Radio1 Tahiti

Kauli Vaast aborde le dernier carré en « guerrier » mais reste « prêt à s’amuser »

©Fédération Française de Surf

À la déception de Vahine Fierro a succédé l’émotion, toute aussi forte, de Kauli Vaast, qualifié ce jeudi après-midi pour les demi-finales au terme d’un duel relevé contre Joan Duru. D’autres larmes pour parler de sa « fierté » d’avoir pu surfer contre le vétéran et capitaine français, et surtout pour exprimer sa joie de se retrouver à un seul heat de la finale. Opposé au Péruvien Alonso Correa, plus abordable que Gabriel Medina ou Jack Robinson dans l’autre demie, l’enfant de la Presqu’île promet d’aller « au bout » de son rêve, et de celui de tout le pays.

Lire aussi : Joan Duru a « zéro regret », puisqu’il sait que « Kauli va gagner »

Un même maillot – bleu, blanc et rouge – mais deux styles qui s’affrontent, ce jeudi en quart de finale de l’épreuve de surf des JO. Avant un heat fratricide entre les deux meilleurs surfeurs français, Kauli Vaast regarde la caméra avec le regard déterminé, l’air concentré, les muscles déjà bandés. À côté de lui sur le bateau, Joan Duru, de 13 ans son aîné, a le rire aux lèvres, le visage décontracté, le signe de main nonchalant avant de sauter lui aussi dans la passe de Hava’e.

L’hyperactivité paie

Le swell a grossi après une matinée des plus molles, et de belles séries font régulièrement gonfler un plan d’eau toujours désordonné par le vent et les pluies de ces derniers jours. Pas de doute sur la stratégie, d’un côté comme de l’autre : la chasse aux tubes est ouverte. Mais là encore, chacun son surf : Kauli, hyperactif, saute sur toutes les ondes qui pourraient se creuser. Joan, lui, couve plus longtemps son surf et ses priorités avant de s’élancer. Résultats : en trente minutes de duel, l’enfant du PK0 enchaînera 9 scores, quand le capitaine des Bleus n’en aura que 4. Cela aurait pu suffire, si Kauli Vaast n’avait pas gardé, tout au long du heat, l’oeil le plus aiguisé.

Certes il y a du « déchet » chez le Tahitien qui n’hésite pas à quitter les vagues pas assez creusées ou trop fermées. Mais ses retours au peak sont fulgurants, et son expertise du spot, évidente. Après un 6.33 à sa quatrième vague, Kauli Vaast enchaînera un 7.33 et un 8.0 sur un des plus belles séries de l’après-midi. Joan Duru, à force de patience, attrape tout de même un rouleau à 7.5, mais il ne fait pas le compte avec ses trois vagues à moins de 5 : le « dernier tube », celui de la victoire, il l’attendra pendant 7 minutes. En vain.

« Je suis hyper fier de Vahine »

Pour Joan Duru, les choses sont simples : Kauli a été le meilleur du heat, et il est « le meilleur » sur le spot. « Zéro regret » puisque son coéquipier « va gagner » la compétition, assure-t-il, « content » et toujours aussi décontracté. Toujours de quoi trancher avec un Kauli qui en deux gestes vainqueurs, est ému aux larmes en parlant de sa « fierté » d’avoir jouté avec ce vétéran du surf français, qu’il connait « depuis toujours ». « Quel honneur d’avoir fait cette série. Il y beaucoup d’émotions parce qu’on s’aime tous les deux et puis surtout on a tout donné on était guerrier dans l’eau. Et jusqu’au bout on a rien lâché, c’est ça qui était beau. Je suis content d’avoir partagé ce moment avec lui. »

Cet esprit guerrier, il compte bien le garder pour le dernier carré olympique. Et continuer aussi à « s’amuser » et à « trouver le rythme ». « Let’s go ! », lance le aito de 22 ans, seul local de la compétition après l’élimination de Vahine Fierro. « Je suis hyper fier de Vahine, de son parcours, de ce qu’elle a fait ces derniers mois. Les efforts qu’elle a fait en compète, les entraînements… », détaille-t-il, sans oublier, dans son boardshort tricolore, de féliciter Johanne Defay. « Ça c’est pour elles, et on va tout donner jusqu’au bout », lance-t-il.

Et pour aller au bout, il faudra se défaire du Péruvien Alonso Correa, tombeur du Japonais Reo Inaba dans le heat précédent. Le Sudaméricain, probablement l’adversaire le plus abordable de ces demi-finales, où Gabriel Medina affronte Jack Robinson, score un 10.50 contre 15.33 pour le Tahitien une demi-heure plus tard. Ce qui ne veut pas dire que tout est gagné. À ce niveau, « personne n’est là par hasard », rappelle Kauli Vaast.