Amine Sekkat, directeur général délégué depuis 2017 s’apprête à quitter la Brasserie de Tahiti. Il sera remplacé, à partir du 1er mai, par Bruno Bellanger, aussi aux manettes de la filiale Plastiserd. Jean-Pierre Fourcade, qui reste le PDG, n’a pas donné d’explications à ce changement de tête, présenté comme une décision personnelle par le dirigeant sortant. Du côté des syndicats, on fait toutefois état de tensions au sein du groupe, qui compte au total 1700 collaborateurs.
L’annonce, faite aux directeurs du groupe en début de semaine, s’est rapidement propagée dans les filiales, et en a surpris plus d’un au sein de la Brasserie de Tahiti. Le navire amiral du groupe Martin va changer de capitaine. Ou en tout cas de second, puisque Jean-Pierre Fourcade reste Président directeur-général. Mais dans les bureaux de la cathédrale, c’est un directeur général délégué qui est le chef d’orchestre, au quotidien, de ce groupe qui compte, en incluant toutes les activités industrielles et de distribution, les pôles hôtelier, maritime et immobilier, qui sont cloisonnés du reste de l’activité, environ 1700 collaborateurs.
Depuis juillet 2017, c’est Amine Sekkat, ancien directeur financier, et qui avait remplacé Thierry Mosser, qui rempli ces fonctions de directeur général délégué. Elles prendront fin au 1er mai, « ainsi que ses autres fonctions au sein du groupe », comme l’a annoncé le PDG aux dirigeants généraux. À cette date, c’est Bruno Bellanger, aux manettes de Plastiserd, filiale de la Brasserie spécialisée dans les emballages et comptant un peu plus de 90 salariés, qui deviendra directeur général délégué.
Effort de diversification
Dans son courrier, Jean-Pierre Fourcade prend soin de remercier Amine Sekkat pour « son engagement et sa contribution au développement de l’entreprise ». Il est vrai que le groupe a beaucoup évolué en sept années, ne serait-ce que par les nombreuses acquisitions qui ont été réalisées. Après le rachat des hôtels Pearl Beach en 2017, la Brasserie a notamment investi dans l’activité d’importation et de distribution, notamment avec la prise de contrôle de Morgan Vernex en 2019, ou de Tallin-PI en 2022… La Brasserie a effectué d’autres opérations, comme l’absorption de Polypress et de certains titres du groupe La Dépêche au sein de son activité d’édition et d’imprimerie, construit autour de STP-Multipress. Mais surtout, le groupe s’est solidement implanté dans la grande distribution ces 18 derniers mois, avec les rachats, tous validés par l’Autorité polynésienne de la concurrence, de Hyper U Pirae, des Happy Market de Faa’a puis de Paea, et d’un projet de supermarché en développement à Moorea.
« Décision personnelle », ou besoin de relance ?
Le PDG, en revanche, ne précise pas les raisons de ce départ, jugé « soudain » par beaucoup de collaborateurs. Dans un message séparé, et lui aussi interne, Amine Sekkat évoque une « décision difficile » qu’il aurait prise lui-même pour être « plus disponible pour sa famille ». Avant d’assurer à la fois de sa « profonde gratitude » envers son PDG après onze ans au sein du groupe, et son « entière confiance » envers son successeur.
Du côté des syndicats, on suggère que d’autres raisons auraient pu motiver ce départ, et on précise que le contexte social du groupe a eu tendance à se tendre ces derniers mois. Certains délégués évoquent des « départs de cadres » et des sanctions de salariés « plus fréquentes » qu’à l’accoutumée. Le comité d’entreprise aurait en outre demandé en début d’année un audit social et financier de la Brasserie, qui doit être réalisé dans les semaines à venir. Bruno Bellanger, qui reste directeur général délégué de Plastiserd malgré ses nouvelles fonctions, s’est vu fixé comme mission de « poursuivre le développement » du groupe. Mais il devra probablement commencer par calmer les esprits.