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Jeux du Pacifique : les footballeurs terminent cinquièmes d’un tournoi grotesque

 

Trois victoires et un match nul, neufs buts marqués pour un seul encaissé : sur le papier, le bilan des Toa Aito est très bon aux îles Salomon. Mais à l’arrivée, pas de médaille pour Tahiti. La faute notamment à un format de compétition indigne d’un tournoi international. 

Un but en première période, signé Eddy Kaspard, un autre en fin de rencontre, des pieds du capitaine Teaonui Tehau : le dernier match des Tahitiens aux îles Salomon s’est conclu par un succès contre la Papouasie-Nouvelle-Guinée (2-0). Le troisième en quatre matchs pour les Toa Aito, finalement cinquièmes cette année malgré leurs neufs buts inscrits pour un seul encaissé.

Les médaillés seront connus demain, avec la petite finale entre Fidji et le Vanuatu, et la grande finale entre la Nouvelle-Calédonie et les hôtes Salomonais, soutenus par tout un peuple. Quatre équipes loin d’être très supérieures à Tahiti, au vu des rencontres disputées durant ces deux semaines de jeu.

Une déception pour les joueurs de Samuel Garcia, qui avaient les jambes et l’état d’esprit pour décrocher au moins un podium. Eliminés à l’issue de la phase de poules, les coéquipiers de Teaonui Tehau ont de bonnes raisons de regarder ces finales avec amertume : ils sont les grands perdants, avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’un format de compétition aussi farfelu qu’injuste. « Ça ne nous a pas favorisés, j’espère qu’il vont y réfléchir les prochaines fois, car il y a beaucoup de regrets pour Tahiti », rappelle le capitaine tahitien.

Cette année, douze équipes se sont présentées à Honiara. L’OFC a donc décidé de mettre en place quatre poules de trois équipes, le premier de chaque poule étant directement qualifié pour les demi-finales, les deux suivants étant reversés en matchs de classement. Quatre matchs à jouer pour remporter un tournoi continental, c’est très peu. Et c’est à se demander si les décideurs ont déjà mis les pieds dans une grande compétition, autrement que pour grignoter des petits fours dans les tribunes.

Un tirage au sort et un calendrier défavorable

Les grosses nations n’avaient donc pas le droit à l’erreur. Certaines, comme la Nouvelle-Calédonie où les îles Salomon, ont hérité d’un groupe très abordable. Pour Tahiti, tiré dans la poule de Fidji, les choses s’annonçaient déjà plus compliquées. Comme pour la Papouasie, présente dans le groupe du Vanuatu.

Tahiti et Fidji, deux grosses équipes dans la même poule, pour une seule place. Et Fidji partait avec un avantage, celui de débuter la compétition contre les modestes Mariannes du Nord (10-0). Pour Tahiti, l’entrée en lice s’est faite trois jours plus tard, directement contre leurs concurrents fidjiens, qui avaient donc déjà eu un match pour prendre du rythme.

L’issue de ce match, un nul 0-0 (le seul regret d’un point de vue sportif), a donc contraint les Tahitiens à faire mieux que les Fidjiens, à savoir une victoire par dix buts d’écart contre les Mariannais. Ce que nos joueurs n’ont pas réussi à faire, ne l’emportant « que » 5-0, contre une équipe qui se savait arbitre d’un match à distance entre Fidjiens et Tahitiens. Et qui avait visiblement choisi son camp, en se montrant beaucoup plus agressive et regroupée devant son but, que lors de son premier match perdu 10-0.

L’image des joueurs mariannais applaudissant et se congratulant avec leurs homologues fidjiens, présents dans les tribunes du match contre Tahiti, laisse d’ailleurs un léger sentiment de malaise, puisqu’il est rare de voir une sélection se féliciter d’avoir perdu 5-0.

Résultat, Fidji et Tahiti ont terminé avec autant de points, mais les premiers cités avaient une meilleure différence de but et ont donc filé en demi-finales. « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on rentre sans défaite. On a su rester unis, même après l’élimination et on a fait le taff », souligne Teaonui Tehau, l’expérimenté attaquant de Vénus.

