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Jeux du Pacifique : des médailles, des retours et des promesses, la belle soirée de l’athlé tahitien

Tahiti a décroché ses trois premiers podiums en athlétisme hier : l’un vient de Christian Chee Ayee, qui n’avait plus sprinté en fauteuil depuis dix ans. L’autre est pour Timeri Lamorelle, qui participait aux Jeux pour la première fois depuis treize ans, quand le troisième revient à Timona Poareu, le décathlonien au mental de fer. Enfin, Angèle Richard a signé un top 4 à… 14 ans. Quatre destins qui lancent les Jeux de l’athlétisme tahitien.

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Angèle Richard, jeune pousse du triathlon sur le tartan

Sur le 800 mètre, elle a terminé quatrième. Beaucoup en auraient mangé leurs chaussures à l’arrivée. Mais pas cette jeune triathlète de 14 ans, « bientôt quinze », ravie de sa performance une fois la ligne franchie, sept secondes après un intouchable trio de tête composé de deux Néo-Zélandaise et d’une Calédonienne. « Elles étaient beaucoup plus fortes, je suis contente, je pensais peut-être faire cinquième », sourit la jeune fille, licenciée à Fei Pi et novice sur une épreuve d’une telle envergure. Cette cinquième place est d’ailleurs revenue à l’autre polynésienne engagée, Amandine Matera.

Le grand stade, avec plusieurs milliers de personnes en tribunes « c’est stressant au départ, car tu te demande à quelle place tu vas terminer. Mais une fois que tu cours, tu n’y pense plus ». Sur le double tour de piste, où il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, l’adolescente a surtout pensé à « mes allures ». « Je me connais, donc je ne suis pas parti à fond, j’ai géré dans le premier tour avant d’accélérer ». Avec un sens du timing remarquable, puisque la benjamine de ‘léquipe d’athlétisme a couru à peine un poil plus vite que sa marque de référence sur la distance : « mon meilleur était à 2’22 ». Hier, elle a passé l’arrivée en 2’21 »60Une belle promesse d’avenir pour Angèle, qui s’entraîne « entre 1h30 et 2 heures par jour en triathlon ».

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Trop jeune pour s’aligner sur le triple effort cette année aux Jeux, elle sera en revanche au départ du 1 500 m, toujours sur la piste bleue du stade d’Honiara. Avant de retourner au triathlon une fois revenue au fenua, dans l’optique des prochains championnats de France jeunes qu’elle a déjà disputés l’an passé. Sa discipline de prédilection, sur laquelle elle donne rendez-vous aux Tahitiens pour les Jeux de 2027, disputés à domicile. 

Christian Chee Ayee, dix ans après

Lui, à 43 ans. Figure tahitienne du handisport, Christian Chee Ayee a l’habitude des Jeux et min-Jeux du Pacifique. Des championnats de France aussi, d’où il a rapporté plusieurs médailles. Mais ces dernières années, il s’illustrait surtout au poids. Pourtant, c’est bien sur un fauteuil de vitesse qu’il a décroché le bronze hier, sur un 100 m remporté par la légende calédonienne du handisport français, Pierre Fairbank, multiple champion paralympique.

« La Calédonie nous a sollicité cette année pour participer au 100 m », raconte Christian, qui a vu cette course comme un bon moyen « de me mettre dans le bain, de m’habituer à la foule pour lancer sans stress » le poids aujourd’hui. C’est aussi un retour à ses premiers amours, lui qui a débuté le handisport par les courses en fauteuil. « C’est comme au bon vieux temps, de revoir cette ligne droite et de me dire qu’il faut aller d’un point A à un point B », sourit celui qui vit avec son handicap depuis 23 ans.

« J’étais l’un des premiers tahitiens à participer aux Jeux handisport », rappelle celui qui aimerait voir émerger la relève. « Le niveau dans les îles commence à monter, c’est intéressant, notamment au poids où nous sommes neuf à concourir cette année. Mais à Tahiti, beaucoup se tournent vers le va’a, alors que l’athlétisme, c’est important. Quand le handisport à commencé, c’était l’athlé d’abord », tient-il à rappeler.

