Les ténors de FN réclament des sanctions à l’égard de leur président d’honneur. Mais ce ne sera pas si facile.
L’INFO. « La rupture politique avec Jean-Marie Le Pen est désormais totale et définitive. Sous l’impulsion de Marine Le Pen, des décisions seront prises rapidement ». Florian Philippot, vice-président du FN, résume en deux phrases la position des cadres du mouvement après les propos polémiques tenus par le fondateur du FN dans Rivarol. « Des décisions seront prises », d’accord, mais lesquelles ? Europe 1 vous explique les différentes options.
• L’exclure du FN ?
Pour Robert Ménard, le maire de Béziers soutenu par le Front national, ce psychodrame est « peut-être l’occasion historique de mettre Jean-Marie Le Pen hors des rangs du FN ». Steeve Briois, membre du bureau politique du parti, verrait lui aussi une certaine logique à l’exclusion du président d’honneur du FN car « on ne peut pas sanctionner un militant de base parce qu’il compare Taubira à un singe et laisser tout faire à Jean-Marie Le Pen sous prétexte qu’il a fondé le Front national. » Et dans les faits, on fait comment ?
Selon l’article 8 des statuts du Front national, la présidente du mouvement a la possibilité d’exclure un membre pour « motif grave ». Si les textes ne précisent en rien ce que peut-être un « motif grave », certains militants ont été exclus pour des propos comparables à ceux prononcés par Jean-Marie Le Pen. La commission de conciliation et des conflits, l’organe disciplinaire du parti, se réunira pour traiter des dossiers similaires, fin avril. Le « cas Jean-Marie Le Pen » en fera-t-il partie ? Seule Marine Le Pen a la réponse.
Une telle décision ne serait pas sans risque, politique mais aussi judiciaire. Le député Gilbert Collard, avocat de profession, regrette ainsi « le flou » des statuts, et estime possible de « se retrouver devant le juge des référés, avec une condamnation et alors le remède sera pire que le mal. » Le jeu en vaut-il la chandelle ?
• Lui retirer son poste de président d’honneur
« Son statut de président d’honneur ne l’autorise pas à prendre le FN en otage ». Marine Le Pen l’a rappelé : Jean-Marie Le Pen n’est pas n’importe qui dans la galaxie frontiste. Quand il a laissé la main à sa fille, en 2011, « le Vieux » a pris le soin de rajouter dans les statuts un petit alinéa qui prétend tout son sens aujourd’hui :
Pour lui retirer cette fonction honorifique, le FN n’a pas 36 solutions : il lui faut réviser ses statuts. Or, pour ce faire, l’article 27 de ces mêmes statuts exige la réunion d’un congrès extraordinaire. Compliqué. « Retirer sa présidence d’honneur ? Je ne pense pas que ça soit possible », confirme un cadre frontiste. Invité mercredi soir d’Europe 1, Louis Aliot, vice-président du FN, a reconnu que « le président d’honneur pose un problème statutaire, car il ne peut être défait que par celui qui l’a fait, c’est-à-dire un congrès. Après, c’est la responsabilité et la conscience de chacun… »
• Lui barrer la route politiquement
A 87 ans, Jean-Marie Le Pen se sent encore capable de mener une campagne électorale. Son objectif : la tête de liste en PACA lors des régionales de décembre prochain. « J’ai fait, aux dernières élections européennes, il y a moins d’un an, plus de 33% des voix dans la région Paca. Je suis donc légitime », a-t-il affirmé dans ce même entretien polémique à Rivarol. Marine Le Pen, elle, n’a jamais caché qu’elle aurait préféré la candidature de sa nièce Marion Maréchal – Le Pen. Les dérapages de son père lui ouvrent donc une fenêtre de tir.
« Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique. Compte-tenu de cette situation, j’ai informé Jean-Marie Le Pen que je m’opposerai, lors du bureau politique du 17 avril prochain qui doit investir les têtes de listes pour les élections régionales, à sa candidature en Paca », a écrit Marine Le Pen dans un communiqué cinglant.
Jean-Marie Le Pen sera vraisemblablement présent à cette réunion. Et il devrait défendre chèrement sa peau, lui qui sait compter encore des soutiens parmi les membres de la direction appelés à voter. Reste une question : s’il n’est pas investi par le FN, pourrait-il se présenter en dissidence ? Il en a en tout cas les moyens financiers et la détermination.
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Source : Europe1