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« Je suis quasiment sûr d’être réélu », dit Éric Minardi

Éric Minardi, eurodéputé sortant et candidat du Rassemblement national aux élections européennes, était l’invité de la rédaction de Radio1. Certain que son parti va augmenter le nombre de ses sièges à Bruxelles et, en 2027, à l’Assemblée nationale, le 41e candidat sur la liste de Jordan Bardella se dit assuré de retourner à Strasbourg dans trois ans. Sa proposition la plus marquante pour la Polynésie : le financement par l’UE d’une route traversière sur pylônes entre Faa’a et Taravao.

Avec Moerani Frébault, candidat sur la liste Renaissance, il est le seul candidat de Polynésie aux élections européennes. Éric Minardi, 41e de la liste Rassemblement national, est toutefois confiant qu’il retrouvera un siège au Parlement européen par le même mécanisme qui l’y avait conduit en 2022, lorsque l’accession de certains de collègues à l’Assemblée nationale les avait obligés à quitter Strasbourg.

« Je suis quasiment sûr d’être réélu dans les trois ans qui viennent », déclare-t-il d’abord, avant d’affirmer « de toute façon, dans les trois ans je serai réélu. Les députés, je crois qu’on va faire un très gros score », tablant sur une progression constante de son parti au niveau national aux prochaines élections législatives en 2027. Avec 32% des intentions de vote au niveau national, alors que la liste Renaissance plafonne à 15,5% et la liste socialiste à 13,5%, de fait le RN devrait sortir renforcé au Parlement européen. Selon le calcul d’Éric Minardi, 1% des votes égale 1 député, et son parti espère avoir une trentaine de représentants contre 23 en 2019 (depuis, 5 élus ont quitté le groupe).

Les élus RN ont l’intention de rester dans l’alliance Identité et Démocratie qui rassemble l’extrême-droite européenne et représentait jusqu’ici 7% des eurodéputés. Éric Minardi aligne les chiffres pour convaincre qu’il a beaucoup travaillé, il n’en reste pas moins que l’alliance dont il fait partie est, parmi les 7 groupes du Parlement européen, celle qui a produit le moins de rapports. Il préempte la critique : « Je voudrais dire à tous ceux qui nous traitent de fascistes, de racistes et autres, que (…) c’est le résultat de 40 ans de gabegie en Europe et particulièrement en France qui font qu’aujourd’hui, les gens vont vers le Rassemblement national. » Et lorsqu’on évoque les scandales tel que celui des emplois fictifs au Parlement européen, il rétorque « pratiquement tous les autres partis, ils ont été poursuivis aussi. »

Réformer l’Europe « en profondeur » et faire cesser « les diktats » de la Commission européenne

Sur le fond, le Rassemblement national qui prônait le Frexit et la sortie de la zone euro en 2017 a changé d’avis. « Quand vous arrivez à 3 200 milliards de dettes en métropole, ça nous sera difficile de quitter l’Union européenne. Mais nous voulons la réformer en profondeur, faire une Europe des nations. » C’est-à-dire une Europe « qui essaye d’éviter de se faire la guerre, déjà » et où les « diktats de Bruxelles ne doivent pas s’imposer au Français », dit-il en citant la politique agricole commune que le RN récuse, comme toute idée de fédéralisme.

Concernant la Polynésie, pour étoffer les propositions de son parti qui n’en consacre que deux aux outre-mer, dont une « agence européenne de la mer », Éric Minardi a huit propositions de projets qui pourraient être financés par l’UE, plutôt consensuelles, souvent déjà vues dans d’autres programmes lors d’autres élections, et certaines déjà mises en œuvre, comme des stations d’épuration et de potabilisation de l’eau ou des études contre la montée des eaux. Le reste : transition écologique avec Swac et champs solaires, développement de l’agriculture et de l’élevage, navires de fret à voile et « université de la mer » – là encore, tous les candidats aux territoriales, par exemple, en parlaient.

Le gros morceau, c’est la proposition de route traversière « sur pylônes »  entre Faa’a et Taravao, pour « libérer des terrains justement, pour l’élevage et l’agriculture » ainsi que pour le logement. Et il affirme que l’ambition de Moerani Frébault, qui veut porter les financements européens de 3,7 milliards à 5,5 milliards sur la mandature, est en-deçà des possibilités ouvertes à la Polynésie, si seulement le Pays voulait bien travailler avec lui.