Déjà étrillée par le rapport de la chambre territoriale des comptes, la commune de Manihi s’est vu refuser par le conseil des ministres une subvention de 113 millions de francs pour renouveler le parc de batteries de sa centrale hybride, qui ne fonctionne plus qu’au gazole depuis plusieurs mois. Le projet doit être revu avec l’aide d’un bureau d’études.
Pas de subvention de la Délégation au développement des communes pour Mahini : c’est ce qu’a décidé le conseil des ministres du 14 novembre, suivant en cela l’avis du Service des énergies. Depuis des mois, la centrale de l’île ne fonctionne qu’avec les groupes électrogènes au gazole. Et pas très bien, si l’on en juge par les avis de coupure : l’entretien et les réparations ont occasionné pas moins de 5 coupures depuis le début du seul mois de novembre.
La commune, qui a inauguré sa centrale hybride photovoltaïque-gazole en 2018, avait en réalité rapidement connu des problèmes sur ses batteries au plomb. Selon le dernier rapport de la chambre territoriale des comptes, le champ photovoltaïque sous-dimensionné pour des raisons budgétaires conduisait au « démarrage systématique du groupe électrogène en milieu d’après-midi pour recharger les batteries «, et les cycles de recharge et décharge rapprochés – deux par jour au lieu d’un – provoquaient « non seulement une baisse de leurs capacités mais aussi une usure prématurée » de ces batteries.
Elles ont été entièrement remplacées (et attendaient, stockées en plein air, un « hypothétique enlèvement » au moment de la publication de la CTC) mais leur durée de vie est estimée à huit ans. Le conseil municipal avait donc acté en août 2023 un investissement de 97 millions de francs pour le rachat de batteries au lithium, à déployer en 2025, plus performantes, plus durables et couvertes par une plus longue garantie. Le montant avait encore augmenté, puisqu’il était demandé à la DDC une subvention de 113 millions. La CTC écrivait que les techniciens communaux étaient « trop peu formés sur ces centrales » et qu’il était « indispensable » d’avoir « l’accompagnement d’un technicien externe plus performant pour l’exploitation des centrales hybrides. »
Toutefois le même conseil des ministres a prorogé jusqu’au 1er avril 2026 son accord de principe sur la participation du Pays. De quoi attendre les conclusions du bureau d’études que la commune a sollicité.