervé Vergeaud et sa femme Cléo Mourareau, devant une valise de télémédecine, qui doit améliorer la prise en charge médicale dans les îles éloignées. « L’arme du crime ! » ironise l’infirmier. ©C.R.

La DSP a perquisitionné ce matin les bureaux et le domicile de Jacques Raynal mais aussi ceux des dirigeants de MedEx Polynésie, groupe médical privé que le ministre de la Santé a contribué à créer. Hervé Vergeaud et Cléo Mourareau, les gérants actuels, assument leurs relations amicales avec leur ancien associé, et leur activité « pour et avec » le Pays, notamment dans le développement médical des archipels. Tous assurent n’avoir « rien à cacher », dans cette affaire aux contours encore flous.

Quelles relations entretiennent le ministère de la Santé et MedEx Polynésie ? C’est visiblement la question que se posent les enquêteurs de la DSP qui ont procédé ce matin aux perquisitions. Ni audition, ni garde à vue : les autorités, qui pourraient notamment soupçonner une « prise illégale d’intérêts », ont seulement informé les protagonistes qu’ils seraient entendus dans les semaines à venir. « Je suppose qu’on m’en dira plus, à ce moment là, sur le pourquoi de cette procédure », commente Jacques Raynal, qui affiche sa sérénité.

Ça n’est pas la première fois que des questions sont posées sur le lien entre le ministre et ce petit groupe de sociétés, spécialisé dans la « médecine de l’extrême ». Et pour cause : le Dr Raynal faisait partie, en 2014, des fondateurs de Fenua Medex, société spécialisée dans la médicalisation des îles éloignées. Tetiaroa avait alors servi de « projet pilote », avec la bénédiction des autorités de l’époque. Et le projet avait continué à se développer, autour de la télémédecine, mais pas seulement. Deux sociétés sœurs, Moana MedEx, spécialisée sur médicalisation de navires, et Rima Medex, qui fournit des prestations de transport et d’assistance sanitaire, avaient été lancées dès 2015. Début 2017, Jacques Raynal cède « toutes ses participations » dans ces sociétés pour rejoindre l’équipe d’Édouard Fritch. « C’est la première chose que j’ai faite quand le président m’a demandé de venir au gouvernement », répète aujourd’hui le ministre de la Santé.

Un groupe de « passionnés » qui s’est beaucoup développé

C’est que confirme avec force Hervé Vergeaud, confondateur de Fenua MedEx et gérant de certaines sociétés du groupe. Pas question de le nier : avec le ministre de la Santé il entretient « une amitié de longue date que rien n’altérera ». Mais Jacques Raynal n’a « plus rien à voir avec MedEx Polynésie ». Aux côtés de sa compagne, Cléo Mourareau, elle-même gérante de la société mère, l’infirmier, longtemps au service de la direction de la Santé, tient à défendre une activité « qui apporte des solutions à des problèmes réels« . Après le départ de Jacques Raynal, les sociétés, réorganisées en groupe, ont développé de nouvelles activités de prestations médicales, mais continué à travailler avec le secteur public.

En mars 2018 était par exemple ouverte, avec l’aval du conseil des ministres, la Maison médicale de garde, destinée à décharger les urgences du CHPF des petites interventions les plus bégnines. Un établissement géré par Taote Medex, une nouvelle filiale, et qui avait provoqué une levée de boucliers – et un recours administratif, ensuite abandonné – de la part des cliniques privées.  Plus récemment, c’est la société Fenua MedEx qui a déployé, courant mai, deux valises de télémédecine aux Marquises en tant que représentant local du concepteur Parsys. Le ministère la Santé avait alors salué cet essai « concluant », qui ouvre la voie au déploiement d’autres équipements comparables dans les archipels éloignées. « On reprocherait au ministre d’avoir continué à soutenir la télémédecine ? s’interroge Hervé Vergeaud. Ça n’a pas de sens« . Jacques Raynal « poursuit sur le plan politique une idée qu’il a d’abord développée dans le privé », note-t-il. « Et il se trouve que c’est une idée d’avenir ».

Une procédure pour « atteindre le ministre » ?

MedEx fournit aussi des prestations ponctuelles pour la direction de la Santé, en puisant dans un vivier de quinze à vingt infirmiers patentés et une dizaine de médecins. Cela a été particulièrement le cas pendant la crise du Covid-19 : le groupe a ainsi fournit le personnel nécessaire à l’animation d’une plateforme d’appel de la cellule de crise sanitaire, aux prises de températures à l’aéroport, ou encore a effectué des suivis de quarantaines… « Parce qu’il y avait besoin d’équipes rapidement et que personne d’autre ne voulait le faire », insiste Hervé Vergeaud, qui a lui-même mené certaines enquêtes sanitaires autour des premiers cas Covid-19 dans les îles. L’infirmier et chef d’entreprise insiste sur le fait que « l’essentiel » de l’activité du groupe provient tout de même du secteur privé.

De sources judiciaires, l’enquête préliminaire en cours aurait quoiqu’il arrive été lancée concernant des faits antérieure à la crise du Covid. La justice s’intéresse-t-elle aux conditions d’octroi de certains contrats par la direction à MedEx ? « Possible. On fait tout pour faire les choses dans le respect de la loi, mais on doit souvent intervenir en urgence », explique Hervé Vergeaud, qui regrette que les bénéfices sanitaires de l’activité de MedEx ne soient pas mis autant en lumière que ce début de procédure judiciaire. « On a l’impression d’être le ballon de foot dans une partie qui ne nous regarde pas », explique-t-il, n’excluant pas que les « plaintes ou dénonciations » à l’origine de la procédure cherchent à atteindre le ministre de la Santé. Jacques Raynal, toujours « accusé de rien », préfère, lui, « ne pas se perdre en conjectures ».

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