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JO 2024 : quatre projets sportifs soutenus pour leur « impact » social au fenua

Dispositifs pour démocratiser les cours de nage, formations au kayak surf-ski, aventures à la rame pour les quartiers prioritaires… L’AFD et le fonds de dotation des JO de Paris ont annoncé hier le nom des quatre projets lauréats « d’Impact 2024 », un programme destiné à utiliser le sport à des fins sociales, citoyennes, sanitaires ou environnementales. L’occasion aussi pour les fédérations sportives d’alerter les autorités sur le manque de soutien dont elles souffriraient.

L’Agence française de développement (AFD) est plutôt habituée aux discussions financières et budgétaires, mais c’est de sport qu’on parlait dans ses locaux de Papeete jeudi matin. L’AFD est en effet partenaire d’Impact 2024, un programme du fonds de dotation des JO de Paris, destiné à soutenir des projets utilisant l’activité physique comme un outil social. 1,2 à 3,6 millions de francs par dossier retenu : de quoi aider dans un milieu sportif souvent en manque de moyens au fenua. Et pourtant depuis son lancement en 2021, aucun jury ne s’était réuni localement, aucune communication n’avait été faite pour inviter les associations, fédérations ou collectivités à monter des dossiers… Bref l’enveloppe, comme trop souvent sur des programmes nationaux, « n’a pas été consommée ». Cette année, enfin, le mot s’est passé, et même s’il est arrivé très tardivement à l’oreille de certains candidats, le jury, composé de représentants du Haussariat, du COPF, des services du Pays et du comité d’organisation des JO, a réceptionné 8 dossiers.

Apprendre à nager

Quatre d’entre eux ont dont été retenus, et présentés hier à l’AFD, qui a mis elle-même la main à la poche et contribué pour plus de 40% des 8,4 millions de francs distribués. C’est la Fédération de natation qui tire  son épingle du jeu puisque deux de ses initiatives ont été primées. Le dispositif « Vai Mane’e», d’abord, qui utilise des piscines mobiles itinérantes pour amener des séances « d’aisance dans l’eau » et « d’initiation à la natation » jusque dans les quartiers isolés. Le programme « Savoir nager dans les îles éloignées » s’appuie davantage sur des moniteurs itinérants et de la nage en lagon, mais avec le même objectif : « démocratiser les cours de nage », notamment – mais pas seulement – auprès des enfants, et ainsi éviter les noyades en mer. « Du fait de l’éloignement des quartiers, du fait de l’accès difficile à la mer parce que privatisé, on a diminué l’accès à la plage, explique Sylvain Roux, directeur technique de la Fédération tahitienne de natation. Et ces deux constats font que les gens n’apprennent plus à nager ». Les deux programmes développés par la fédé avec les communes et plusieurs partenaires locaux et nationaux doivent aussi « ouvrir des portes » à certains publics : « quand on ne sait pas nager, on a du mal à monter sur un va’a ou un surf, note le technicien, ça va leur permettre d’aller vers d’autres activités. »

… et à se surpasser

Autre projet sélectionné : celui de la la Fédération polynésienne de Kayak-Surf ski qui s’est fixé comme objectif de retrouver, d’ici 2030, le très haut-niveau dans ces embarcations en cockpit ouvert taillées pour la mer. « On a eu des très grands champions par le passé, mais on paie aujourd’hui des décisions qui n’ont pas été prises ces dernières années, explique Heirangi Nouveau, le président de la fédération. On sait qu’on a un très gros potentiel en Polynésie, il faut aller chercher des jeunes, les intéresser à ce sport au plus tôt. » Pour ça, la FPKS a mis en place des « Kayak Karavans » qui déplacent le matériel pour le mettre à disposition des quartiers. Il s’agit, grâce aux financements d’Impact 2024, qui restent à être complétés, d’exporter le dispositif dans les archipels, viviers de rameurs, et donc de potentiels compétiteurs.

Enfin, l’ovni  de ce palmarès est sûrement le défi « Voyage océan histoire et insertion », mené par André Teuia Vohi, qui a laissé son nom en initiales du projet. Le sportif, ancien journaliste et toujours réalisateur, s’est notamment illustré en lançant le Tep Challenge, puis le CPS Challenge, en réalisant Les Visages de l’espoir pour TNTV. Ce concept d’aventure à la rame pour lutter contre l’obésité, il veut l’adapter à l’inclusion sociale et à la « transmission des valeurs » dans les quartiers prioritaires, dont il est lui même issu. Une dizaine « d’ambassadeurs » ont déjà été choisis et « montreront l’exemple » en se dépassant lors de traversées longues en pirogue double haute mer, retranscrites dans un documentaire :

Former, accompagner, avant de distribuer des subventions

La présentation des projets, jeudi, a aussi été l’occasion pour les porteurs de projets d’interpeller la nouvelle ministre des Sports sur les difficultés actuelles, malgré les ambitions affichées par les gouvernements successifs, à trouver des soutiens, financiers ou techniques pour mener des projets. « Les financeurs existent, en local, les mécènes aussi, répond la ministre. Le souci qu’on a c’est qu’on a quelques fédérations et associations pilotes qui ont appris à monter des projets, d’autres non ». La priorité serait donc la formation et l’accompagnement technique, la « synergie et la mutualisation aussi » pour faire des économies et donc « pouvoir investir davantage ». Elle assure que le gouvernement de Moetai Brotherson est aussi résolu a aller « trouver des financements ailleurs », à l’international, auprès de partenaires privés ou pourquoi pas de « milliardaires étrangers amoureux de la Polynésie », d’utiliser des modèles de financement qui existent « partout ailleurs », comme le « naming » qui consiste à monnayer un nom de marque sur certaines infrastructures. Il y aurait encore « beaucoup de travail » de ce côté, mais la ministre s’engage en attendant à ouvrir davantage l’administration aux porteurs de projets : « Il faut qu’on arrête d’attendre que les gens viennent vers nous et c’est à nous d’aller vers eux, martèle-t-elle. Je l’ai dit lors de ma  tournée des services et je le répète dès que j’ai l’occasion : nous sommes payés par l’argent du nuna’a et la moindre des choses, c’est que nous soyons au service des populations. »

À noter, comme l’a précisé le chef de la mission d’appui technique jeunesse et sport du Haussariat, Christophe Combette, que ces 8,4 millions de francs ne sont qu’une petite partie des fonds d’État destinés au sport et à la jeunesse. « Rien qu’en subventions d’organismes et de projets, il y en a pour 850 millions de francs par an », sans compter les financements d’infrastructures, précisent les responsables. Un nouvel appel à projet Impact 2024 doit être lancé d’ici le début d’année prochaine. Tous les acteurs présents se sont engagés à plus de réactivité et de communication cette année.

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