Radio1 Tahiti

La blockchain aborde l’administration par la mer


La DPAM a mis en ligne sa plateforme Ihitai.gov.pf,  « portail du marin » qui doit permettre aux professionnels de la mer de gérer leur carrière et leurs obligations légales en ligne. Un outil qui promet moins de papier et plus d’efficacité pour eux comme pour l’administration, et qui utilise, pour la toute première fois dans les services publics, la technologie de la blockchain pour sécuriser les titres et diplômes maritimes.

Des armoires qui débordent de formulaires, des tableaux Excel qui se multiplient mais ne se croisent pas, des temps de saisie et de traitement toujours plus longs, des armateurs qui peinent à se retrouver dans les demandes de l’administration… À la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM), il était devenu depuis longtemps évident que les relations avec les professionnels devaient être améliorées… et, forcément numérisées. Plus facile à dire qu’à faire : entre les contraintes techniques – la direction voulait un portail qui puisse facilement évoluer dans le temps – et règlementaires – le Pays est en charge, depuis 2004, des diplômes et titres maritimes – il aura fallu plus de deux ans pour faire aboutir ce projet de « portail du marin ». Après des longues période de développement avec les professionnels et des prestataires spécialisés, Ihitai.gov.pf, a finalement été mis en ligne en milieu de semaine.

Qualifications, aptitude médical, brevets…

« Il s’agit d’une première version, encore incomplète, soyez indulgent », prévient la directrice des affaires maritimes Cathy Rocheteau. Mais comme le pointent les armateurs, cette première version, formatée pour les ordinateurs comme les smartphones, va déjà « faciliter la vie à tout le monde ». Les employeurs et capitaines pourront y entrer les informations légales sur leurs équipes, leurs campagnes, les temps passés en mer… Les marins auront leur propre accès, pour mettre à jour une fiche personnelle et, eux aussi, gérer leur formalités. « Ils pourront voir leur compte personnel, la situation de leur brevet, la situation de l’aptitude médicale, par exemple, est-ce qu’ils sont à jour, est-ce qu’ils ont à repasser, détaille la directrice. Et ils pourront accéder, en fonction des modules de qualification qu’ils vont passer, à leur note, puisque petit à petit nous allons intégrer les résultats des commissions avec les notations. »

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/08/IHITAI-DPAM-1-cathy-rochetau.wav?_=1

Qui dit gestion des titres et brevets dit besoin de sécurité. La DSI, qui a travaillé avec la DPAM sur ce projet, aurait pu choisir un chiffrement classique pour authentifier, en ligne, les diplômes. Elle a fait le choix d’utiliser la blockchain, qui utilise un réseau décentralisé pour crypter et donc sécuriser les informations.

5 000 professionnels concernés

Ce « tiers de confiance » garantit sur Ihitai l’identité du marin, et la validité des diplômes délivrés par le Pays, « pour éviter toute falsification et usurpation d’identité ». L’usage de cette technologie est une première dans l’administration du Pays, mais probablement pas la dernière. « Objectivement c’est autant une validation de cette technologie qu’un choix technique, explique Jean Philippe Pealat, directeur du système d’information du gouvernement. C’est sans doute quelque chose qu’on va déployer à plus grande échelle pour des raisons économiques – ça plus être plus avantageux dans certains cas – mais aussi parce qu’on arrive à une maturité de la blockchain, qui a été regardée au début plutôt pour des utilisations de cryptomonnaies. Mais en fait la blockchain peut avoir beaucoup d’autres usages, dont la certification. » Du côté de la Direction générale de l’économie numérique, on explique que cette initiative s’inscrit parfaitement dans la stratégie numérique en cours de validation à la présidence.

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/08/IHITAI-2bis-blockchain.wav?_=2

Au total, ce sont 5 000 professionnels de la mer, du pêcheur côtier au capitaine de thonier hauturier qui sont concernés par ce nouvel outil, d’ores et déjà traduit en Reo Tahiti.