ACTUS LOCALESLOGEMENT

La Délégation à l’habitat et à la ville fait le point sur la politique du logement

©CP/Radio1

Mahieddine Hedli, créateur et directeur de la Délégation à l’habitat et à la ville depuis novembre 2016, est sur le point de quitter la Polynésie. L’occasion de tirer un premier bilan de l’action de ce service, chargé de structurer la politique du logement du Pays, en collaboration avec l’État et les communes, et qui compte aujourd’hui 12 personnes. Les actions que la DHV met en place seront incluses dans le contrat de transformation que le Pays doit signer avec le Président de la République.

La Délégation à l’habitat et à la ville a pour mission de donner les impulsions, de coordonner et d’animer les politiques publiques du Pays, des communes et de l’État en matière d’habitat et d’urbanisme. Parmi ses objectifs : trouver les stratégies et les moyens d’entamer enfin la rénovation urbaine, de résorber l’habitat insalubre, et de répondre à la demande de 30 000 logements en Polynésie.

4 plans de rénovation urbaine pour la fin du 1er trimestre

C’est ainsi que sont nés les Plans de rénovations urbaine (PRU) qui sont en phase de finalisation – pour Mahina, Papeete, Pirae et Punaauia – avec leurs maquettes financières pluriannuelles. Ils devront être validés par les équipes communales issues des prochaines élections. La conduite de ces projets de rénovation urbaine devrait s’échelonner sur 6 à 8 ans, et la maîtrise d’œuvre sera confiée à l’opérateur aménageur dont la création est annoncée pour les prochaines semaines. Les premiers investissements sont attendus en 2020/2021 en logement social, logement intermédiaire, aménagement des voiries, d’espaces verts et d’équipements publics.

La lutte contre l’habitat indigne

La DHV travaille aussi sur la réglementation et l’intervention en matière de résorption de l’habitat insalubre. La Délégation évoque des chiffres inquiétants :  10 à 11 000 logements sur la zone urbaine de Tahiti, qui abritent entre 60 000 et 80 000 personnes.

En discussion également : la création d’un opérateur spécialisé dans le secteur de l’habitat dégradé pour aider les familles qui vivent dans des zones à risques, et pour aider à la rénovation de logements vacants en zone urbaine. Une étude est justement en cours sur les incitations aux propriétaires de logements vacants, dont le nombre est estimé à 1 000 sur la zone urbaine, pour qu’ils les remettent sur le marché.

Le bilan du « Plan 3 000 logements »

Ce plan sur la période 2018-2020 s’appuie sur l’OPH, qui va bientôt pouvoir acheter quelque 200 logements en VEFA (vente en état futur d’achèvement) pour compléter son offre nouvelle, mais aussi sur les organismes de logement social privés, qui ont déjà produit entre 160 et 180 logements, et sur l’ Aide à l’investissement des ménages (AIM) pour l’accession à la propriété – environ 200 aides par an – ou la rénovation .

Après des années de construction de grands ensembles de logement social, la tendance est à la construction de plus petits projets, « à taille humaine, à proximité des services. »

Dans sa première année (2018), le plan a vu la mise en chantier de 1 124 nouveaux logements pour 1 626 logements financés. En 2019, ce sont 1 500 à 1 600 logement financés et plus de 1 200 logements mis en chantier. La DHV estime que les objectifs seront remplis, c’est-à-dire les derniers logements livrés, à la mi-2021.

Reste que, admet Mahieddine Hedli, malgré les aides du Pays « les ménages les plus modestes, autour de 2 Smic, peinent de plus en plus à accéder à un toit de qualité et abordable ». Il estime qu’il faudra « apporter des correctifs» à ces aides pour pallier « un effet pervers de la relance du marché immobilier ». 

La folie Air BnB : « quelques réglages à faire »

La DHV a lancé une étude sur le fonctionnement du marché immobilier local. Les prix de l’immobilier sont orientés à la hausse, et les résidents de Tahiti et Moorea, voire de Bora Bora, commencent à faire part de difficultés réelles à trouver des locations à long terme à des tarifs abordables. « C’est une question tout à fait centrale, dit Mahieddine Hedli. Il nous faut trouver un équilibre entre une dynamique d’activité et d’emploi dans le secteur de l’habitat, une dynamique investisseurs puisqu’il nous faut une offre qui nous permette de compenser l’absence de capacité de nuitées, mais il nous faut aussi loger les familles. Il y a là, véritablement, quelques réglages à faire. Je ne préjuge pas des décisions qui seront prises par le Pays, mais ce qui est clair c’est que nous avons besoin d’un marché diversifié. »

Structuration de la filière bois

Autre motif de satisfaction pour la DHV : la montée en puissance de la filière bois pour l’habitat, notamment pour les 400 à 500 fare OPH livrés chaque année. « Le bois local est maintenant normé par des experts nationaux, le Pays a investi dans 5 scieries, dont certains employés ont été envoyés en métropole pour se former à la coupe de bois, et la production a déjà augmenté. » La politique de reboisement durable est en place. Un secteur qui se restructure, et avec lequel sont aussi étudiés, à la demande de la ministre du Tourisme, des prototypes de fare destinés aux structures d’accueil touristique.

Une « Politique publique de l’habitat 2020-2030 » avant la fin de l’année

Enfin, un groupement d’études rendra avant la fin de l’année un document de cadrage pour les 10 prochaines années. Mahieddine Hedli prévient : « il faudra mobiliser des moyens importants pour réussir. »

« Je ne repars pas mécontent, mais avec le sentiment d’avoir travaillé avec des partenaires, une population, mais aussi des élus, un gouvernement, dans les communes, un certain nombre de représentants socio-professionnels qui savent ce dont ils parlent, (…) donc je pars serein , surtout que l’équipe en place aujourd’hui connaît ses dossiers et fera en sorte que ça continue. Et si j’avais à remercier un acteur en particulier, je remercierais la population polynésienne, qui fait preuve de patience (…) ».

Mahieddine Hedli retourne à Paris, où il reprendra mi-mars son poste de directeur outre-mer de l’Union sociale de l’habitat, qui fédère tous les organismes HLM de France. À Papeete, la DHV sera dirigée, après son départ, par Emmanuelle Thunot qui l’avait rejoint dès la création du service. La Délégation va également emménager dans des locaux plus spacieux. Dans ses nouvelles fonctions en métropole, va-t-il garder un œil sur ce qui se passe en Polynésie ? « Certainement » répond Mahieddine Hedli dans un sourire .

Article précedent

Le FIP donne un coup de fouet aux investissements des communes

Article suivant

Route du Sud : le collectif Mata Atea roule pour Tony Géros

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

La Délégation à l’habitat et à la ville fait le point sur la politique du logement