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« La balle est très largement dans le camp d’Air Moana », dit Moetai Brotherson

Interrogé par Nuihau Laurey à l’assemblée, le président du Pays a donné des précisions sur le dossier Air Moana. Selon lui, le Pays a mis en place les conditions du sauvetage financier de la compagnie, non seulement avec un apport de 500 millions dont la deuxième moitié reste à verser, mais aussi avec la possibilité d’une prise de participation au capital à hauteur d’un milliard de la part de la Sofidep. Charge à présent à la direction de la compagnie d’augmenter la participation des investisseurs privés pour débloquer ces sommes.

La séance de questions orales ce matin à l’assemblée a été l’occasion pour Moetai Brotherson, interrogé par le représentant A Here ia Porinetia Nuihau Laurey, de préciser la situation financière dégradée d’Air Moana et l’action du Pays pour lui venir en aide.

La compagnie, qui a besoin de trouver quatre milliards de Fcfp, est toujours en attente de la deuxième tranche de 250 millions de francs de la Sofidep. « Les conditions pour l’obtenir ne sont malheureusement pas encore levées par Air Moana à ce jour » a déclaré Moetai Brotherson ce matin. Cette bouffée d’oxygène, à laquelle pourrait s’ajouter une prise de participation de la Sofidep au capital d’Air Moana à hauteur d’un milliard de francs, est conditionnée par la lettre d’intention du Pays à une augmentation de la participation d’investisseurs privés. Les actionnaires actuels ont récemment débloqué 500 millions, reste encore à trouver deux milliards et demi, ce qui n’est toujours pas fait, malgré les déclarations des dirigeants d’Air Moana qui ont assuré, lors d’une réunion la semaine dernière avec l’État, le Pays et les bailleurs de fonds (AFD et Banque des territoires), avoir « des leviers de nature à rassurer les banques », dit encore le président, sans évoquer les désaccords entre les actionnaires actuels.

Moetai Brotherson continue de justifier son soutien à Air Moana par ce qu’il voit comme une concurrence déloyale. Il reproche à l’ancienne direction d’Air Tahiti d’avoir tiré un avantage indû de son Prêt garanti par l’État de 2 milliards pour se livrer à « une guerre sauvage sur les prix ». 

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« Ce sont ses engagements qui posent problème, ça n’a rien à voir avec notre gestion », accuse Édouard Fritch

Comme à chaque fois qu’il évoque ce dossier, le président du Pays a d’abord pointé la responsabilité de l’ancien gouvernement, qui avait supprimé la possibilité d’accéder à la défiscalisation locale pour les acquisitions d’ATR, une possibilité rétablie en août 2023 par le gouvernement Brotherson. L’accusation a fait bondir Édouard Fritch, qui accuse Moetai Brotherson d’enfumage : « Je dis que c’est un mensonge, disait-il ce matin en évoquant un appel à manifestation d’intérêt dans lequel Air Moana n’avait pu présenter un dossier complet. Effectivement après cet AMI nous avons réservé cette défiscalisation aux avions qui assurent les évasans, parce que pour deux compagnies, une défiscalisation sur 4 ou 5 avions aurait ‘mangé’ tout ce qui était disponible en matière de défiscalisation. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il s’est avancé sur plusieurs sujets (…), sur un apport du Pays d’un milliard, mais la condition suspensive c’est que la société elle-même apporte trois milliards. Elle demande un milliard, c’est bien qu’elle n’a pas les trois milliards ! Ce sont ces engagements (du président, ndr) qui posent problème, mais ça n’a rien à voir avec notre gestion. »

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En somme, pour Edouard Fritch les bonnes intentions affichées par le président du Pays ne sont qu’une façade car il doute que la proposition du Pays suffise à rendre confiance aux investisseurs privés et  à sauver Air Moana. « Se faire traiter de menteur par Édouard Fritch, par le même qui a avoué qu’il avait menti pendant 30 ans, c’est une médaille en fait », a réagi Moetai Brotherson.

À noter enfin que le président du Pays a également indiqué qu’il faudrait revoir le schéma des transports aériens interinsulaires de la Polynésie.