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La grève de la Fraap suspendue, mais jusqu’à quand ?


Deux jours après l’échec des négociations à la présidence, et à la veille du début d’une grève illimitée qui risquait fort de durer, la Fraap a annoncé la suspension du mouvement « jusqu’à nouvel ordre ». Un choix de « responsabilité » explique le syndicat qui assure être capable de mobiliser « à tout moment » si ses demandes ne sont pas entendues sur les agents de catégorie D. La rancœur est forte envers Moetai Brotherson, bien décidé à discuter de ces revalorisations avec tous les syndicats d’ici la fin janvier. Et la fédération se tourne, comme en décembre, vers Tony Géros, rencontré le matin même et dont les militants espèrent des « propositions » pour éviter le conflit.

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« Ça revient à mettre une épée de Damoclès au dessus de la tête de tout le pays« . C’est ainsi que Moetai Brotherson parlait ce samedi de la volonté de la Fraap de « suspendre » son mouvement de grève, là où le gouvernement demandait sa « levée ». Le protocole d’accord n’avait pas été signé, le président avait souhaité une « bonne grève » au syndicat et ce dernier avait promis en retour une « paralysie » du Pays et un « mardi noir » ce 14 janvier. 48 heures plus tard la fédération de Jean-Paul Urima a annoncé, ce lundi après-midi, qu’elle actait elle-même cette suspension « jusqu’à nouvel ordre », sans contrepartie, engagements ou signature avec le gouvernement, donc.

« Ça bout de partout »

La Fraap a-t-elle préféré ne pas s’engager dans un conflit qui risquait de durer une dizaine de jours, le temps que l’exécutif annonce ses décisions sur les « catégorie D » ? A-t-elle craint ne pas mobiliser suffisamment autour du dernier point d’achoppement, à savoir la transmission de tableaux de rémunération pas encore validés ? Rien de tout ça, assure le syndicat qui dit seulement avoir « mûrement réfléchi » depuis la dernière rencontre – des plus brèves – à la présidence. Il n’a jamais été question de « déstabiliser l’économie du Pays », explique Jean-Paul Urima, qui présente cette suspension comme un acte de « responsabilité », là où le gouvernement en a, d’après lui, manquer.

Malgré ce nouveau pas de côté, le syndicat veut maintenir la pression et insiste sur sa capacité à mobiliser pour une deuxième grève en un peu plus d’un mois. Ces dernières heures, « tout le monde était prêt », « beaucoup étaient chauds et voulaient y aller », il a fallu « leur demander de temporiser ». « Et pas que les pompiers, assure Gérard Barff, secrétaire général délégué du syndicat et chef de file du Spadac. Nous les pompiers on sait gérer, on a l’habitude. Ils attendent le coup de fil, ils savent ce qu’il y a à faire. Par contre ce sont les autres services qui sont bouillants. Entre autres les 1800 ‘catégorie D’, ça bout de partout et pas uniquement à l’Équipement où il y en a une grande partie. Il y a la flotille administrative, la Santé… Partout ça bout. Et il y a les îles, il ne faut pas oublier que dans les îles on a beaucoup mobilisé lors de la grève du mois de décembre ».

20, 24 et 29 janvier

Suspendu à moins de 24 heures de son terme, le préavis peut désormais être réactivé à tout moment, et la mobilisation être lancée dès le lendemain de l’annonce. Qu’est ce qui pourrait déclencher un retour aux hostilités ? La Fraap ne répond pas précisément, mais plusieurs dates sont inscrites à son calendrier. Le lundi 20 janvier, d’abord, quand doit être organisé un Conseil supérieur de la Fonction publique (CSFP). C’est là que seront mis aux voix – entre tous les syndicats et les représentants des employeurs publics – huit propositions différentes concernant la revalorisation des catégorie D.

Quatre d’entre elles ont déjà été présentée le 24 décembre,  dont celle de la Fraap, jugée mal chiffrée et hors budget par l’exécutif, et celle mise sur la table par surprise – et par traitrise, d’après le syndicat – par le ministère de la Fonction publique. Quatre nouvelles propositions seront aussi mises aux débats, et les tableaux correspondants doivent être transmis aux différentes centrales ces jours-ci. Moetai Brotherson avait même assuré samedi qu’elles seraient envoyées dès ce mardi matin : à 15 heures, la Fraap n’avait toujours rien reçu. Après l’avis du CSFP, suivra le Conseil des ministres du 29 janvier, où le gouvernement fera officiellement son choix. Les cadres de la fédération évoquent aussi, comme date butoir, le vendredi 24 janvier, qui doit laisser « assez de temps » aux militants pour discuter des résultats du CSFP… Et qui se trouve être le lendemain du retour de Moetai Brotherson de Paris.

« On attend beaucoup » de Tony Géros et de l’assemblée

Mais la Fraap insiste aussi sur le rôle que peut jouer Tarahoi. Car les choix de l’exécutif, Moetai Brotherson n’a eu de cesse de le rappeler, devront quoiqu’il arrive passer par l’assemblée, ne serait-ce que pour ajuster le budget 2025 du Pays aux nouvelles dépenses de personnel. C’est la raison pour laquelle les responsables du syndicat ont tenu à aller « à la source » et ont rencontré ce mardi matin avant leur annonce le président de l’assemblée Tony Géros et la présidente de la commission de l’emploi et de la fonction publique Teura Iriti.

Une rencontre « très constructive » d’après le syndicat qui assure que les deux élus, rivaux politiques de Moetai Brotherson chacun à leur façon, ont jugé leur combat « noble » et « juste ». Les intéressés préfèrent ne pas commenter au micro, mais la Fraap espère bien qu’ils pèseront sur les autres élus, et même sur l’exécutif pour « permettre de trouver une solution pour éviter un nouveau conflit ». « Ils vont se concerter et ils vont nous proposer, maintenant, on attend au mieux, on attend beaucoup d’eux, mais on peut pas dire ce qu’ils vont faire, reprend Gérard Barff. Je pense qu’ils nous présenteront quelque chose, ça a été assez positif, et ils ont compris le message ».

Lors de la première grève, et après plusieurs jours d’échecs des négociations, la Fraap s’était déjà tourné vers Tony Géros avec l’espoir qu’il reprenne les rênes des négociations. La majorité Tavini avait été réunie, mais seulement pour confirmer le rôle de Moetai Brotherson dans ce dossier. « Mais ils avaient mis la pression pour qu’il trouve une vraie solution, note Georges Ateo, secrétaire général délégué chargé de l’Éducation. C’est à la suite de ça qu’on avait discuté toute une nuit et trouvé un accord ». À la suite surtout de l’abandon – temporairement, du moins – de ce qui était alors la revendication principale du mouvement : l’augmentation du point d’indice.

La Fraap espère que le président de l’assemblée jouera un rôle plus important dans cette deuxième phase du conflit. « Il faut que les élus de ce pays se bougent pour que ce conflit puisse prendre une issue favorable pour tout le monde », résume Jean-Paul Urima. 

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Jt Vert 14/01/2025

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