La Section de recherches de Paris a arrêté un faussaire hors pair mardi dans la capitale. L’homme était capable de produire des documents proches de la perfection.
Les experts de la gendarmerie parlent de lui comme d’un véritable « artiste ». Un faussaire, suspecté d’avoir fabriqué des centaines de faux papiers, a été arrêté mardi par les gendarmes de la Section de recherches (SR) de Paris. D’après les enquêteurs, les faux documents qu’il réalisait étaient d’une qualité déconcertante. Des sésames falsifiés permettant de déjouer la plupart des contrôles.
Cartes d’identité, passeports, permis de conduire… La carrière de ce maître parmi les faussaires s’est interrompue brusquement mardi soir, sur un trottoir de la Porte de la Chapelle, au Nord de Paris. Lorsque les gendarmes l’arrêtent au terme de plusieurs mois d’investigations, l’homme s’apprête à livrer 24 documents contrefaits. Lors de leurs perquisitions menées à son domicile, les militaires retrouvent une centaine de documents. Un ordinateur porte la trace de 400 faux réalisés par ses soins. Cartes d’identité, passeports, permis de conduire ou cartes de séjour : des faux papiers d’une qualité exceptionnelle produits grâce à un attirail complet. Une imprimante, un scanner, une plastifieuse, que le virtuose falsificateur avait simplement acheté dans le commerce.
De vrais hologrammes intégrés aux faux documents. « Il arrive à récupérer un hologramme sur un document authentique qu’il a inséré sur sa propre matrice de faux documents », détaille pour Europe 1 le commandant Franck Partouche, expert en la matière à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). « La contrefaçon ainsi réalisée possède en son sein des éléments authentiques d’authentification. J’ai déjà vu cela mais c’est la première fois en dix ans de carrière que je suis confronté à un tel niveau de qualité et de façonnage », assure-t-il.
Faussaire… et graphiste de formation. Il faut dire que le « Michel-Ange des faux papiers » n’en était pas à son coup d’essai. L’homme était déjà connu des enquêteurs, souligne au micro d’Europe 1, le colonel de gendarmerie Mathieu Frustié, chef de la SR de Paris. « C’est un faussaire qui dispose à l’origine d’une formation de graphiste. Il a donc les bases pour réaliser de bon faux. Ensuite, il a l’expérience : c’est quelqu’un qui est déjà connu pour ce type de faits. Enfin, grâce à son réseau criminel, il avait accès à des documents vierges authentiques qui lui ont permis de produire et finaliser des documents d’excellente facture », précise le militaire.
Des kits pour clandestins. Les enquêteurs estiment que l’homme fabriquait ces faux papiers depuis quatre ans. Un faussaire qui aurait même proposé des kits destiné aux clandestins : une fausse carte de séjour accompagnée d’une fausse attestation sécurité sociale ouvrant la voie à une demande de prestations sociales. Du grand art, donc, et qui avait un prix : ces faux-papiers pouvaient s’écouler pour quelques centaines voire quelques milliers d’euros, selon la nature du document. Un commerce juteux pour l’artiste-maquilleur : 60.000 euros en liquide ont ainsi été saisis à son domicile.