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Kauli Vaast garde « les pieds sur terre » et les yeux sur le CT


Après son « expérience unique » à Paris et avant la reprise des entrainements ce lundi, le champion olympique se confie sur son état d’esprit, sa célébrité « surprise », sa fierté de représenter le fenua. Il parle de sa « tristesse » pour Vahine Fierro, de ses entrainements à venir, notamment avec Hira Teriinatoofa, mais surtout de ses objectifs, inchangés mais « boostés » par ce sacre à la maison. Après une saison WSL compliquée, il vise l’exploit, d’ici octobre, pour enfin intégrer le Championship Tour. Et, à terme, « devenir champion du monde ». « Tout est possible », à condition de « redescendre et se reconcentrer ».

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« J’aurais bien aimé aller à l’eau avec eux ». Ce samedi matin, Kauli Vaast regarde avec envie les jeunes recrues de la Tahiti Nui Surf School s’entrainer sur le sable noir de Papara. Les sessions en groupe, les cours sur la plage, les compétitions juniors, ça n’est pas si lointain pour le Tahitien de 22 ans dont la vie a pris un tournant olympique ces dernières semaines. Depuis son sacre à la maison, le 5 août, entre les parades et célébrations parisiennes, les plateaux télé et interviews à répétition, le champion a quelque peu délaissé ses planches, mais n’a pas quitté sa médaille. « T’imagines si je l’avais laissé tomber dans la Seine ? » sourit-il. Plus d’inquiétude : la précieuse récompense dormira désormais « sous l’oreiller de maman ». L’oreiller, la famille et le retour à l’entrainement, c’est d’ailleurs le programme de l’athlète pour les jours à venir. Mais avant ce repos du guerrier, il s’est prêté samedi de bon cœur à un jeu de questions réponses au centre technique de Popoti. « Le dernier » avant « l’apaisement », prévient son père comme la Fédé.

« Je ne pensais pas qu’autant de gens avaient suivi »

Et ce qui frappe le plus, chez le aito de Vairao, c’est que rien, du podium du PK0 aux multiples ovations métropolitaines, ne semble avoir fait varier son état d’esprit ou ses objectifs. Il revient, calmement, et sans varier dans les termes, sur son parcours dans l’épreuve olympique – notamment ce quart de finale « horrible » et fratricide contre Joan Duru -, sur « l’esprit d’équipe », qui semble l’avoir marqué et porté, au sein de la team tricolore, sur ses efforts de concentration dans le dernier carré de la compétition, entre vague, montagne et soutien familial. Ou sur les décisions à prendre « rapidement » une fois sorti de l’eau. Notamment celle de prendre l’avion, le soir même, sans réellement avoir pu célébrer son titre en famille, entre amis, ou avec les supporters tahitiens.

Un choix qu’il ne regrette pas, loin de là. Paris, c’était l’occasion de profiter du moment et des « derniers instants des Jeux », de sauter sur « l’opportunité d’une vie ». Surf sur la foule ou sur la Seine, passage dans les émissions qu’il regardait jusqu’à présent « depuis son canapé », échanges avec d’autres champions olympiques comme Antoine Dupont ou Léon Marchand, avec qui il a gardé contact, invitation dans des endroits où il n’aurait « jamais pensé se retrouver », « portes qui s’ouvrent », aussi… Les images de cette mini-tournée ont été vues et revues en Polynésie, et lui décrit une « surprise permanente » pendant dix jours. À commencer par la surprise d’être si bien accueilli : « Je ne pensais pas qu’il y avait autant de monde qui avaient suivi, qui étaient là à me supporter et de voir autant de personne me reconnaitre dans la rue… C’était magnifique de voir ça ».

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« Sur le lycra il y a la France, mais il y a Tahiti dans le coeur »

Auprès de ses interlocuteurs parisiens, athlètes, journalistes, officiels ou supporters, le jeune homme s’est souvent retrouvé en position d’ambassadeur du surf, une discipline dont beaucoup « ne savent pas comment ça marche » mais que l’épreuve de Teahupo’o a aidé à « être reconnu comme un vrai sport », dit-il. Ambassadeur, surtout, de la Polynésie. « Sur le lycra il y a la France, mais il y a Tahiti dans le cœur », rappelle celui qui a aussi, ces derniers jours rappelé ses ascendances calédoniennes par sa mère.

Mais c’est bien le fenua qui devrait y gagner dans cette victoire. Les images diffusées pendant les Jeux – les vagues de la Presqu’île, le récif, les baleines évoquées jusque dans le discours de clôture de Tony Estanguet – ont « inspiré beaucoup d’émotions » remarque le champion, qui a été fréquemment interrogé sur sa culture, sur le fenua, le mana, la vague de Teahupo’o… « C’était vraiment fascinant pour les gens qui venaient me parler, décrit-il. Et même la vague : tout le monde m’a parlé de ma première vague en finale, celle où j’ai eu 9.50. Je pense que cette première vague, elle a marquée ».

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Paris, c’était donc une « expérience unique », éreintante, mais aussi très motivante. « J’ai pris toute cette énergie, toute cette bonne vibes… Voir toutes ces personnes heureuses et contentes de ce résultat, c’est un boost incroyable pour reprendre les entrainements, me reconcentrer et me qualifier ». Car les JO « n’étaient pas un objectif » de son début de carrière – en tout avant qu’ils soient programmés à Teahupo’o – et le cap reste le même pour Kauli Vaast : intégrer le Championship Tour WSL dont il a battu certaines des têtes d’affiche à Teahupo’o. Et, un jour, « devenir champion du monde ».