PNG, l’autre bonne poire

Il ne s’agit pas là de trouver des excuses aux joueurs tahitiens, mais bien de comprendre tous les tenants et aboutissants de ce tournoi, alors que les critiques pleuvent. « Ça parle en ville, mais il faut retenir qu’on fait un nul et trois victoires. Je veux féliciter les joueurs, le staff, le président et ceux qui œuvrent autour de l’équipe », souligne le sélectionneur Samuel Garcia, qui à dû se passer de plusieurs joueurs majeurs, non libérés par leur employeurs ou mobilisés sur la Coupe de France avec Pirae. « On est venus à vingt joueurs au lieu de vingt-trois, mais on fait un nul et trois victoires. Et pourtant, nous ne sommes pas qualifiés pour les phases finales, c’est donc un gros problème », peste-t-il.

L’exemple de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est tout aussi fou, si ce n’est plus. Sensée jouer Tuvalu en ouverture, PNG a vu son adversaire déclarer forfait, et a donc obtenu un succès 3-0 comme le stipule la règle. Un score qui aurait été certainement beaucoup plus large si le match s’était joué.

La farce a continué lorsque Tuvalu s’est (enfin) présenté contre Vanuatu, face à qui ils ont perdu 7-0. Sans avoir pu défendre leurs chances et sans match pour se mettre en jambes, les Papouans-Néo-Guinéens ont donc dû jouer une « finale » de ce groupe contre le Vanuatu. Avec l’obligation de l’emporter, les Vanuatais ayant automatiquement une meilleure différence de but après leur large succès sur Tuvalu. Les deux équipes ayant fait match nul 1-1, PNG a pris la porte en ne jouant qu’un match.

Deux poules de six, la meilleure solution

Avec douze équipes, il aurait été beaucoup plus logique de proposer deux poules de six, en qualifiant les deux meilleurs pays en demi-finale. Ce qui aurait permis à chaque sélection de jouer plus de matchs, et surtout de dessiner un classement en réel cohérence avec le niveau de chacun.

Ce format avait été retenu il y a quatre ans… sauf que l’OFC avait une nouvelle fois fait les choses à la va-vite, en qualifiant directement en finale le premier de chaque poule, sautant la case demi-finale, ces fameux matchs à élimination directe qui font toute la saveur des grandes compétitions. Pour le coup, Tahiti n’avait pas à se plaindre du format : les Tahitiens avaient tout simplement été battus par plus fort, Fidji et la Nouvelle-Calédonie notamment. Il faut donc remonter à 2015 pour voir un semblant de cohérence dans le tournoi de football des Jeux. Avec une phase de poules permettant à deux équipes de chaque groupe de se qualifier pour les demi-finales.

Si le football océanien ne ressort pas grandi de ces Jeux du Pacifique, le rendez-vous est pris avec l’avenir pour la jeune équipe tahitienne, moins de 22 ans de moyenne d’âge.  « On a des belles indications pour le futur, pour faire travailler notre football », souligne le coach tahitien. Un avenir proche, avec la Coupe des Nations d’Océanie organisée du 15 au 13 juin, au Vanuatu. Treize équipes sont éligibles pour y participer. Reste à savoir quel format l’OFC va sortir de son chapeau.

Les Vahine Ura en difficulté pendant deux semaines

Chez les dames, ce fut en revanche beaucoup plus compliqué. Les Tahitiennes terminent huitièmes sur dix, après leur défaite jeudi dans le match pour la 7e place, 2-0 contre Tonga. Trois jours plus tôt, elles avaient déjà perdu leur premier match de classement contre le Vanuatu, après une phase de poules bouclée avec un seul point (défaite 3-2 contre Samoa en ouverture et match nul 2-2, déjà contre Tonga). Une phase de poules où elles auraient pu espérer mieux, après avoir laissé filer des points en encaissant des buts en toute fin de rencontre.

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