L’exécution par l’EI de leur fils, soldat du régime de Bachar Al-Assad, a été mise en scène, filmée et diffusée par le groupe djihadiste. L’un des bourreaux est un combattant français de l’organisation.
En novembre 2014, la France découvrait le visage de Maxime Hauchard, un Normand de 23 ans, parti grossir les rangs de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI). Ce jeune converti apparaissait alors dans une vidéo à la mise en scène insoutenable présentant la décapitation de l’otage américain Peter Kassig, suivie de celle de 18 hommes, présentés par l’organisation comme des soldats syriens. Une information judiciaire à son encontre avait été ouverte dans la foulée.
Et près d’un an plus tard, la justice française vient de prendre une décision inédite. Comme le rapporte Le Monde, le 24 septembre dernier, une plainte émanant de la famille d’une victime syrienne contre un djihadiste français a été déclaré recevable par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Explications.
Une famille originaire de Homs. Cette famille, originaire de Homs, assure avoir reconnu son fils dans la vidéo de propagande de l’EI. C’est l’un des 18 soldats syriens exécutés au couteau. Maxime Hauchard n’est pas son bourreau : il se trouve juste à côté et décapite un autre soldat syrien. Pour cette raison, une première requête de la famille avait été rejetée par le juge d’instruction en mars dernier. Le magistrat estimait par ailleurs qu’il était impossible d’établir précisément l’identité du soldat. La famille a donc obtenu gain de cause en appel, notamment sur « la véracité de la reconnaissance formelle » de leur fils, acquise grâce à la transmission de nouvelles photos.
Pourquoi une telle procédure ? Cette démarche tout à fait inédite s’inscrit en revanche dans une stratégie plus large, initiée par l’avocat français de la famille. Selon le Monde, Me Fabrice Deline, proche du Front National, est un partisan du dialogue avec le régime de Bachar El-Assad. L’homme, invité par le bâtonnier de Damas, s’est d’ailleurs rendu en Syrie en octobre 2013. Avec cet arrêt de la chambre de l’instruction, l’avocat espère ouvrir la voie à d’autres familles de victimes des exactions de djihadistes français. Et en creux, la réactivation de la coopération judiciaire entre la France et la Syrie, aujourd’hui inexistante.