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La CSTP-FO perd sa première place dans la fonction publique territoriale

Le Pays a officialisé ce vendredi les résultats des élections des représentants du personnel dans les commissions administratives paritaires. La CSTP-FO, arrivée première il y a deux ans, est dépassée en nombre de voix par la Fraap de Jean-Paul Urima, et fait jeu égal avec A Tia I Mua en nombre de sièges. La confédération de Patrick Galenon, qui devrait rester « premier syndicat du pays » grâce à son poids dans le privé, a notamment perdu du terrain au CHPF, du fait de sa séparation avec la Fissap de Mireille Duval.

Entre 4 500 et 5 000 fonctionnaires répartis dans une cinquantaine de services et établissements, et classés en 29 catégories socio-professionnelles. Les élections de la fonction publique territoriale, ce ne sont peut-être pas les législatives, mais c’est tout de même une logistique importante. Organisées tous les deux ans, dans toutes les administrations du Pays en même temps, elles visent à élire les représentants du personnel dans les commissions administratives paritiaires (CAP). Face aux délégués des employeurs publics, les syndicalistes y discutent des tableaux d’avancement, des titularisations, promotions, stages, mutations, notations, des mesures disciplinaires ou de licenciements et même de certaines décisions concernant les congés, horaires ou disponibilités… Bref tout ce qui peut affecter la carrière des agents.

Forcément, le scrutin est plus concernant que certaines élections nationales ou européennes : 3 414 voix ont été enregistrées cette année, dans les urnes ou par correspondance, entre avril et juin. Le processus de collecte et de dépouillement est long – il a par exemple fallu attendre la voix de l’unique votant de Rapa, envoyée par bateau – et les résultats n’ont été publiés que ce 5 juillet au Journal officiel. Dans le Landerneau syndical, pourtant, le mot s’était passé bien avant cette officialisation : la CSTP-FO a perdu sa première place dans la fonction publique territoriale.

Jean-Paul Urima frappe un grand coup

Le syndicat de Patrick Galenon, première organisation du pays, a ainsi récolté 753 voix dans cette élection, soit 22% des suffrages. C’est un peu mieux que son rival de toujours A Tia i Mua (731 voix, 21%), mais pour la première fois, les deux centrales sont dépassées par la Fraap. Cette « Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie » créée en 2017 par Jean-Paul Urima, un ancien de Force ouvrière qui avait un temps tenté sa chance dans la guerre des chefs de la confédération, ne fait aujourd’hui pas partie des cinq centrales « représentatives au niveau de la Polynésie », reconnues par arrêté sur les bases de résultats du privé. Mais dans le public, elle fait peu à peu son trou, suivant une ligne « dure », n’hésitant pas à accuser des chefs d’administration de « pratiques mafieuses », ou à menacer les départs en vacances de grève dans les aéroports. Pour expliquer ses bons scores chez les attachés d’administration, rédacteurs, adjoints administratifs et d’éducation ou chez les agents techniques, la Fraap, se dit, elle, « bien organisée », « à l’écoute des agents ». La Fraap a aussi pu compter, dans ce scrutin, d’un nouveau plébiscite chez les pompiers d’aéroport, avec 100% des voix et des sièges, grâce au syndicat affilié de Gérard Barff, secrétaire général adjoint de la jeune fédération.

Si Jean-Paul Urima frappe un grand coup, c’est en ayant réussi à attirer certains sympathisants et militants historiques d’autres centrales, mais c’est aussi parce que la confédération de Patrick Galenon a subi une séparation douloureuse au CHPF. Mireille Duval, ancienne secrétaire générale adjointe de la CSTP-FO, avait fini, après plusieurs accrocs, par s’en séparer au sortir de la crise Covid, en compagnie de sa fédération, la Fissap. La « Fédération des Interprofessionnels des Services de la Santé en Polynésie » réunit à elle seule 377 voix – presque autant que le Syndicat de la fonction publique d’Olivier Champion, qui réunit 388 voix et 11,4% des suffrages. Et elles sont concentrées sur le Taaone : sages-femmes, infirmiers, agents et aides medico-techniques tombent tous dans l’escarcelle de la fédération sécessionniste.

Changement de classement ? 

Grâce à ce résultat, la Fraap devrait hériter de deux sièges au Conseil supérieur de la fonction publique, contre un pour ses quatre principaux concurrents. Mais elle est toutefois présente dans moins de CAP que A Tia i Mua ou la CSTP-FO et reste en léger retrait en nombre de sièges. 18, contre 21 pour les centrales de Patrick Galenon et Avaiki Teuiau, qui ne devraient pas perdre leur poids dans les négociations face au Pays. Le classement de la représentativité syndicale établi par l’administration – et qui est synonyme de décharges et subventions – ne porte en effet que sur le privé. Au dernier décompte, basé sur les élections de 2021 et 2022 la CSTP-FO conservait 25,8% des suffrages territoriaux, devant A Tia i Mua (19,5%), Otahi (17,42%), la CSIP (17,25%) et O Oe to Oe Rima (10,56%). La Fraap, elle est surtout mobilisée dans le public, et demande, sans surprise à faire évoluer les règles « obsolètes » de cette représentativité.

Résultats des élections de CAP dans la fonction publique territoriale

  • Fraap, 915 voix (26,8%), 18 sièges
  • CSTP-FO, 753 voix (22,1%) 21 sièges
  • A tia i Mua, 731 voix (21,4%), 21 sièges
  • SFP, 388 voix, 11,4%, 13 sièges
  • Fissap, 377 voix, 11%, 15 sièges
  • Sapp – Syndicat des agents publics de Polynésie), 89 voix (2,6%), 1 siège
  • CSIP, 85 voix (2,5%), 1 siège
  • SPHPF, Syndicat des Praticiens Hospitaliers, 39 voix (1,1%), 3 sièges
  • Unsa territoriaux, 37 voix (1,1%), 1 siège
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