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La dépression liée à une inflammation du cerveau

Une étude canadienne prouve que les personnes dépressives souffrent d’une inflammation cérébrale.

C’est une piste depuis longtemps évoquée par les spécialistes : les personnes dépressives présenteraient une inflammation du cerveau. Une étude canadienne, publiée dans l’édition de mars du JAMA Psychiatry, précise en tout cas cette hypothèse. Les chercheurs du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto, qui ont mesuré pour la première fois le niveau d’inflammation directement dans le cerveau, ouvrent ainsi la voie à de nouveaux traitements. Une précédente étude, parue dans le JAMA Psychiatry en octobre dernier, avait d’ailleurs déjà observé un lien entre la prescription d’anti-inflammatoires et une réduction des symptômes dépressifs.

Le cerveau de 40 patients au scanner. Pour réaliser cette étude, l’équipe du docteur Jeffrey Meyer a recruté vingt patients souffrant de dépression, mais ne prenant pas de médicaments depuis six semaines, et vingt sujets sans trouble particulier. Tous ont passé un examen d’imagerie médicale, le PET scan, permettant de mettre en avant des anomalies dans le cerveau.

En analysant les différents clichés, les chercheurs ont alors constaté une présence bien plus élevée de protéines dites « de translocation » (TSPOVt) chez les patients dépressifs. Ces protéines sont produites en grande quantité lorsque le système immunitaire du cerveau est activé durant une inflammation.

Qui dit dépression, dit inflammation du cerveau. Le résultat est sans appel : l’inflammation est plus élevée de 30% chez les patients dépressifs. Une inflammation qui touche trois zones du cerveau, à savoir le cortex préfrontal, le cortex cingulaire antérieur et l’insula. Et chez les patients dont la dépression est la plus sévère, les chercheurs constatent une présence de protéines de translocation encore plus élevée.

La dépression, une maladie infectieuse ? “Ces résultats fournissent la preuve la plus solide à ce jour de l’inflammation du cerveau pendant un épisode de dépression”, résume ainsi le Dr Jeffrey Meyer. Cette étude vient enfin confirmer la piste selon laquelle la dépression serait une maladie infectieuse. Les personnes qui en souffrent sont en tout cas victimes des symptômes typiques d’une maladie infectieuse, comme la perte d’énergie, la difficulté à sortir du lit et la perte d’intérêt.

Une piste déjà constatée par plusieurs spécialistes de la santé. “Ce processus inflammatoire est un des mécanismes possibles qui permettraient de comprendre les liens entre maladie du corps et dépression du cerveau. L’inflammation est une réaction en défense à une agression. Pour les personnes dépressives, il n’est donc pas surprenant de constater une inflammation cérébrale”, commente Philippe Gorwood, psychiatre de l’unité Centre de psychiatrie et neurosciences de l’INSERM, contacté par Europe 1.

Le spécialiste avance toutefois quelques limites notamment liées au fait qu’il est difficile de connaître l’origine de l’inflammation. “L’étude ne donne jamais de causalité. Cette inflammation pourrait par exemple être liée à la perte de son travail, donc à quelque chose d’antérieur à la dépression, puisque le processus inflammatoire n’est pas seulement impliqué dans cette maladie”, prévient le spécialiste, qui confirme toutefois que cette étude a le mérite de confirmer “une réaction inflammatoire des personnes victimes de dépression”.

Vers de nouveaux traitements ? Cette étude pose donc la question d’un nouveau traitement de la dépression. Un traitement qui inverserait le mécanisme immunitaire du cerveau pour réduire les symptômes de la dépression. La piste inflammatoire suscite par ailleurs de nombreux espoirs dans le traitement de la dépression, sachant qu’à l’heure actuelle trois patients dépressifs sur dix sont résistants aux traitements.

Selon Philippe Gorwood, les anti-inflammatoires sont d’ores et déjà prescrits à certains patients pour le traitement de la dépression. “Mais ces anti-inflammatoires sont prescrits en complément à des antidépresseurs. L’idée serait donc de travailler et de développer ces traitement anti-inflammatoires pour qu’ils ciblent mieux les zones du cerveau à traiter”, anticipe le spécialiste.

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Source : Europe1

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