Un homme de 49 ans, sous le coup d’une mesure d’éloignement et en état de récidive, a été jugé en comparution immédiate ce jeudi par le tribunal de Papeete, après avoir étranglé sa femme lors d’une dispute banale qui a dégénéré en violence extrême. C’est l’intervention de leur fils, âgé de 14 ans, qui a permis d’éviter un féminicide. Le tribunal a condamné le prévenu, au profil psychiatrique inquiétant, à trois ans de prison ferme.
Les faits se sont déroulés le 30 décembre, à l’heure du petit-déjeuner. À l’origine du différend, des graines et des peaux de papaye déversés par la mère dans le composteur familial. Un geste pourtant anodin que le quarantenaire ne supporte pas, pas plus que la réponse de sa femme. Il jette une poêle dans sa direction, avant de l’attraper par les cheveux, de l’étrangler et de la projeter au sol. Les propos de la victime, absente à l’audience, ont été lus devant le tribunal. Entendue par les gendarmes, elle a exprimé la peur qu’elle a ressentie pour sa vie. Selon elle, si leur fils n’était pas intervenu, elle serait sans doute morte ce jour-là. Elle « toussait et crachait du sang » en essayant de se mettre à l’abri, a-t-elle déclaré aux enquêteurs, tandis que son bourreau lui disait de « stopper son cinéma ».
Le GIGN appelé en renfort
Lorsque le prévenu comprend que les gendarmes allaient bientôt intervenir, il s’est enfermé dans la maison, brandissant un couteau pour éviter toute arrestation. Insultes, jet d’accessoires de cuisine… Une équipe du GIGN est appelée en renfort pour maîtriser l’homme, en proie à une colère incontrôlable et qui détenait chez lui un fusil à plombs. Il est finalement interpellé, après de longs échanges avec les forces de l’ordre qui ont découvert, au passage, 47 pieds de cannabis dans son jardin. L’enquête a révélé de nombreuses autres violences conjugales mais aussi familiales. Début décembre, quelques semaines avant les faits pour lesquels il était jugé ce jeudi, l’homme avait cassé la main de sa compagne, lui occasionnant 65 jours d’ITT. En 2022 il avait était condamné à trois ans de prison avec sursis pour des violences sur leur fils. L’adolescent qui a été lui aussi entendu : « j’ai peur qu’il la tue », avait-il confié aux gendarmes.
Un homme dans le déni
Lors de son jugement, le prévenu a minimisé les faits, expliquant que l’agression était en réalité une tentative de « calmer » sa compagne. Il a qualifié les propos de celle-ci et ceux de son fils de « disproportionnés ». Malgré des témoignages accablants, il s’est décrit comme un homme « gentil », déclarant même vivre « dans l’amour, la paix et la joie ». Un discours rapidement rejeté par le tribunal, qui a souligné le caractère récurrent de ses violences et son déni absolu face à la réalité. Le procureur a insisté sur le fait que l’homme est un récidiviste, et que les faits se sont produits malgré les mesures d’éloignement prononcées à la suite de précédentes condamnations. Au terme du procès, le tribunal a condamné l’homme à quatre ans de prison, dont un an de sursis probatoire. Une interdiction de contact avec la victime et ses enfants a été prononcée, ainsi que le retrait de l’autorité parentale.