ACTUS LOCALESCULTURENOUVELLE-ZÉLANDEPACIFIQUESOCIÉTÉ La bière d’une microbrasserie canadienne laisse un goût amer en Nouvelle-Zélande Wallis Gleize 2020-06-02 02 Juin 2020 Wallis Gleize Selon nos confrères canadiens de La Presse, une microbrasserie canadienne a suscité la colère en Nouvelle-Zélande après avoir emprunté le nom et l’image caricaturale du premier roi maori pour l’une de ses bières. Pour le porte-parole du mouvement monarchiste Kīngitanga, Rahui Papa, mettre le nom d’un roi maori et son visage sur une bouteille de bière est « un geste stupide ». Selon Taima Moeke-Pickering, directrice de l’École des services sociaux pour les autochtones à l’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario, il y a une part d’ indécence dans ce geste : « Comment vous sentiriez-vous si une personne que vous aimez, que vous vénérez, se retrouvait sur une bouteille de bière ou de vin ? » Cette affiche représenterait davantage un raisonnement raciste et traduirait une forme d’ignorance à l’égard de la culture maori. « Les indigènes ne sont pas des mascottes », insiste-t-elle. La jeune femme, à la double nationalité canadienne et néo-zélandaise,et descendante des tribus Ngati Awa et Tuho, souligne que les Maori sont toujours grandement attachés à la monarchie et au premier roi Potatau Te Wherowhero. Une grosse maladresse Si la Nouvelle-Zélande s’indigne aujourd’hui, cette bière a déjà été fabriquée à trois reprises au cours des cinq dernières années. La brasserie canadienne basée à Saint-Jean-Port-Joli explique avoir voulu rendre hommage à la culture maorie en nommant ainsi cette bière brassée avec des houblons 100% néo-zéalandais. Prenant conscience de sa maladresse, la microbrasserie a présenté ses excuses, et sa direction a promis de retirer l’intégralité des références à la Potatau Te Wherowhero sur son site internet et sur les réseaux sociaux. « C’était de l’appropriation culturelle et c’était clairement une erreur », regrette Alexandre Caron, copropriétaire de l’établissement de Saint-Jean-Port-Joli. Pour Rahui Papa, président du conseil exécutif des peuples Waikato Tainui, la réaction est un peu tardive. « S’ils avaient demandé notre avis, ce ne serait jamais arrivé. Les Maori devraient rendre illégale l’utilisation commerciale, dans d’autres pays, de leurs mots et de leur culture. » Une conviction partagée par Mme Moeke-Pickering. Un problème d’appropriation culturelle En matière d’appropriation culturelle, les exemples sont nombreux, notamment dans le secteur du luxe. Entre le défilé de « blancs africanisés » du créateur Junya Watanabe, les dreadlocks coiffant les mannequins blancs des défilés Marc Jacobs, ou encore le boomerang Chanel inspiré de l’artisanat aborigène vendu à plus de 1 000 dollars…. chacun se fera son opinion. En Nouvelle-Zélande, d’un des incidents les plus récents est celui du Golden Princess, un navire de croisière qui avait (mal) grimé certains de ses employés en guerriers maori pour effectuer une pseudo-cérémonie d’accueil sur le paquebot. ©DR Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tags:racisme