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Jeux du Pacifique : pour gagner en 2027, « c’est maintenant qu’il faut mettre les moyens »


Pour le Pays, l’objectif est clair : la Polynésie doit finir en tête du tableau des médailles de Tahiti 2027. Raison pour laquelle le Comité olympique a mis sur pied un « plan de performance » dédié. Mais neuf mois après sa présentation, le COPF reste sans réponse – et sans enveloppe – du gouvernement. Son président Louis Provost interroge : où sont les moyens de ces grandes ambitions ?

« Gagner à la maison ». C’est l’ambition affichée par le président Édouard Fritch dès l’attribution de l’organisation des Jeux du Pacifique 2027 à Tahiti. L’objectif a le mérite de la clarté et il a depuis été repris par le ministre Naea Bennett et plusieurs responsables du milieu du sport. Pourtant, personne ne l’ignore, le chemin est long pour se hisser tout en haut du tableau des médailles. En 2019 la Polynésie était arrivée quatrième des Jeux du Pacifique avec 35 médailles d’or. Pas si loin des 38 titres océaniens des Samoa, alors pays hôte, alors au coude-à-coude avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, vainqueur chez elle quatre ans auparavant. Mais la sélection calédonienne, qui a gagné six éditions sur sept depuis 1995, affichait quant à elle 65 médailles d’or aux Samoa. Mission impossible ? Non, répond le comité olympique, qui rassemble et regroupe les fédérations sportives du pays : « l’objectif est sur la table, il faut juste se donner les moyens de l’atteindre ».

Un plan pour structurer le haut-niveau… Et une enveloppe dédiée

Et c’est justement le cap du document présenté par le COPF en février dernier, intitulé Ambition Tahiti 2027. Un plan qui s’inscrit dans la lignée des programmes stratégiques et sportifs déjà mis sur la table depuis 5 ans pour, justement, obtenir et préparer l’organisation de ces jeux. Mais cette « nouvelle feuille de route » fait un focus particulier sur la « performance ». Parmi les idées directrices : mieux d’identifier et surtout mieux accompagner les athlètes qui pourront ramener des titres en 2027. « Jusque là chaque fédération faisait un peu les choses dans son coin. On a proposé un document qui permet de cadrer les choses, un chemin de sélection avec un projet de performance, pour que tout soit écrit », explique Éric Zorgnotti. Une façon « d’éviter les polémiques » qui entourent souvent les sélections, de « dépenser l’énergie dans la construction et non pas dans la dispute »… Et de construire une gestion du haut-niveau plus moderne au fenua.

Ambitions Tahiti 2027 prévoyait la signature d’une convention avec le Pays, et la création d’une « enveloppe dédiée à la performance ». Une enveloppe et qui « resterait sous contrôle de la Direction de la jeunesse et des sports », mais que le comité présente comme capitale pour gagner en « agilité et en contrôle » dans l’investissement sportif. L’idée est aussi d’éviter d’avoir à passer par le long – et incertain – processus de demande de subventions pour chaque action entrant dans la préparation des Jeux. Ce fonds, dont le montant reste à négocier, serait destiné à former les coachs, cadres et athlètes, à équiper les « fédés », et surtout à faire voyager les compétiteurs : « Dans beaucoup de sports, pour progresser il n’y a pas de secret, on doit se confronter » rappelle le directeur technique.

Heremoana Maamaatuaiahutapu,le président Edouard Fritch et Louis Provost, président du Comité olympique de Polynésie française, qui avait défendu la candidature de Tahiti aux Jeux 2027 main dans la main. ©presidence

« Il faut savoir ce qu’on veut : gagner ou faire la balade ? »

Sauf que depuis la présentation du plan en février dernier, devant notamment le nouveau ministre des Sports Naea Bennett, le Pays n’a pas donné de suite au projet du comité. Une nouvelle présentation a bien eu lieu fin octobre, mais le ministre n’était cette fois pas présent. « Ce projet doit être présenté au Conseil des ministres pour qu’on puisse s’accorder sur les moyens à mettre, pointe le président du COPF Louis Provost. Mais on est toujours en attente de cette réunion 9 mois après ».

Au comité olympique et dans certaines fédérations, on ne cache pas son impatience, voire un certain agacement. « Pour construire un athlète performant, il faut 10 ans. Le temps tourne, il faut qu’on avance », pose Éric Zorgnotti. « Il faut savoir ce qu’on veut : gagner ou faire la balade ?, interroge plus directement Louis Provost. Si on veut gagner, c’est maintenant qu’il faut mettre les moyens ».

Séminaire de performance et modules de formation

Le COPF n’est pourtant pas seulement dans l’attente. Depuis deux ans, des « séminaires performance » sont mis en place pour accompagner les fédérations. Après Yann Le Meur, c’est Guy Ontanon « manager » devenu une référence dans l’athlétisme français et souvent sollicité à l’international, qui a animé la dernière édition. S’ajoute à ces interventions un cycle de formation en cours, toujours avec des professionnels, et sur des thématiques très ciblées : prévention de la blessure, récupération, gestion du stress… Des modules ouverts aux coachs, aux cadres techniques mais aussi aux athlètes eux-mêmes, et qui ont été définis après analyse des forces et faiblesses de la délégation polynésienne aux derniers mini-Jeux. C’était au mois de juin et, aux Mariannes du Nord, Tahiti était arrivé deuxième de la compétition, derrière la Papouasie, mais en l’absence de plusieurs pays et plusieurs disciplines. « On baisse pas les bras, on maintient le cap, jusqu’en 2027, avec les moyens que l’on voudra bien nous accorder, insiste Louis Provost. Après, qui vivra verra ».

 

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