La mise en place du confinement, le 21 mars, avait provoqué l’arrêt complet de la distribution. Partagée entre les craintes légitimes de ses employés, les besoins des administrations et des entreprises, et les consignes des autorités, Fare Rata tente d’adapter son activité au contexte de crise sanitaire. Ce mercredi, le président Édouard Fritch et le Haut-commissaire Dominique Sorain ont visité des installations de la filiale de l’OPT à Papeete et Faa’a, pour faire le point sur cette reprise pour l’instant très partielle. La distribution du courrier en boites postales devrait tout de même reprendre progressivement à partir de demain.
Des agents en combinaison blanche et masques anti-gaz, un sas de sécurité où les sacs de courriers sont désinfectés, des « box » en contreplaqué pour « confiner » les plis pendant deux à trois jours avant d’être traités… Rien n’est laissé au hasard, à la poste de Papeete, qui a partiellement repris le travail depuis la semaine dernière, dans des conditions de sécurité renforcées. Dans le bureau, seule une petite partie des effectifs est en activité, et c’est d’abord le courrier des administrations, banques et entreprises qui est traité. Celui des particuliers suivra, à partir de cette fin de semaine, avec des retards d’acheminement conséquents. Pour Maheanuu Pihatarioe, chef d’agence par intérim, il était important de définir des procédures qui protègent les employés : en la matière, Fare Rata a dû selon lui « innover » pour s’adapter à l’épidémie.
Un tiers des effectifs mobilisés
Les services postaux du Pays se sont arrêtés net lors de l’annonce du confinement, le 20 mars dernier. Manque de précision de certaines consignes, manque d’information sur les risques sanitaires ou de moyens de protection, craintes du personnel… Fare Rata, qui compte près de 500 collaborateurs dans 87 bureaux de poste, dont beaucoup sont les seuls guichets de leurs îles, a d’abord privilégié la continuité de l’activité financière. « Un service essentiel à la population », comme le précise le directeur Benjamin Teihotu.
30% des effectifs de la filiale postale et financière de l’OPT seraient aujourd’hui sur le pont, et le chiffre pourrait monter à 50% dans les prochains jours, avec la reprise progressive, à Tahiti et Moorea, de la distribution du courrier en boite postale. Les colis et plis à destination des îles vont quant à eux être acheminés par voie maritime. L’international, lui, attendra la reprise du traffic aérien.
« Concilier » la sécurité et les besoins d’activité
Fare Rata est, depuis le début de cette crise, sous la pression des entreprises, banques et administrations qui ont souvent besoin de la distribution du courrier pour fonctionner. Ou celle du Haussariat, qui, dès le 26 mars a exigé une reprise « a minima » de la distribution postale. Mais d’après Benjamin Teihotu, c’est avant tout l’exigence de sécurité qui a primé.
Dans les couloirs de la poste de Papeete, puis du centre de tri de Faa’a, cette après-midi, Dominique Sorain et Édouard Fritch ont donc salué la « montée en puissance » du traitement du courrier. Pour le président du Pays, l’important est surtout que la poste puisse permettre aux entreprises de fonctionner. « Nous avons besoin de cette énergie », de ce « moteur économique », explique-t-il.
Côté financier, il est encore « trop tôt » pour dire comment l’OPT va traverser la crise, explique son PDG Jean-François Martin. Le confinement a fait baisser de 80% l’activité du groupe (78% en volume financier). La reprise de l’activité, déjà entamée, parait être une nécessité : à la date du 14 avril, et en comptant les télécommunications, l’OPT compte, en plus des 9% de salariés en congés maladie, 56% de son personnel en congés payés… Qui ne dureront pas éternellement.