ACTUS LOCALESINTERNATIONALPACIFIQUEPOLITIQUE

La France, « puissance de seconde zone » dans le Pacifique malgré ses ambitions

©CP/Radio1

Jean-Marc Régnault et Sémir Al Wardi avaient pris leurs quartiers à la librairie Klima samedi matin pour une séance de dédicace de leur dernier ouvrage, L’Indo-Pacifique et les nouvelles routes de la soie, rassemblant les interventions de 28 chercheurs lors du colloque de novembre 2019 à l’UPF. L’occasion de leur demander si les événements récents ont changé les équilibres stratégiques de la région.

L’Indo-Pacifique si chère au Président de la République, et pour les deux auteurs raison principale de sa visite en Polynésie en juillet dernier, a-t-elle pris du plomb dans l’aile après le retour des États-Unis dans la région, retour matérialisé par l’annulation du contrat de construction de sous-marins entre l’Australie et la France ? Oui, clairement, répondent-ils.

« Les Occidentaux s’étaient plus ou moins retirés des États insulaires, et la Chine en a profité pour apporter d’abord son aide et proposer ensuite des prêts. Et les puissances occidentales veulent revenir pour justement freiner cette expansion de la Chine, rappelle Sémir Al Wardi. Pendant ce temps-là, les États-Unis de Trump se désintéressent du Pacifique, et essentiellement du Pacifique Sud. C’est le même fonctionnement : à chaque fois il y a un vide, et quelqu’un pense pouvoir combler ce vide. Et là c’est la France, qui avec ses partenariats avec l’Inde et l’Australie, va chercher à devenir quasiment le leader de l’Indo-Pacifique. Et puis Biden arrive au pouvoir, et là les États-Unis reviennent sur leur position, c’est-à-dire qu’ils redeviennent une surpuissance, qui défend ses intérêts et seulement ses intérêts (…) et expliquent à la France que la France est une puissance de seconde zone. »

Dans cette nouvelle donne régionale, la France pourrait avoir intérêt à augmenter une présence militaire qui a eu tendance à baisser ces dernières années, dit Sémir Al Wardi.

C’est d’ailleurs pourquoi, théorise Jean-Marc Régnault, la France pourrait avancer plus vite sur la voie des indemnisations des conséquences du nucléaire, « non pas parce que la France est reconnaissante, mais parce que désormais, la France a absolument besoin de ces territoires. » Pour la même raison, dit-il, l’éventuelle indépendance de la Nouvelle-Calédonie n’est pas un réel problème pour la France, « parce que si la Nouvelle-Calédonie était indépendante, elle aurait encore plus besoin de la France. »

Que penser alors des déclarations sur le projet aquacole de Hao, qu’Emmanuel Macron a qualifié « d’aventureux » mais dont Wang Chen et Tearii Alpha, ministre de l’Économie bleue, continuent de dire qu’il se fera ? En tant que chercheurs, Sémir Al Wardi et Jean-Marc Régnault ne disposent pas d’éléments qui pourraient confirmer ou infirmer ces déclarations contradictoires.

 

L’Indo-Pacifique et les nouvelles routes de la soie, rédigé sous la direction de Sémir Al Wardi et Jean-Marc Regnault, et publié avec l’UPF et la SFHOM aux éditions ‘Api Tahiti, est disponible en librairie.

Article précedent

Le RSMA accueille la première promotion de Volontaires jeunes cadets

Article suivant

L'Equipe de France remporte la Ligue des nations 2-1 face à l'Espagne

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

La France, « puissance de seconde zone » dans le Pacifique malgré ses ambitions