Inspirer les jeunes qui « arrivent en force »

« Tout est possible », c’est d’ailleurs ce que répète aux jeunes de Papara le nouveau numéro 1 français, pas avare en photos souvenirs, et qui prête même sa médaille pour prendre la pose. Depuis son titre olympique, Kauli fait briller les yeux des plus jeunes, qui l’ont acclamé en vedette au pied du podium, à l’aéroport ou sur ce spot de la côte Ouest dont il est pourtant un grand habitué. « Je me suis senti un peu à leur place quand Michel arrivait, quand j’étais petit et que j’étais dans les clubs de surf et j’apprenais… Voir Michel Bourez, c’était ‘wow’, se souvient-il. C’est incroyable de pouvoir voir au fur et à mesure des années ces changements, lui de meilleur surfeur tahitien de tous les temps à légende, et moi, qui viens de faire ma plus belle performance et qui vois tous ces jeunes qui arrivent en force. Là je sais qu’ils étaient à fond et qu’ils étaient vraiment contents d’aller à l’eau ».

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Pas question, tout de même de se laisser éblouir par les feux de la popularité : « C’est quelque chose j’essaie de me focaliser sur mes objectifs qui restent les mêmes. C’est un truc qui arrive assez vite, je suis pas forcément préparé à tout ça mais voilà, je sais que je rencontre beaucoup plus de personnes, il y a beaucoup de portes qui s’ouvrent… Le principal c’est de prendre le temps, et rester concentré, les pieds sur terre ».

Sur la route du CT, « heat by heat »

Les Challengers series devraient quoiqu’il arrive l’aider à revenir à la réalité. Dans cette « deuxième division » de la WSL, qui sert de porte d’entrée au prestigieux Championship Tour, Kauli Vaast a enchaîné les mauvaises performances en début de saison. Son absence à l’étape de Huntington Beach, juste après les Jeux, n’a pas aidé : Kauli Vaast pointe à la 59e position, très loin du Top 10 qualificatif pour l’élite mondiale.  « Honnêtement, je ne sais même pas combien je suis au classement tellement que j’ai pas de résultat » rigole-t-il.

Des résultats, il faudra donc en faire « des très bons », dans les deux dernières étapes de ce tour, au Portugal fin septembre, puis au Brésil courant octobre. Que faudra-t-il au Tahitien pour renverser la tendance dans cette WSL éclipsée par le Jeux ? « Les calculs, papa est assez fort pour ça » répond l’athlète. Au moins des quarts à chaque compétition, complète donc Gaël Vaast, comme souvent aux côtés de son fils. Kauli, lui, s’il « marche mieux quand il a un objectif » cherchera seulement à avancer « heat by heat ». « Déjà il faut redescendre et se reconcentrer », ajoute-t-il, retrouver toute la rigueur et l’hygiène de vie que nécessite le tour mondial, source de fatigue, de variations de poids, de mal de dos après les vols à répétition… Il faut aussi se refaire à l’idée de surfer dans d’autres vagues que Teahupo’o. Des vagues « un peu plus pourries, un peu plus compliquées… avec un peu plus de monde ».

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Si les conditions dans les étapes WSL sont effectivement bien différentes de celles du PK0, sa victoire récente devrait tout de même l’aider : « Je crois que je n’ai jamais été aussi prêt que pour cette compétition là, ça a demandé beaucoup de travail. Mais maintenant je sais comment on peut faire ».

De retour à l’entrainement, avec Hira Teriinatoofa ou Vahine Fierro

Dans ce circuit qualificatif, Kauli Vaast devrait retrouver Vahine Fierro, qui est beaucoup mieux placée que lui dans sa course au CT puisque, malgré sa défaite d’entrée à Huntington, elle pointe à la septième position des Challengers series. La championne de 25 ans, après des interviews pleines d’émotions et de déception lors de son élimination olympique, n’a plus pris la parole en public. « Je sais que c’est compliqué, et ça me rend aussi triste qu’elle, commente Kauli Vaast. C’est hyper dur de surmonter ça. Je lui ai envoyé des messages, de toute façon elle va se ressaisir je le sais, je sais qu’elle va se qualifier. Et quand elle aura un moment elle m’appelera… En tout cas hâte de reprendre les entrainements avec elle.  »

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Des entrainements dans lesquels Kauli sera comme d’habitude bien entouré : en plus de sa famille, il peut compter, par exemple, sur Jimmy Tiapari, sauveteur et membre de la Water patrol, qui le conseille aussi sur sa technique de nage. Ou sur Charles Vandemeulebroucke, son kiné, qui l’a parfois suivi dans des compétitions internationales. Sur son agent à Paris, sa préparatrice mentale, aussi, qu’il consulte en visio et qui est mise à disposition par la team RedBull. Et bien sûr sur ses entraineurs. Le staff de la Fédération française de surf en fait partie : l’enfant de la Presqu’île devrait fréquemment croiser la route de Jérémy Florès dans les prochains mois, mais aussi retourner à l’eau, très bientôt, sous le regard de Hira Terinaatoofa, qui entraine aussi sa sœur Aelan.

Kauli Vaast ne s’étend pas beaucoup sur la polémique de quelques jours autour du « préparateur physique », que l’intéressé, comme Jérémy Florès ou la Fédération française, ont déjà adressé. « Moi je suis parti pour vivre mes Jeux, explique le champion olympique. Forcément tout le monde voulait venir et, pour moi, ça aurait été un bonheur d’avoir tout le monde à Paris. Jérémy, c ‘est le manager, il est venu parce qu’il avait des choses à faire, des rendez-vous là-bas. Ça aurait été fun de pouvoir profiter de tout le monde, mais c’était compliqué ». L’idée : laisser la polémique au passé, et rester « focus » sur son cap. Plus que jamais, Kauli Vaast est prêt à « ne rien lâcher ».