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Kahiri Endeler repart pour une deuxième saison chez les pros


À 27 ans, Kahiri Endeler est devenu, cette année, le premier Tahitien a intégrer une équipe professionnelle,
EuroCyclingTrips, basée à Guam. Une structure de 3e division et donc un statut précaire, mais un rêve réalisé pour le coureur cycliste. Il voyage autour du monde pour pratiquer sa passion, tout en continuant à œuvrer pour les jeunes du pays.

En 2014 et 2015, Taruia Krainer était passé tout proche de signer professionnel, après avoir été stagiaire à deux reprises dans la célèbre équipe Europcar, alors en deuxième division. Le cyclisme tahitien a finalement dû attendre dix ans de plus, pour voir l’un de ses représentants intégrer une équipe pro : il s’agit de Kahiri Endeler, 27 ans. Dans le haut du panier local, il a signé cette année avec l’équipe guaméenne Eurocyclingtrips – Yoeleo.  Les premiers contacts se sont noués il y a près de deux ans, après la victoire du Polynésien sur la Pacific Cup, disputée à Guam. « J’ai battu tous les coureurs de l’équipe, donc ils m’ont contacté car je remplissais toutes les cases pour intégrer leur équipe », qui prône le développement du cyclisme dans la région. Kahiri y côtoie notamment le métropolitain Thomas Peyroton-Dartet, champion paralympique à Paris six ans après un grave accident sur le tour de Tahiti.

Un quotidien de pro… mais un boulot à côté

Cette équipe évolue en « Continentale », le 3e niveau professionnel. Un niveau particulier, puisque les coureurs ne sont pas forcément rémunérés, selon le pays où leur formation est immatriculée. Ils le sont en France, où la Fédération nationale impose un salaire minimum, mais pas à Guam. Kahiri Endeler a donc le statut de cycliste professionnel, sans le salaire qui va avec. Seuls son matériel et ses frais pendant les compétitions sont pris en charge. Pour se déplacer, il peut compter sur le soutien de la compagnie aérienne locale. « C’est un peu compliqué car je m’entraîne comme un pro, j’ai un rythme de pro, j’ai un suivi médical derrière, ça me prend du temps… et je suis obligé de travailler pour subvenir à mes besoins », détaille le jeune homme, cycliste le matin, consultant en gestion d’entreprises l’après-midi et le soir.

« Pour le moment, je suis jeune, mon objectif est de pouvoir aller le plus loin possible« , positive celui qui, sans trop savoir pourquoi, ne parvient pas à se faire admettre sur les listes des sportifs de haut niveau du Pays. « Pour moi, ce serait un réel avantage, car, au delà du soutien financier, je pourrais bénéficier d’un suivi médical. Actuellement, je paye les kinés, les médecins et la préparation mentale de ma poche, ce qui me coûte beaucoup d’argent ».  Son enthousiasme n’est pas douché pour autant. « C’est une fierté d’avoir pu intégrer cette équipe », alors qu’une place ne s’est libérée que plus d’un an après les premiers contacts entre les deux parties. « Si on m’avait dit il y a 15 ans que j’allais intégrer une équipe pro, je ne l’aurai pas cru. J’y suis arrivé à 27 ans, c’est jamais trop tard, il faut croire en ses rêves, se donner les moyens et se mettre à fond dedans ».

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Rouler autour de la terre

Malgré une année marquée par le décès de son père, son « partenaire de vie », dont il a fallu se relever, Kahiri Endeler a pu effectuer ses premiers tours de roue comme professionnel en juillet. D’abord sur une course d’un jour en Espagne, puis sur un tour de quatre étapes au sultanat d’Oman en septembre. Il a bouclé cette fin d’année par le montagneux Tour de Rio, trois étapes au Brésil début novembre. Passé le plus haut niveau amateur français (2015-2018), celui qui a des origines partagées entre La Réunion et Fakarava a retrouvé chez les professionnels des allures de course qu’il n’avait plus connues depuis la métropole. « Le niveau est à peu près similaire au haut niveau amateur français, qui est le meilleur du monde. Mais les tactiques de course sont plus plus posées, plus cadrées et il y a moins de stress dans le peloton », juge-t-il.

Le Tahitien vient de signer pour une saison de plus et souhaite désormais pousser son potentiel physique à son maximum. « Cette année, j’ai pris les courses qu’il restait, d’autant que j’ai aussi été pris ici par l’organisation du Relais de la flamme. Mais l’an prochain, les courses correspondront un peu plus à mon profil ». Son équipe devrait notamment le mener au Maroc et en Algérie, pour disputer les tours nationaux, des courses de dix jours suffisamment peu vallonnées pour lui plaire. Il devrait aussi participer au championnat de France élite, avec les meilleurs professionnels du pays. « C’est l’occasion de courir avec Alaphilippe, c’est la classe », sourit le Tahitien.

Gagner chez les pros, et développer la relève 

À terme, il espère « remporter une course professionnelle et pouvoir encore évoluer. Ça fait quelques années que je monte les marches tout doucement. Et j’aimerais bien continuer sur cette lancée, et pourquoi pas intégrer une équipe d’un autre niveau, que ce soit deuxième division, ou qui sait, un jour peut-être, World Tour. Les étapes sont longues et le travail va être très difficile, mais en tout cas je me donne les moyens pour réussir et j’espère pouvoir atteindre ces objectifs ».

Kahiri regarde aussi vers les Jeux du Pacifique de 2027, où le cyclisme fera son grand retour. « On connaîtra le parcours avant tout le monde, on connaît les routes et on sera à la maison. C’est une opportunité incroyable et en plus je suis en pleine progression donc j’espère pouvoir y être et pouvoir performer pour la Polynésie ». Cet objectif, il le construit notamment avec la jeune génération. Il contribue, avec Benoît Rivals et François Le Stunff, aux entraînements de la « Génération 2027 », trois fois par semaine. « J’essaie d’être impliqué dans mon sport qui ne demande qu’à ce développer, je pense à ma carrière mais aussi à l’avenir du cyclisme ».

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