Paris (AFP) – Des silhouettes d’adolescents, de la décontraction et des logos à gogo: quelques tendances marquantes de la Fashion week homme automne hiver 2017-2018 à Paris, qui s’est achevée dimanche après cinq jours de défilés automne-hiver.
– Culte de la jeunesse –
L’heure est à la dégaine d’adolescent. Le pull ample en maille aux manches interminables dans lesquelles l’ado complexé dissimule ses mains, vu notamment chez Raf Simons dans le passé, gagne du terrain. Chez Dries Van Noten, il se porte version jacquard avec un jean déchiré à revers et des boots, ou à motifs peau de vache avec une pantalon noir étroit. Chez Etudes, les manches des gilets en grosse maille descendent jusqu’au genou. Du côté du label américain Off-White, les jeunes se lovent dans d’immenses pulls en mohair.
Au défilé du japonais Facetasm, les mannequins portent des marques roses sur les joues qui évoquent une acné juvénile. Dior va chercher l’inspiration du côté des « candy boys », ces jeunes fêtards qui refusent de grandir, avec des accessoires en forme de nounours accrochés à la ceinture.
A Milan, Dolce&Gabbana avait dédié son show à la génération connectée des « millenials », nés dans les années 1990 et 2000.
– Le show du logo –
Le logo, symbole de l’ostentation des années 1980, fait un retour remarqué. Parfois sous forme de clin d’œil, comme au défilé Balenciaga, deux jours avant l’investiture de Donald Trump, où un logo « Balenciaga 2017 » évoquait celui de la campagne de Bernie Sanders, rival malheureux d’Hillary Clinton à la primaire démocrate. Le directeur artistique, Demna Gvasalia, avait aussi carrément imprimé sur un sweat shirt un logo « Kering », groupe auquel appartient la griffe.
Dior version techno hardcore devient « HARDIOR », tandis que dans la collection Louis Vuitton, un double logo règne en maître: le monogramme LV se mêle au logo Supreme, marque streetwear new-yorkaise avec laquelle la griffe française signe une collaboration.
Des associations de marques qui tendent à se développer, comme l’illustrent les collaborations de The North Face avec les marques japonaises Junya Watanabe et Sacai. La référence étant la collection de l’iconoclaste label Vetements présentée en juillet dernier à Paris, réalisée uniquement sur la base de collaborations avec 17 marques, luxueuses ou streetwear.
– La mode parle –
Les slogans ne sont pas en reste, politiques parfois: chez Etudes, la main « Touche pas à mon pote » de SOS Racisme se retrouve en grand format sur un bomber. Un plus nihiliste et adolescent « Never Mind » s’imprime sur un pull à manches raglan noir et blanc.
« Visual pollution », « communism never happened », « massacre » sont quelques-uns des slogans choc de la marque chinoise Sankuanz, qui a frappé fort pour son premier défilé dans le programme officiel avec une collection apocalyptique comportant uniformes militaires et tenues de protection contre les risques chimiques.
Chez Agnès b, un mannequin a brandi une écharpe « SOS Méditerranée », ONG portant secours aux migrants naufragés, lors d’un défilé où l’urgentiste Patrick Pelloux, le journaliste Marc-Olivier Fogiel, le chanteur Rodolphe Burger et le comédien Vincent Dedienne jouaient les mannequins.
– Mixité –
La formule consistant à faire défiler en même temps hommes et femmes, adoptée par de nombreuses marques à Londres et Milan, a aussi fait des adeptes à Paris parmi les jeunes créateurs, mais aussi du côté de griffes comme Kenzo et Paul Smith. Des mannequins femmes étaient aussi présentes sur le podium de Berluti pour la première collection de Haider Ackermann. L’androgynie règne du côté d’Ann Demeulemeester, au vestiaire plein de romantisme.
– Décontraction –
Le costume sur le déclin? Pas pour Kris Van Assche, le directeur artistique de Dior homme, qui propose de le rajeunir en intégrant des codes de l’univers underground des rave parties, pour des hommes en quête d’une élégance moins sage. Balenciaga revisite aussi l’uniforme du businessman, avec des manteaux droits qui s’étirent en longueur et peuvent se porter les jambes à l’air, tandis que Yohji Yamamoto reformule le costume trois pièces, version cool et confortable.
« Le vêtement masculin, notamment dans les costumes, ne doit jamais être contraignant. Le confort, chez les hommes, est quelque chose qui passe avant tout », souligne Véronique Nichanian, directrice artistique de l’homme chez Hermès.
A noter côté couleur, un succès certain de l’orange. Les motifs tartan et prince de Galles continuent à séduire (Loewe, Kolor, Wooyoungmi). Les chemises se portent à moitié rentrées dans le pantalon, pour un côté faussement négligé, comme chez Ami.
© AFP FRANCOIS GUILLOT
Défilé de la maison Thom Browne à Paris, le 22 janvier 2017