Kaboul (AFP) – L’attaque contre l’Université américaine de Kaboul a pris fin à l’aube jeudi avec la mort de deux assaillants, 10 heures après le début de cette offensive non revendiquée pendant laquelle des étudiants envoyaient des messages de détresse depuis l’intérieur du bâtiment où ils étaient enfermés.
« Nous avons terminé notre opération. Deux assaillants ont été abattus », a déclaré à l’AFP Fraidoun Obaidi, chef de la police judiciaire de Kaboul. Il n’a pas précisé le nombre de victimes, mais le ministère de la Santé avait fait état d’un mort et de 26 blessés mercredi soir.
L’Université américaine d’Afghanistan a ouvert ses portes en 2006 et accueille 1.700 étudiants. Elle a été la cible, indirecte, d’une attaque, lorsque deux de ses professeurs, un Australien et un Américain, ont été enlevés au début du mois.
On ignore leur sort, mais les enlèvements crapuleux d’étrangers sont relativement fréquents à Kaboul.
L’attaque de mercredi soir contre l’Université américaine n’a pour l’heure pas été revendiquée, mais les rebelles talibans sont en pleine offensive estivale dans tout le pays et ont multiplié les attaques ces dernières semaines.
L’offensive a débuté mercredi soir, à l’heure où de nombreux étudiants se trouvaient dans son enceinte pour assister à des cours du soir, une pratique fréquente en Afghanistan où nombre d’étudiants sont également salariés.
« J’ai entendu des explosions, et il y a des tirs près d’ici (…) Notre classe est remplie de fumée et de poussière », a raconté un étudiant joint par téléphone par l’AFP.
« Nous sommes coincés à l’intérieur et nous avons très peur ».
Des dizaines de soldats ont rapidement encerclé le campus attaqué en début de soirée.
Nombre d’étudiants dans l’université ont émis des messages de détresse sur Twitter. Parmi eux Massoud Hossaini, photographe de l’agence de presse américaine Associated Press, qui aurait ensuite réussi à s’échapper avec d’autres étudiants.
« #AUAF attaquée. Des amis et moi nous sommes échappés, plusieurs autres amis et des enseignants sont coincés dedans », a ainsi tweeté le journaliste Ahmad Mukhtar.
« De nombreux étudiants ont été évacués », a indiqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sediq Sediqqi, ajoutant qu’aucune information n’indiquait que les assaillants avaient pris des otages.
– Aide internationale –
Des conseillers militaires, membres de la coalition internationale dirigée par les Américains, ont aidé les forces afghanes à faire face à cette attaque, selon un responsable américain de la Défense.
La Maison Blanche a condamné l’attaque « dans les termes les plus forts ».
Cet établissement d’élite, qui entretient des partenariats et des programmes d’échanges avec de prestigieuses universités américaines comme Georgetown, Stanford et l’Université de Californie, se présente comme « la seule université privée, à but non lucratif, non partisane et mixte d’Afghanistan », république islamique où hommes et femmes sont habituellement séparés.
Les attaques se sont multipliées à Kaboul et à travers le pays, les talibans étant à l’offensive contre le gouvernement soutenu par les Occidentaux.
Les forces afghanes soutenues par l’armée américaine tentent de repousser les insurgés islamistes qui s’approchent de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand.
Les combats s’intensifient dans cette zone du sud de l’Afghanistan, où un soldat américain a été tué par un engin explosif artisanal mardi.
Les déboires au Helmand, déstabilisé par une importante récolte de pavot qui finance l’insurrection, montrent avec quelle rapidité la sécurité se détériore en Afghanistan, près de quinze ans après l’intervention menée par les Américains.
Des milliers de civils ont fui les combats de ces dernières semaines dans le Helmand, entraînant une crise humanitaire, notamment des pénuries d’eau et de nourriture.
Les talibans se rapprochent d’une autre capitale provinciale, Kunduz, nœud stratégique dans le nord du pays qu’ils avaient brièvement conquis il y a un an. Cette conquête constitue leur principale victoire depuis la chute de leur régime en 2001.
Les forces de la coalition internationale assurent néanmoins que ni Kunduz, ni Lashkar Gah ne risquent de tomber aux mains des insurgés.
© AFP WAKIL KOHSAR
Des membres des forces de sécurité afghanes à Kaboul, le 24 août 2016