TÉMOIGNAGE – Né avec des organes génitaux masculins et féminins, Julien a accepté de se confier sur son enfance, ses douleurs.
Ni homme ni femme, mais « sexe neutre ». Pour la première fois en France, une personne née sans appareil génital complet a obtenu de la justice de faire modifier son état civil. Le 20 août dernier, le juge des affaires familiales de Tours a reconnu le droit de faire figurer sur son état civil la mention « sexe neutre ». En France, on estime à une naissance sur 100.000 les personnes touchées par ce phénomène. Pour Europe 1, Julien, l’un d’entre eux, a accepté de raconter son histoire.
« Je ne comprenais pas enfant ». « Enfant, je n’avais pas vraiment conscience des choses dans la mesure où je faisais confiance au médecin et à mes parents », explique Julien, 36 ans aujourd’hui. « J’ai subi plusieurs opérations chirurgicales, entre l’âge de 2 ans et l’âge de 8 ans. Ça paraissait normal pour moi à l’époque ».
« Beaucoup de honte de mes parents ». « Ce n’est qu’après que j’ai pris conscience de tout ça », rembobine cette personne intersexuée. « J’ai donc cherché à comprendre le pourquoi du comment. Mais là-dessus, il y a le silence, beaucoup de honte aussi de la part de mes parents et beaucoup de non-dits de la part des médecins ».
Entendu sur Europe 1
« Il faut absolument respecter l’intégrité physique de l’enfant »
« Un binarisme des sexes ». Pendant toutes ces années, Julien a vécu dans l’ignorance « parce que personne n’en parle, parce que la médecine veut maintenir un binarisme des sexes. Pour eux, il y a juste des garçons et des filles alors qu’il y a des enfants qui grandissent avec des variations anatomiques. Et d’en déplorer les conséquences : « et pour essayer de préserver ce binarisme, on intervient chirurgicalement sur ces enfants alors qu’ils sont en bonne santé ».
Julien, intersexe, témoignait sur Europe 1 : « la médecine veut maintenir un binarisme des sexes » #E1Midi http://t.co/2IqEIM60SB
— Europe 1 (@Europe1) 14 Octobre 2015
« Le respect de l’intégrité physique de l’enfant ». « Il faudrait faire valoir le droit à l’autodétermination et respecter l’intégrité physique de l’enfant », estime Julien qui est contre les interventions chirurgicales chez ces enfants. « C’est essentiel parce que ça laisse des traces, des traumatismes, des cicatrices alors que l’enfant ne consent pas à l’intervention ».