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« La grande majorité des médecins défendent le port du masque » rappelle le Dr Bondoux

Une vendeuse au faré des mamas à l’aéroport de Faa’a. ©C.R.

Si le débat a lieu d’exister autour de l’obligation du port du masque, notamment en extérieur, son efficacité pour freiner les épidémies et sa non-dangerosité sont reconnus par la communauté scientifique. Au lendemain de la manifestation « Stop à la masque-arade », le président du syndicat des médecins  libéraux appelle au bon sens et à la responsabilité de chacun.

« Nous ne sommes pas contre le masque, mais contre l’obligation de le porter« , répétaient, samedi, certains porte-paroles de la manifestation « Stop à la masque-arade ». Pourtant dans le cortège, les avis sont presque unanimes : le masque ne servirait tout simplement « à rien ». Derrière le débat sur les « libertés », la controverse se veut « scientifique » : « Aucune étude ne prouve que masque protège du virus », avancent les membres du collectif, qui assurent même que « la plupart des médecins savent aujourd’hui qu’il est dangereux de le porter ».

Utile, mais moins efficace que la distanciation physique

Deux affirmations qui sont inexactes. Il est vrai que les études « randomisées » – qui présentent la plus grande fiabilité scientifique – sont rares à propos du port du masque dans l’espace public. Comme le rappelle l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dans un article écrit avec l’épidémiologiste Eric d’Ortenzio, ces études sont en l’occurrence difficile à réaliser : « on ne peut pas demander à des gens de s’exposer au virus avec ou sans masque pour mesurer l’efficacité de ce dernier ». Des études « observationnelles », en revanche, existent depuis longtemps et ont appuyé nombre de politiques publiques dans le monde. Car l’idée n’est pas nouvelle : obligatoire en chirurgie, le port du masque avait déjà été généralisé dans certaines villes des États-Unis lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918 ou, plus récemment, en Asie lors de l’épidémie de Sras de 2003. Les études disponibles avant l’apparition du Covid-19 tendent à confirmer l’intérêt du masque « dans les lieux clos pour freiner les épidémies, en complément des mesures de distanciation physique », pointe l’Inserm. Et ce quel que soit leur catégorie.

Si les masques en tissu et les masques jetables « grand public«  ne sont pas aussi efficaces que les masques professionnels FFP2, ils permettent, comme l’écrit l’Afnor (organisme certificateur) sur la base de travaux de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) « d’éviter la projection vers l’entourage des gouttelettes émises par celui qui porte le masque et protège également celui qui le porte contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis ». En revanche, ces masques « ne protègent pas contre l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air ». Comme le note le Dr Didier Bondoux il ne s’agit donc pas d’une « protection absolue » : « ça fait partie des gestes barrières, au même titre que se laver les mains fréquemment« . Pour le président du syndicat des médecins libéraux de Polynésie, ceux qui refusent le masque en toute situation « défendent un peu l’indéfendable ».

Pour faire le point sur la connaissance actuelle, une équipe canadienne a publié en juin, dans The Lancet, une revue de littérature médicale portant sur 172 études existantes sur la question. Comme l’écrit l’Inserm ce travail de synthèse « montre que si la distanciation physique et les mesures d’hygiène recommandées constituent aujourd’hui les meilleures interventions contre l’épidémie, le port du masque réduit lui aussi le risque infectieux ». La mesure est utile, donc, pour « ralentir l’épidémie », à condition d’être collective : « Dès lors que la transmission du virus peut venir de personnes qui présentent peu de symptômes ou sont même asymptomatiques, le port du masque n’a d’intérêt que s’il est porté par tous au niveau d’une communauté », résume l’Inserm.

Des débats sur le masque en extérieur

D’autres recherches sont en cours pour orienter les autorités dans leurs politiques sanitaires et notamment pour savoir si le port du masque en extérieur présente un réel intérêt. Certaines municipalités ont fait ce choix dans le monde, à l’instar de Papeete. Dans les lieux les plus bondés, il s’agit, comme en intérieur, de limiter la contamination par des gouttelettes, à faible distance. Dans les lieux moins fréquentés, il s’agirait d’un « principe de précaution » alors que la possibilité d’une transmission aérienne (dite aussi par aérosol) du virus est de plus en plus évoquée. La question est de savoir si le virus peut rester en suspension dans l’air et survivre assez longtemps pour contaminer une autre personne. Elle n’est pas tranchée scientifiquement. D’autres débats se sont fait entendre sur l’efficacité du port du masque dans les écoles et chez les enfants (au dessus de 11 ans en Polynésie), plus prompts que les adultes à se toucher le visage et donc à faire perdre l’intérêt du bout de tissu.

Pour le Dr Bondoux, « que le port du masque puisse être discuté dans certaines situation, c’est une évidence ». En revanche les discours sur l’inefficacité ou la dangerosité de ce matériel sont sans fondement.

Passé le constat scientifique, l’obligation du port du masque peut être débattu sous l’angle politique et sociologique. Certains pays ont choisi des recommandations, de la communication à grande échelle sur les mesures sanitaires et leur justification, plutôt que des obligations réglementaires et des amendes. En la matière, la Polynésie, a fait le choix de suivre la stratégie nationale, plutôt portée sur la seconde option. Les errements des autorités sur les recommandations de port du masque en début de crise n’ont bien sûr pas aidé à faire accepter cette politique. Au fenua, pourtant, les obligations, sont « respectées par une très large partie de la population », comme s’en est plusieurs fois félicité le ministre de la Santé Jacques Raynal.

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1 Commentaire

  1. Patrick Fincker
    14 septembre 2020 à 10h42 — Répondre

    Hier soir, au cinéma, la moitié de la salle a enlevé son masque dès qu’elle a été installée. Que ces spectateurs se mettent en danger, libre à eux. Qu’ils mettent en danger les autres est un manque évident de civisme. Dans ce genre de circonstances, s’il y a une règle, il faut l’appliquer, que l’on la croit bonne ou mauvaise. Mais porter le masque pour entrer, puis l’enlever dès les lumières éteintes, c’est tout bonnement de l’hypocrisie… pas vu…pas pris… c’est triste.

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