Invité de la rédaction de Radio1, Jules Hauata est à nouveau candidat pour Heiura-Les Verts dans la 3e circonscription. Cet ancien pompier de Paris, autoentrepreneur à Faa’a, plaide pour la sortie des énergies fossiles par l’énergie thermique des mers, pour une réflexion autour du dépotoir de Faa’a avec une mise en valeurs des circuits de recyclage, et pour une meilleure éducation de la population aux enjeux des dérèglements climatiques.
Candidat pour la deuxième fois consécutive dans la 3e circonscription sous les couleurs vertes, après avoir récolté 2,06 % des suffrages en 2022, Jules Hauata le reconnaît : « nous ne sommes pas le Messie ». Mais comme ses deux collègues des deux premières circonscriptions, cet autoentrepreneur de Faa’a prône « des solutions et des alternatives » pour répondre à l’urgence climatique, que les verts souhaitent placer au centre des débats.
La première d’entre elles, qui figure d’ailleurs en tête de la profession de foi du parti, concerne l’énergie thermique des mers, « qui a pour avantage de produire de l’électricité de manière constante et pérenne. Il est clairement prouvé que nous pouvons avoir une vie plus saine, c’est à dire sortir des énergies fossiles par cette énergie thermique des mers, par le biais d’une transition progressive, ciblée sur 20 ans », présente Jules Hauata. Il met en exergue le système SWAC, « qui a prouvé son efficacité dans des hôtels comme le Brando ou à Bora Bora, et au CHPF où cela fonctionne très bien, avec une réduction des frais à hauteur de 600 millions par an ». Et qui pourrait être utilisé par exemple pour « refroidir les écoles, les mairies, toutes nos structures. Pourquoi ne pas commencer par ça et viser d’être indépendants au niveau de notre énergie ? », propose-t-il. « Nous avons la chance d’avoir beaucoup de pétrole, qui est notre océan », martèle celui qui est opposé à Mereana Reid Arbelot, Naumi Mihuraa et Pascale Haiti-Flosse dans la 3e circonscription.
« 40 ans de gouvernance durant lesquels on a gavé les gens »
Lassé de voir la planète brûler, cet ancien pompier de Paris passé par l’armée régulière est aussi très intéressé par la thématique du traitement des déchets. D’autant qu’il habite Faa’a depuis ses six ans, seule commune de Tahiti à ne pas adhérer au syndicat Fenua Ma et dont la décharge de Mumuvai est régulièrement la cible de critiques et d’attaques en justice, aussi bien pour des questions environnementales que foncières. « J’ai vu évoluer ce dépotoir, nous y étions tout gamins. Il y avait des familles qui récupéraient de l’alimentation, des gens y vivaient pour récolter ces déchets », rappelle-t-il. « Il y a quelque chose a faire au niveau de ce dépotoir, il faut déjà réfléchir au foncier, et aussi au recyclage. c’est primordial. Il existe des associations, notamment à Mahina (qui vient d’ouvrir une ressourcerie NDLR) qui recyclent et revalorisent des produits qui ne fonctionnaient plus pour de petits détails. Déjà, là, nous avons gagné. »
Selon lui, « il faut changer de mode de vie » en passant par « une autre éducation et une autre vision ». Car le candidat, habitué des scrutins, sait qu’il « est assez dur » de faire passer ces messages auprès de la population. « Nous avons eu plus de 40 ans de gouvernance durant lesquels on a gavé les gens, on leur a tout promis, sans leur expliquer par exemple qu’il était possible de faire réparer sa machine à laver pour peu cher et la faire tenir cinq ou six ans de plus » plutôt que d’en acheter une nouvelle au premier pépin venu. « C’est une question d’éducation », insiste-t-il. « Il va falloir donner le modèle, faire des exemples, des démonstrations que nous pouvons y arriver. Oui c’est dur, mais c’est un choix de vie ».
Faire pousser des cocotiers avant de repenser la filière
Originaire des Tuamotu, l’homme au bandana a aussi « travaillé sur la coprahculture ». « Un sujet que je connais et sur lequel je veux taquiner le gouvernement actuel », relance-t-il. » Pendant la campagne électorale, ils n’ont pas arrêté de dire que le prix allait augmenter (ce qui sera le cas en août). Aujourd’hui, il y a un décalage entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, et ce qu’on peut faire », fustige-t-il. Et alors que le gouvernement envisage de repenser la filière cocotier, « la question qu’il faut poser est : qu’en est il de notre cocotier ? Aux Tuamotu, il pousse mal. Le sol ne fournit plus de matière organique assez riche pour nourrir nos cocotiers. Faire du mitihue c’est une chose, avoir des cocotiers en est une autre. »
Dans leur profession de foi, les candidats Heiura-Les Verts plaident également pour une surveillance accrue de la ZEE du fenua, par l’assermentation des capitaines de caboteurs et thoniers, dans une logique de « développement soutenable ». Le parti écologiste défend aussi un moratoire sur l’exploitation des ressources minérales sous marine, et le reversement de la redevance perçue par l’État lorsque des aéronefs ou satellites étrangers traversent notre espace aérien. Concernant l’indépendance, « la non activation de la Commission de l’ONU menée par l’État et le gouvernement du fenua sera levée, devant aboutir à un processus référendaire ». En cas d’élection, Heiura-Les Verts siègeront avec le groupe EELV, membre du Nouveau Front Populaire.
L’interview de Jules Hauata est à retrouver dans la vidéo ci-dessous, à partir de 9’45.