La finance verte était le sujet d’un séminaire organisé ce mardi matin par la banque Socredo au Hilton. De nombreux acteurs privés et publics ont répondu présent et ont échangé sur les moyens de faire participer le monde de la finance à la limitation du réchauffement climatique. Si la démarche ne va pas de soi dans le monde des affaires, ce « verdissement » doit passer par la réglementation et les politiques du Pays.
« La finance verte n’existe pas », concluait ce midi Jacques Moineville, président du conseil d’administration de la Socredo. Comme il le souligne, il faut avant tout une volonté et un engagement pour le développement durable et les finances ne sont qu’un moyen de les concrétiser. La banque a invité une centaine de chefs d’entreprises et d’associations environnementales à échanger sur le sujet ce matin au Hilton, lors d’un séminaire où sont intervenues plusieurs personnes par visioconférence. Alexis Bonnel est co-auteur du livre Notre maison brûle au sud, que peut faire l’aide au développement ? Il intervenait pour rappeler les derniers chiffres du Giec sur le réchauffement climatique et ses conséquences, mais aussi au titre de l’Agence française de développement. Une simple piqûre de rappel sur un sujet que personne n’ignore plus aujourd’hui, en introduction de la question du jour : la « finance verte ».
Un banquier soucieux du développement durable
Intégrer le développement durable à des pratiques établies dans des structures financières qui n’en n’ont pas besoin pour faire du profit, c’est quelque choses qui ne va pas de soi. La Socredo a cependant salué plusieurs fois la très bonne participation des invités à ce séminaire, supposant par là que le sujet nous préoccupe tous. L’action publique se disait aujourd’hui orientée vers l’incitation à un investissement « vert » plutôt que la coercition. À titre d’exemple, la banque Socredo, « banque du Pays », a présenté sa nouvelle politique de prêt baptisée « analyse et avis développement durable » qui consiste à évaluer chaque demande de financement, et notamment celles de plus de 50 millions, sur son adéquation avec le développement durable. Les chiffres présentés montrent un engouement croissant pour la démarche qui apporte un service de conseil supplémentaire aux porteurs de projets. Autre intervention, celle de Marie-Anne Vincent, directrice générale de Carbon 4 Finance, une entreprise française qui fourni au secteur financier des données pour appréhender les risques d’investissements dans des entreprises liées aux changements climatiques. Un aperçu d’outils et de développements possibles, peut-être en Polynésie.
Le Pays laisse « toute la latitude aux privés pour investir à la place du gouvernement »
Le Pays, très attendu sur des questions de fiscalité ou de réglementation de l’importation, a évoqué les éléments du plan de transition écologique sur lequel il travaille depuis plusieurs années. Au programme des sept prochaines années selon le ministre de l’Économie et des Finances : la transition écologique tant attendue. Premièrement, une révision des financements alloués par le Pays pour qu’ils soient employés de manière plus verte. Il s’agit, comme l’explique le président Edouard Fritch, d’un passage à une électricité hybride. Les candidatures retenues pour réaliser les fermes solaires qui alimenteront ces centrales sur « une quinzaine d’îles » devraient être annoncées avant la fin de l’année. Il évoque également la mise en place d’un Swac à Papeete au niveau du front de mer ou encore la modernisation des moyens de transport.
Autre élément évoqué par le gouvernement : une évolution de la réglementation énergétique des bâtiments qui devrait être présentée à l’assemblée d’ici quinze jours. Et enfin dans les années qui viennent un nouveau type d’appels à projets, qui seraient financés à parts égales par des fonds publics et privés. Le ministre Yvonnick Raffin assure avoir déjà eu des « séances de travail avec des privés qui porteront leurs fruits très prochainement ».