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Justice : le parking maudit

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Ce jeudi se tenaient des audiences à juge unique au tribunal de Papeete. En général ce sont des affaires simples et pas très graves, mais qui peuvent avoir des conséquences relativement néfastes au quotidien. Aujourd’hui, c’est une querelle de voisinage à cause d’une place de parking qui a fait le buzz, déchainant insultes et coups et même l’intervention d’un ministre.

Cela fait douze ans que Stellio vit dans sa résidence OPH, il y est comme chez lui et semble y régner comme un potentat. Pas de souci particulier, si ce n’est le problème récurrent de sa place de parking. L’occupant de l’emplacement voisin du sien doit empiéter sur sa place pour pouvoir sortir sa voiture. Et Stellio a un problème avec cela.

Pas de problème tant que le logement était vacant. Sauf qu’un jour, deux sœurs emménagent dans l’appartement, et donc occupent la place de parking qui va avec.

Des pétitions pour faire sortir les deux sœurs de la résidence

Et c’est là que les pea pea commencent avec Vanina, l’une des sœurs locataires. Selon Stellio, celle-ci n’a de cesse d’insulter les membres de sa famille, selon lui « sans raison » mais après tout, « peut-être à cause du parking.» Car Stellio est tenace et peut-être un peu psychorigide. S’il avait passé un arrangement avec les anciens locataires, un arrangement duquel il ne dira mot, visiblement avec les sœurs, il s’est heurté à un mur d’incompréhension.

Ce qui devait arriver, arriva. Après bon nombre de pétitions pour faire sortir les deux sœurs du logement, « car elles n’ont rien à y faire, elles n’auraient pas dû bénéficier de ce logement », et d’insultes échangées sur plusieurs mois, qui ont quasiment toutes débouché sur des plaintes de la part des deux protagonistes, tant à la police municipale qu’à la gendarmerie, ils en sont venus aux mains.

Qui a commencé ? Difficile de trancher, chacun se renvoie la balle. Selon Stellio, Vanina alors dans sa voiture en train de manœuvrer et d’empiéter sur la place de Stellio, lui aurait fait une grimace, style « t’as un problème ? » « Elle m’a provoqué » explique-t-il à la barre. Il se serait alors penché vers la vitre latérale du véhicule de Vanina, qui était ouverte, et lui aurait demandé si elle aussi avait un problème et, « elle m’a tapé, alors je l’ai tapée. ». Du coté de Vanina, absente à l’audience, c’est l’inverse qui se serait passé. Il l’aurait frappé en premier et elle se serait défendue. « C’est de la légitime défense » avance son avocate, précisant, « elle est beaucoup plus petite que lui. »

« Le ministre vous a reçu pour un problème de parking ? »

« Cela a été violent, quand même » relève le juge en notant les 10 jours d’ITT délivrés à Vanina suite à l’incartade. Une ITT délivrée par un médecin complaisant à en croire l’avocat de Stellio.« Ça se passe comment entre vous, maintenant ? » demande le juge. « C’est réglé, explique Stellio, j’ai eu un rendez-vous avec Jean-Christophe Bouissou. »

Le juge en reste baba. « Le ministre vous a reçu pour un problème de parking ??? » « Ben oui, c’est le ministre du Logement » répond Stellio visiblement étonné par la réaction du juge. « Et bien, il ne doit pas avoir un planning chargé s’il vous a reçu. Et depuis, c’est réglé alors ? » « Oui ». On apprendra par l’avocate de Vanina que les deux sœurs ont depuis quitté la résidence. « Vous allez voir le ministre, elles quittent la résidence, et il n’y a plus de problème. C’est bien cela ? » insiste le juge. « C’est cela. »

Des amendes requises

La parole est donnée au procureur. « C’est un litige qui dure depuis plusieurs mois avec des plaintes déposées par chaque partie. On est sur des violences réciproques où chacun accuse l’autre d’avoir commencé et tous deux invoquent la légitime défense. Mais à aucun moment on ne peut retenir la légitime défense, car chacun avait la possibilité de mettre fin à cette violence. Elle en partant avec sa voiture et lui en rentrant chez lui .» 

Ainsi, à l’encontre de Vanina au casier judiciaire vierge il est requis une amende de 30 000 Fcfp et contre Stellio, au casier émaillé de faits de violences, 80 000 Fcfp d’amende dont 50 000 avec sursis, en cas de réitération des faits. On ne sait jamais, le logement ne va pas rester longtemps inoccupé et mieux vaut prévenir que guérir. Le délibéré sera rendu en octobre.