Washington (AFP) – La Banque centrale américaine (Fed) a opté mercredi pour le statu quo monétaire mais a ouvert la voie à une prochaine hausse des taux en brossant le tableau d’une économie américaine renforcée et moins vulnérable.
A l’issue de deux jours de réunion, son Comité de politique monétaire (FOMC) a choisi de maintenir les taux directeurs à leur niveau actuel (entre 0,25 et 0,50%) et de différer une nouvelle fois la normalisation de sa politique monétaire entamée en décembre dernier.
Cette décision était largement attendue mais les membres de la Fed ont en revanche surpris par leur optimisme et le peu d’importance accordé à l’incertitude liée au vote britannique sur une sortie de l’Union européenne.
Le FOMC a certes répété qu’il surveillerait « étroitement » l’évolution de la situation économique et financière mondiale mais s’est montré peu inquiet de l’impact du Brexit pour les Etats-Unis.
« Les risques à court terme sur les perspectives économiques ont diminué », indique même son communiqué.
« Sur le Brexit ou d’autres craintes à l’international (…), les membres de la Fed semblent avoir dit +peu importe+ en les reléguant parmi les facteurs qu’ils surveillaient », a estimé l’économiste Joel Naroff.
Lundi, une agence du Trésor américain avait pourtant prévenu que le Brexit pourrait, dans un scénario noir, « menacer » la stabilité financière aux Etats-Unis.
La banque centrale semble également rassurée par la situation du marché du travail américain, qui avait montré d’inquiétants signes de faiblesse en mai avec des créations d’emplois tombées alors à leur plus bas niveau en six ans.
« Le marché du travail s’est renforcé et l’activité économique a progressé à un rythme modéré », indique le communiqué du FOMC, se félicitant des « fortes » créations d’emplois en juin (287.000).
« Le rebond solide en juin semble avoir conforté la Fed dans l’idée que la faible croissance de l’emploi en mai était une anomalie », estiment les analystes de Barclays Research.
La Banque centrale note également que les dépenses des ménages, principal moteur de la croissance, ont « fortement progressé » même si l’investissement des entreprises est resté « faible ».
Surtout, la Fed ne mentionne plus dans son communiqué la mauvaise tenue des exportations américaines, qui ont été pénalisées ces derniers mois par le renchérissement du dollar par rapport aux autres grandes devises.
– Spéculations –
Dès vendredi, la Fed pourra vérifier la justesse de son diagnostic avec la publication des premiers chiffres de la croissance américaine au deuxième trimestre. Au cours des trois premiers mois de l’année, l’expansion avait été poussive (+1,1% en rythme annualisé).
Seul point noir, la Fed continue noter que l’inflation annuelle évolue encore loin de son objectif annuel de 2%.
Cet état des lieux globalement optimiste relance en tout cas les spéculations sur un prochain resserrement monétaire, qui pourrait intervenir dès la prochaine réunion du FOMC les 20 et 21 septembre.
« Le communiqué aujourd’hui semble indiquer que nous aurons au moins une hausse cette année », estime M. Naroff.
Les analystes d’IHS Global insight sont sur la même ligne et tablent sur décembre pour un relèvement des taux, qui mettra un terme à l’ère de l’argent facile destiné à soutenir l’activité et le crédit et dont les marchés ont abondamment profité.
Une des dix membres du FOMC, Esther George, aurait, elle, souhaité que la hausse intervienne dès maintenant et s’est opposée au statu quo monétaire acté par le FOMC.
Toujours à la merci de mauvaises surprises économiques, les dirigeants de la Fed feront toutefois face, dans les prochains mois, à une autre hypothèque: l’élection présidentielle américaine du 8 novembre.
Déjà dans le collimateur du candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump, la Fed pourrait hésiter avant de prendre une décision aux vastes ramifications économiques, même si sa présidente Janet Yellen assure être indifférente au calendrier politique.
« Je n’ai jamais vu des considérations politiques influencer d’une quelconque manière le jugement porté sur les mesures qui sont décidées au sein de la Réserve fédérale », avait-elle déclaré en mars.
© AFP/Archives MANDEL NGAN
La Banque centrale américaine (Fed) laisse ses taux directeurs inchangés