Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi, James Heaux refait son entrée en politique, en candidat du Te Nati-Rassemblement national, sur la première circonscription où il fera face à Tematai Le Gayic, Moerani Frébault et Jacky Bryant. Il justifie son itinérance électorale depuis 2018 par des déceptions successives sur le plan des valeurs, mais aussi par des raisons financières. Et il est déjà en désaccord avec le RN sur la privatisation de son employeur, France Télévisions.
James Heaux choisit les problématiques de santé lorsqu’on lui demande quelles serait son dossier prioritaire s’il est élu ? « Le remboursement des maladies radio-induites, dit-il, qui traîne depuis 2010 et le décret d’application de la loi Morin pour l’indemnisation des victimes des essais nucléaires. Certains Polynésiens sont toujours meurtris et les dossiers, on le sait depuis le début, c’est compliqué de prouver qu’effectivement cette maladie qu’ils ont eu découle des essais nucléaires ». Il veut aussi faire avancer les arbitrages entre l’État et la CPS pour le remboursement des frais engagés par la Caisse au titre de ces maladies : « Selon un rapport (de la CPS, ndr), les frais s’élèveraient à 85 milliards. Et ce qui a été acté par l’État, on est plutôt sur 3,5 milliards, voire 4 milliards, je pense qu’il y a du travail à faire. » Autre dossier, celui de la convention santé État-Pays pour « le retour de l’État au financement de notre PSG à hauteur de 3,5 milliards. »
Candidat du RN après avoir été au Tahoeraa, au Tavini, et frappé à la porte de l’alliance autonomiste
James Heaux est-il une girouette ? Il est rentré en politique avec le Tahoeraa, accédant à l’assemblée de la Polynésie française en 2018, puis exclu du parti orange en 2020 par Gaston Flosse « parce que mon nom figurait sur la liste d’union communale de Minarii Galenon, parce qu’il y a eu une tentative de rapprochement pour une liste unique à l’époque, ça a capoté au dernier moment. À cette époque-là, je n’avais pas été retenu pour être sur la liste du Amuitahiraa pour les élections communales, donc j’ai été exclu. » À l’issue de la guerre entre Gaston Flosse et la présidente de groupe Teura Iriti, guerre qui avait abouti à la disparition du Tahoeraa à l’assemblée, il avait rejoint en juin 2022 les bancs du Tavini à Tarahoi.
Quelle cohérence, donc, quand on adhère au maintien dans la République, puis qu’on siège avec un parti indépendantiste avant de refaire le chemin en sens inverse ? « En 2018, j’ai défendu un programme, répond James Heaux. Il y avait un programme résolument tourné vers le social, vers la vie chère. C’est ça que j’ai défendu d’abord avant l’autonomie, parce qu’à l’époque, les Polynésiens, c’est ce qu’ils demandaient. C’est vrai que j’ai fait le choix d’aller au Tavini à l’assemblée parce que j’avais quel autre choix ? Être non inscrit, c’est-à-dire plus de temps de parole, plus de dotation que perçoivent les groupes. C’était compliqué. Avec le Tavini, moi, j’ai cru aux valeurs qu’ils portaient, c’est-à-dire la vérité, la probité, le respect. Or, je me rends compte un an après que ce n’est pas le cas. »
« Aujourd’hui on se rend compte que ces valeurs ne tiennent plus, ajoute-t-il, c’est une fumisterie. Regardez, les deux élus les plus performants, c’était Éliane Tevahitua et moi-même. Où sommes-nous aujourd’hui ? Écartés, évincés. Pareil pour Hinamoeura Cross qui tente de faire en sorte qu’il n’y ait plus de cumul des mandats, elle est insultée, humiliée, piétinée sur la place publique. »
Mais la crise sanitaire passée et la TVA sociale abrogée – il avait voté contre ces deux mesures – ses réserves contre le Tapura ont apparemment perdu de leur force, puisqu’il a « proposé de participer en tant que suppléant » à l’alliance autonomiste, qui a décliné l’offre. James Heaux assure qu’il avait envisagé de partir seul en campagne, pour dépasser le clivage autonomistes/indépendantistes. « Mais il fallait des moyens financiers, des moyens humains, une grosse machine politique que je n’avais pas. Donc j’avais renoncé jusqu’à ce coup de fil d’Éric Minardi samedi soir », dit James Heaux.
La privatisation annoncée de son employeur ?
James Heaux n’est déjà pas d’accord avec l’un des points clés du programme du RN : il est journaliste à France Télévisions, que le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella veut privatiser. S’il est élu – même s’il reste très mesuré sur ses chances d’accéder au second tour du 6 juin – il serait placé d’office en disponibilité. Mais il espère dans ce cas pouvoir contrer le projet ou le rendre « moins brutal ».
L’intervention de James Heaux débute à 19’05’’