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"Jungle" de Calais: début du déblaiement des abris, l'évacuation des migrants se poursuit

Calais (AFP) – La destruction des cabanes et abris de la « Jungle » de Calais désertés par les migrants a débuté mardi en début d’après-midi dans une partie du campement, un acte symbolique de la volonté d’en finir avec le plus grand bidonville de France.

Au deuxième jour des opérations d’évacuation des migrants vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis dans toute la France, près de 800 majeurs étaient montés dans un bus dans la matinée, selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, après plus de 1.900 lundi. Mardi après-midi, 2.700 majeurs avaient donc déjà quitté le camp en bus.

À la main, aidés d’un pied de biche et d’une tronçonneuse, des ouvriers d’une entreprise de nettoyage, en combinaison orange fluo avec casque et gants de protection, ont commencé vers 15H00 à déblayer tentes et cabanes.

Sur le chantier, une petite tractopelle était utilisée uniquement pour déverser les débris dans des bennes, l’idée étant de ne pas donner l’image d’une destruction forcée.

L’opération, protégée par une compagnie de CRS, a débuté autour du Centre d’accueil provisoire (CAP), formé de conteneurs, car « c’est là que vivent les mineurs » et « nous voulons sécuriser » les alentours, a expliqué la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, chef d’orchestre de l’opération. 

Des « maraudeurs (équipes de représentants des services de l’Etat, ndlr) entrent d’abord « dans chaque tente pour voir s’il y a encore des gens » et, si oui, les exhorter à partir, a-t-elle ajouté.

Certains migrants semblaient tétanisés devant l’opération. D’autres assuraient vouloir monter dans un car, sans en avoir l’intention réelle: « Je veux rester ici, j’irai me cacher plus loin », expliquait un Érythréen. « Ils m’ont juste dit d’aller prendre les bus, car ils allaient raser la Jungle », a dit Ali, un Pakistanais.

Au début des travaux, deux incendies, l’un d’une maisonnette, l’autre d’un abri, se sont produits quasi-simultanément près du CAP, rapidement maîtrisés. 

– Polémique sur la sélection des mineurs  –

Pendant ce temps, les opérations d’évacuation se poursuivaient, avec 1.056 personnes « mises à l’abri » mardi matin, selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Parmi eux, « près de 800 » majeurs ont quitté Calais à destination des CAO. 

« Il y a une forme de soulagement importante et conséquente », a réagi la maire (LR) de Calais Natacha Bouchart, au vu du nombre de départs.

En dépit de temps morts dans la matinée, le planning des départs était « parfaitement respecté. Nous sommes en capacité » de faire partir les 45 cars prévus mardi, nombre égal à celui enregistré lundi, a assuré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet. 

Quarante cars sont encore programmés mercredi.

Plus de 200 mineurs ont été relogés mardi matin au CAP, après 400 lundi, qui s’étaient ajoutés aux 200 déjà sur place. « Notre objectif est d’être à plus de 1000 » mineurs hébergés mardi soir, a affirmé Stéphane Duval, son directeur. 

Quelque 1.300 mineurs vivaient encore dans le camp la semaine dernière, dont 500 disaient avoir des attaches familiales au Royaume-Uni.

Sur ce dossier, longtemps pomme de discorde avec Londres, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé lundi soir que le Royaume-Uni accueillerait « tous les mineurs isolés » du camp « dont les attaches familiales en Grande-Bretagne sont établies ». Le pays s’est aussi engagé à « étudier » les dossiers de mineurs « dont l’intérêt supérieur » serait de le rejoindre. 

Marid, c’est dans la file des mineurs que la situation semblait la plus tendue. Plusieurs centaines d’entre eux s’y massaient, mais elle s’écoulait très lentement, notamment en raison du temps nécessaire pour vérifier leur minorité. 

Médecins sans frontières (MSF) a d’ailleurs dénoncé une « sélection au faciès » qui a déjà exclu « un tiers » d’entre eux : l’association va en conséquence cesser de les orienter vers ce dispositif.

« A l’entrée du sas, une association ayant compétence en la matière est en charge de faire entrer les mineurs », a répondu la préfète, et « écarte ceux qui sont manifestement majeurs, c’est-à-dire qui dépassent d’évidence et de plusieurs années l’âge de la majorité ».

De 6.400 à 8.100 migrants selon les comptages, pour la plupart d’Afghanistan, du Soudan ou d’Erythrée, vivaient jusqu’alors dans la « Jungle », devenue un lieu de rassemblement pour ceux qui voulaient gagner l’Angleterre.

Des migrants évacués de la "Jungle" le 25 octobre 2016 à Calais . © AFP

© AFP DENIS CHARLET
Des migrants évacués de la « Jungle » le 25 octobre 2016 à Calais

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