AFPINTERNATIONAL

Japon : après les séismes, une bataille contre les glissements de terrain

Minami-Aso (Japon) (AFP) – Les secouristes étaient engagés dimanche dans une course contre la montre face aux risques de nouveaux glissements de terrain après une série de séismes dans le sud-ouest du Japon, qui va recevoir l’aide de l’aviation américaine.

Le premier tremblement de terre survenu jeudi soir et le second, plus fort, qui avait frappé dans la nuit de vendredi à samedi, ont fait 42 morts, selon l’agence Jiji Press, et plusieurs personnes restaient portées disparues, avec la crainte qu’elles n’aient été enterrées vivantes sous les maisons qui se sont effondrées ou les éboulements. 

Près de 1.000 personnes ont en outre été blessées, dont 184 grièvement.

Dans la belle région montagneuse de Minami-Aso, où des torrents de boue ont tout emporté sur leur passage, des dizaines de sauveteurs munis de pelles fouillaient les décombres, sous le soleil revenu après d’abondantes pluies qui font redouter d’autres drames.

« J’ai entendu un grondement juste après le séisme, puis quelques minutes plus tard de l’eau a envahi la maison », a raconté Yoko Heta, 38 ans. Son voisin est mort dans le drame avec son chien, tandis que sa femme demeurait introuvable.  

– Renforts américains –

Dans la ville voisine de Mashiki, très peu des maisons traditionnelles en bois aux élégants toits de tuiles sont restées intactes. Les survivants tentaient dimanche de s’organiser.

« Je dors dans une voiture et, dans la journée, je reste sous cette tente », confie Seiya Takamori, un plombier de 52 ans, montrant son abri en bâches de plastique bleu. « Dans la région, nous savions tous qu’une faille active se trouvait sous la ville mais personne ne s’en inquiétait vraiment ».

Masanori Masuda, 59 ans, qui a également bâti un logement de fortune, explique que beaucoup de maisons restées dans un état correct après le premier tremblement de terre ont reçu le coup de grâce avec le second.

Au total, plus de 110.000 personnes ont été évacuées, selon Jiji Press, dont 300 d’une zone proche d’un barrage qui menaçait de rompre. 

« Je suis tellement heureux que nous soyons en vie. C’est tout ce qui compte », lâche Kenji Shiroshita, 48 ans, tout en faisant la queue pour recevoir un peu d’eau et de riz. « Je ne m’attendais pas au second séisme, j’ai été complètement pris au dépourvu ».

Les deux très fortes secousses ont déclenché de gigantesques glissements de terrain qui ont englouti des habitations, des routes et des voies de chemin de fer et même réduit à un tas de décombres des bâtiments modernes.

Des images aériennes montraient le pont sur un grand axe routier tombé sur une chaussée en contrebas, ses piliers littéralement fauchés.

Le gouvernement a envoyé 25.000 soldats, pompiers, médecins et autres sauveteurs dans les régions affectées.

L’armée américaine a par ailleurs annoncé, dans un communiqué, « préparer un soutien aérien », en vertu de « l’alliance de longue date qui unit le Japon et les Etats-Unis ».

Le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani a précisé que les forces américaines commenceraient lundi leurs opérations de largage d’aide humanitaire dans les zones touchées par la catastrophe.

Près de 50.000 soldats américains sont basés au Japon.

– 400 répliques –

Plus de 400 répliques ont secoué ces derniers jours Kumamoto et d’autres points du centre de l’île de Kyushu, une région peu habituée aux tremblements de terre très fréquents dans d’autres parties de l’archipel nippon.

« Lorsque j’ai vu les images du désastre de Tohoku (le séisme de magnitude 9 en 2011 et le tsunami consécutif ayant provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima, dans le nord-est du Japon), j’avais l’impression de voir un film. Il faut vraiment le vivre pour se rendre compte à quel point il est terrifiant de se trouver dans un séisme », avoue M. Takamori.

Quelque 63.000 foyers étaient toujours privés d’électricité dimanche après-midi, selon la compagnie Kyushu Electric Power.

Aucune anomalie n’a été relevée dans la centrale nucléaire de Sendai (préfecture de Kagoshima) où se trouvent les deux seuls réacteurs du Japon en service, ni dans celles de Genkai et d’Ehime, également secouées, ont assuré les opérateurs.

Alors que plusieurs usines de la région étaient déjà à l’arrêt depuis vendredi (Honda, Sony), le géant automobile Toyota a annoncé dimanche la suspension par étapes d’une grande partie de la production de véhicules dans le pays à partir de lundi, « en raison d’une pénurie de pièces ».

Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l’archipel subit chaque année plus de 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre. Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis la catastrophe de mars 2011, qui avait fait quelque 18.500 morts.

Des soldats cherchent parmi les décombres des survivants à Minami-Aso, le 17 avril 2016  après la série de séismes . © AFP

© JIJI PRESS/AFP JIJI PRESSDes soldats cherchent parmi les décombres des survivants à Minami-Aso, le 17 avril 2016 après la série de séismes

Article précedent

Les droits de l'Homme s'immiscent dans la visite du président français en Egypte

Article suivant

Pas d'accord entre producteurs de pétrole sur un gel de la production

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Japon : après les séismes, une bataille contre les glissements de terrain