ACTUS LOCALESJUSTICE Justice : le testicule qui valait trois millions Pascal Bastianaggi 2023-11-30 30 Nov 2023 Pascal Bastianaggi Affaire plutôt cocasse ce jeudi au tribunal où une femme comparaissait pour violences volontaires sur son ex-mari. Celui-ci réclamait au titre du préjudice financier la somme de trois millions de Fcfp. Le délibéré sera rendu le 8 décembre. L’homme, un joaillier séparé de sa femme depuis cinq mois, venait de se faire opérer d’une hernie inguinale, avec comme prescription de ne pas faire de mouvements brusques et de rester au repos. Ce qu’il comptait faire avec une amie à qui il avait demandé de passer à son domicile pour qu’elle lui serve de nounou. Sauf que son ex-femme, dans un élan de compassion, sachant qu’il sortait de l’hôpital, a décidé de passer le voir dans la soirée pour prendre de ses nouvelles. Problème, garée devant la maison située dans un lotissement huppé de la cote Ouest, se trouve la voiture de la maitresse de son ex-mari. « J’étais peinée et j’ai voulu voir de visu », explique-t-elle au juge qui lui fait remarquer que « vous n’étiez plus ensemble » Elle grimpe par-dessus le mur de clôture puis, à travers la baie vitrée, aperçoit la nouvelle compagne de l’homme dans une tenue plutôt « olé olé ». Déjà pas vraiment ravie de le voir en charmante compagnie, quand elle se rend compte que la tenue sexy que porte la femme est celle qu’elle avait commandée sur internet avec son ex-mari, elle perd son sang-froid et frappe à la baie vitrée. L’homme se lève, va ouvrir la porte d’entrée et demande à son ancienne compagne de rentrer chez elle. Elle refuse et s’ensuit un jeu de tirage de porte où le mari tente de la fermer et la femme de l’ouvrir. Dans la bousculade l’homme reçoit un coup au testicule gauche. Finalement, l’ex-épouse rentre chez elle. Appelé à la barre, l’homme se présente sûr de lui, sans avocat. Il donne sa version des faits qui diffère peu de celle de son ex, mis à part que l’intruse voulait en découdre avec sa compagne actuelle et que celle-ci s’était réfugiée dans la chambre. « Je ne peux pas savoir quelles sont les pertes qui résultent du Covid ou de votre testicule. » « Ce coup porté à votre testicule, c’était volontaire de sa part ? » interroge le juge. « Non je ne pense pas, c’était dans la bousculade. » « Bon, mais je vois qu’elle est poursuivie pour violences volontaires alors que vous ne savez pas si c’est volontaire ou pas et que vous avez eu quatorze jours d’ITT, sans que la raison en soit indiquée d’ailleurs. Il n’y a nulle trace de lésion de votre testicule dans le certificat médical, à part des efforts imprévus. J’en fait quoi de ce dossier, moi ? » demande-t-il, entre amusement et agaçement. L’homme insiste, « mais j’ai un rapport médical pour mon testicule », « oui, je vois que vous avez fourni un autre rapport médical, mais il n’y a pas d’ITT », réplique le juge. Il poursuit, « Je vois que vous demandez trois millions au titre de préjudice financier, vous pouvez m’expliquer pourquoi ? » « Et bien cela correspond à la perte de mon chiffre d’affaires durant cette période » explique le joaillier, sûr de son fait et brandissant un tableau Excel. Le juge l’observe quelques instants, puis d’un ton où perce une lassitude extrême, dit : « votre tableau englobe les deux années Covid et votre testicule. Personnellement je ne peux pas savoir quelles sont les pertes qui résultent du Covid ou de votre testicule. » Le délibéré dans cette affaire de bijoux de famille sera rendu le 8 décembre. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)