Mais peu importe qui sera là, puisqu’il compte bien poser ses roues encore quelques temps sur les pistes, notamment en vue des Jeux de Tahiti. « Je vais me préparer beaucoup plus à fond. Comme on dit au football, je vais ramener la coupe à la maison », sourit-il.

Timona Poareu, les dix travaux d’un corps en reconstruction

Il avait décroché le bronze il y a quatre ans. Le voilà une marche plus haut. A 24 ans, Timona Poareu a bouclé son décathlon (100 m, saut en longueur, lancer du poids, saut en hauteur et 400 m le premier jour, 110 m haies, lancer du disque, saut à la perche, lancer de javelot et 1 500 m) avec 6 804 points hier, soit 670 de moins que le médaillé d’or Papouan.

Mais quelque 280 de plus que son précédent record, 6521, qui lui avait permis de prendre le bronze à Apia. « C’était vraiment difficile au niveau des conditions, surtout la température », pointe-t-il. C’est bien simple, « c’est un des décathlons les plus durs que j’ai fait. Parfois je ne me sentais pas au top, donc j’ai pris les épreuves une par une, j’ai fait du mieux que j’ai pu et ça a payé », résume l’athlète.

Si Timona Poareu se dit « un peu déçu des performances dans les épreuves », il se satisfait du résultat final. « Ce qui compte c’est l’argent rapporté pour Tahiti ». Car celui qui s’entraîne du côté de Toulouse sort de « quatre années un peu compliquées ». « Tous les ans, j’ai eu de grosses blessures et je ne pouvais pas faire de saison complète. Au mieux, un mois ou deux d’entraînement et de compétition au cumulé par an », c’est peu.

Cette performance salomonaise l’a reboosté. « Là, j’ai tout soigné et tout devrait aller pour le mieux. J’ai la motivation, l’envie pour 2027. J’ai eu le bronze, maintenant l’argent, et j’espère l’or la prochaine fois », ambitionne le polynésien. D’ici là, son objectif est déjà de finir l’année sans pépin « pour enfin faire une saison complète jusqu’aux championnats de France », où il souhaite améliorer son record. On devrait le revoir dans la semaine².

Timeri Lamorelle, la médecin qui courrait blessée

Elle restera la première athlète tahitienne médaillée de ces Jeux 2023. Le bronze sur l’heptathlon, avec 4 109 points (100 m haies, saut en hauteur, poids, 200 m, saut en longueur, javelot, 800 m). Inimaginable il y a encore un an, puisqu’elle ne pratiquait alors plus l’athlétisme.

Passée par les Jeux de 2011 à Nouméa, d’où elle était revenue sans médaille à quinze ans en 2011, elle a ensuite mis l’athlétisme entre parenthèses, pour se consacrer à ses études de médecine. « J’ai vraiment arrêté pendant quatre ans, avant de reprendre quand je suis rentrée au fenua en janvier 2023, motivée par mes copains de l’époque », malgré deux petite tendinites qui la poursuivent encore aujourd’hui. « Je suis vraiment contente de ramener une médaille, c’était quelque chose d’important pour moi car ça a été une année difficile », savoure cette jeune généraliste de 28 ans.

Une année difficile et surtout une préparation loin d’être ciblée, puisque Timeri Lamorelle a pris la décision de participer à l’heptathlon il y a deux mois. « Ca s’est fait à la dernière minute car on s’est rendus compte que le niveau des engagées laissait peut-être une chance d’avoir une médaille ».

Un choix judicieux donc, pour celle qui a pu compter une longue expérience face à son manque d’entraînement. « Je suis plutôt une athlète de haies et de longueur, donc heureusement que j’ai fait beaucoup d’athlé étant petite pour avoir quelques bases sur les lancers », raconte la passionnée de « ce sport incroyable, où on peut tout faire ».

Durant la compétition, la tahitienne a aussi retrouvé l’ambiance si particulière des disciplines combinées. En 2011 comme en 2023, « c’est vraiment chouette, on s’encourage toutes entre concurrentes, on se félicites toutes, c’est très motivant ». Cette semaine, on la retrouvera sur la piste cette semaine, puisqu’elle est aussi engagée sur le 100 m haies, la longueur et le 4×100 m.

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