Sofia Belabbes, Ayoub Marceau, Nash, Farid Chamekh, Kino, PV… La troupe du Jamel Comedy Club débarque la semaine prochaine pour deux soirées de punchlines affûtées, de vannes osées et d’échanges improvisés au motu de l’InterContinental Tahiti. Un rendez-vous attendu avec ces nouveaux talents du rire. Au sein de la « troupe de référence » du stand-up français, qui a vu passer toutes les « grosses têtes » du milieu, ils sont bien décidés à faire connaitre leur style, leur histoire et leurs idées. Rencontre avec deux d’entre eux, la très conviviale Sofia Belabbes et le déconcertant Ayoub Marceau.
Ils ont « hâte » d’arriver pour « tout déménager ». Sofia Belabbes et Ayoub Marceau font partie des six humoristes qui seront mercredi et jeudi prochains sur la scène du motu de l’InterContinental de Tahiti. Deux soirées de vannes affûtées, de délires décapants et autres échanges improvisés, mais surtout deux soirées de découvertes de ces nouveaux talents du rire. Lancé en 2006 par Jamel Debbouze, le Jamel Comedy Club, sa salle parisienne, son émission de télé et ses nombreuses tournées sont devenus « la référence du stand-up » francophone. Une discipline que la troupe en perpétuelle évolution a aidé à faire reconnaitre, à installer sur scène et à professionnaliser. « Tu vas n’importe où, il y a des gens qui vont te dire : le stand-up ? Je connais pas, explique Sofia Belabbes, une des nouvelles pépites du collectif. Mais tu dis Jamel Comedy Club, ils saisissent tout de suite… et ils adorent. »
Chacun son histoire, chacun son style
Son « truc » à elle : la proximité avec les spectateurs. « Je veux que le public, quand il sort du spectacle, il se dise :j’ai l’impression que c’est ma pote depuis 20 ans ». Il n’y a pas de barrière, on parle comme si on se connaissait depuis toujours, on est chill, assure l’humoriste, qui s’est aussi fait un nom en solo sur YouTube et dans les festivals. Perso, je fais pas de l’humour engagé, de politique, ça veut pas dire qu’il y a pas de fil dans ce que je dis, mais j’aime bien quand c’est simple, quand on parle des choses du quotidien, des galères de vie, des anecdotes de potes, on parle du dentiste, des mamans, du sport… On parle de tout en fait. »
Pas de style imposé au sein de la troupe, c’est même le contraire. Nash, derrière son sourire bien fixé et son passé – assumé, et souvent raillé – dans la comptabilité, n’hésite pas à « clasher » le public, et attaque fréquemment, dans ses sketchs et impros, le physique ou en-dessous de la ceinture. Farid Chamekh, qui aurait pu être danseur, fonctionnaire ou intervenant hospitalier s’il n’avait pas choisi de nous faire marrer, joue parfois au mec paumé sur les planches – peut-être y’a-t-il un peu de vrai ? PV et Kino, chacun dans leur genre, échangent, interrogent, et taquinent constamment un public qu’ils finissent invariablement par embarquer tout au bout de leurs délires – qui vont souvent loin. Chacun ses codes, chacun ses techniques, chacun ses vannes… Tous ont joué des coudes dans la très dynamique scène du stand-up français pour se trouver derrière le rideau du « JCC ».
Seul face au public, tous ensemble en coulisses
Car Ayoub Marceau, rentré dans la troupe après avoir écumé les scènes parisiennes, le confirme : « Le Jamel Comedy Club, c’est l’endroit où tu veux être, l’endroit mythique où toutes les grosses têtes ont commencé ». L’ancien athlète de haut niveau, qui était trop attiré par le micro pour briller à la perche, impressionne sur les planches par son « engagement sur les mots », son débit déconcertant et ses punchlines qui détonnent. S’il n’y a « pas d’école » dans le stand-up – « le seul conseil c’est pratiquer, pratiquer, jouer devant 10 personnes s’il le faut, mais pratiquer » – certaines rencontres apprennent plus que d’autres. Et pour beaucoup dans la troupe, la carrière et la personnalité de Jamel Debbouze a été le déclic. « Tout ce qu’il a fait, même malgré lui, ça nous a tous ouvert des portes, reprend Ayoub Marceau. Aujourd’hui, quand tu fais partie de la troupe, ça te donne un statut, il y a une identité. Pour nous tous, ça représente peut être pas une fin en soi, mais d’y rentrer c’est une étape importante, qui apporte énormément dans une carrière. »
Mais le « JCC » n’est pas qu’une carte de visite ou une ligne sur un CV. C’est avant tout un esprit, une ambiance. « Quand t’es sur scène, t’es seul face au public, seul à défendre ton humour, rappelle Sofia Belabbes. Mais derrière, on se parle, on s’aide, on se dit , le public est comme ça, essaie ça… C’est une vraie troupe, on se propose même des vannes entre nous. » Parfois, autour d’un verre, un des standuppers pose les bases d’une bonne histoire, « et celui qui trouve la meilleure chute repart avec, la teste le soir même ».
Au stand-up, « on n’est pas coupé au montage »
Un peu de compèt’, pour le plaisir, mais de l’entraide permanente, pour des spectacles résolument « humains ». « Dans le stand-up, on n’est pas coupé au montage, c’est vraiment du réel, c’est le seul moment, le seul endroit aujourd’hui, où on vit un moment vrai, où on est pas sur son téléphone, où les gens sont venus entendre quelqu’un qui leur parle de vive-voix, c’est ça le charme du stand-up aujourd’hui ».
Même dans le circuit des scènes de « Panam’ « , quand les nouveaux croisent les « anciens », qui ont souvent tracé leur voie dans les médias, la scène ou le cinéma, on s’échange des conseils et des encouragements. Thomas Ngijol, Fabrice Eboué, Djimo, le Comte de Bouderbala, Malik Bentalha, Claudia Tagbo, ou Blanche Gardin… « C’est un petit milieu, tout le monde se fréquente, tout le monde se parle », confirme Ayoub Marceau. Le but commun : offrir des soirées qui resteront gravées dans la mémoire des spectateurs et probablement dans leurs zygomatiques. Dans la troupe du JCC, donc, on a « hâte », donc, d’exporter cet esprit sur la scène de Tahiti. « C’est une population dont on entend que du bien, note Ayoub. On me dit que les gens de Polynésie sont bons vivants, qui aiment rigoler… Ça tombe bien ! »
La troupe du Jamel Comedy Club, présentée par SA Productions le mercredi 20 et le jeudi 21 septembre 2023 à 19 heures sur le Motu de l’hôtel InterContinental Tahiti Resort. Les places sont disponibles sur www.ticketpacific.pf, dans les magasins Carrefour et à l’accueil de Radio 1 et Tiare FM à Fare Ute.