Déjà détenteur de trois médailles d’argent et de bronze sur ces Jeux du Pacifique, le nageur Naël Roux est enfin monté sur la plus haute marche du podium, mercredi soir à l’issue d’un 1 500 m nage libre parfaitement maîtrisé. La huitième médaille d’or pour Tahiti et un beau cadeau pour le polyvalent nageur de 17 ans, gros potentiel à polir.
Selon son entraîneur au centre de performance polynésien, Anis Billi, « Naël a toute l’artillerie nécessaire, pour aller un jour aux Jeux Olympiques ». À savoir un gros moteur et d’excellentes prédispositions pour s’exprimer au plus haut niveau dans l’eau.
En attendant de rêver des sommets, l’aito a décroché sa première médaille d’or aux Jeux du Pacifique, mercredi soir sur 1 500 m nage libre. En 16’07 », Naël abaisse son record personnel de cinq secondes. Une belle performance, qui plus est dans une eau chaude où les temps sont généralement moins bons, mais qui « importe peu. Je voulais juste gagner ».
« Il a été dans la gestion, il maîtrise son sujet, il ne pouvait pas lui arriver grand chose », poursuit le technicien. « Je suis parti très relâché, pour essayer d’accélérer au fur et à mesure et pour taper un gros final. Mon but était d’avoir l’or, je l’ai eu », s’émeut Naël.
Lui qui se lève à quatre heures du matin tous les jours pour aller nager, avant ses cours de terminale, voit là « la récompense de tout ce travail et des sacrifices ». Et « ça fait du bien », lâche-t-il, après la frustration d’avoir loupé l’or les premiers jours.
« Il faut qu’il se rende compte de ses qualités »
Plusieurs fois médaillé aux championnats de France jeunes, notamment en argent et en bronze sur 800 m et 1 500 m nage libre en 2022, mais également très performant en eau libre (il a gagné la Tahiti Moorea cette année) Naël ne semble pas encore pleinement conscient de l’étendue de ses qualités. « Il est fort sur toutes les nages et les distances : un panel complet, pétri de qualités… Dès qu’il fait une sortie hors de Tahiti, il améliore ses temps. Je n’ai jamais eu un nageur comme ça », sourit Anis. « Mais il faut qu’il se rende compte des qualités qu’il a et du nageur qu’il peut devenir ».
Au quotidien, le fils du DT de la Fédération tahitienne est décrit comme « un garçon qui met beaucoup de cœur dans ce qu’il fait ». Un profil « sensible » aussi. « Avec ses coups de folie où ses coups de mou à gérer ». Pour son entraîneur, « cette sensibilité ne se retrouve que dans les athlètes hors-normes. Ca n’est pas toujours facile au quotidien, mais ça fait partie de l’apprentissage ».
Encore des titres à aller chercher
Ce grand moustachu à la longue tignasse brune a commencé la natation vers huit ans, et s’exprime au niveau national depuis quatre saisons. « Il expérimente des choses, il est en train de découvrir, et ça reste un jeune nageur. Il analyse bien sa discipline et ses courses, mais il manque encore de confiance en lui pour pouvoir passer le niveau au-dessus. Des compétitions comme les Jeux vont l’aider », estime Anis Billi. Et ce n’est pas terminé, puisque le nageur du CNP a encore de l’or à aller chercher aux Salomon. Notamment sur 400 x 4 nages en bassin, sur le 5 km en eau libre ou sur le relais, toujours en eau libre.
« Il me manque encore des médailles pour réussir ces Jeux », confirme Naël, qui peut compter sur une belle équipe polynésienne à ses côtés, notamment son partenaire d’entraînement Enzo Kernivinen, médaillé de bronze mercredi sur le 1 500m. « Quand je n’y arrive pas, il est là pour m’aider. On est ensemble tous les matins et tous les soirs, ce podium est aussi une victoire pour lui, je tiens à le remercier et à le féliciter aussi », salue le champion.
Pour la suite, à lui de décider de quoi sera fait son avenir. Et les horizons sont multiples selon son entraîneur : « il peut faire de l’eau libre, du demi-fond ou du sprint… Le choix du roi ! ».