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Grève des bus : « Si les chauffeurs sont aigris, c’est parce qu’on ne fait rien pour eux »


Après un faux départ la semaine dernière, la Fédération du transport en commun FRSTCP a redéposé un préavis de grève « en bonne et due forme » pour jeudi prochain. Désormais soutenu par la CSIP, le collectif, qui n’est pas majoritaire au sein du RTCT et qui lance aussi son mouvement à Moorea, entend bien obliger les directions à négocier une convention collective. Et à obtenir des avancées en matière de salaires, de statut, mais « surtout de sécurité ».

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Cette fois la FRSTCP a pris le temps de tout vérifier. La Fédération des rassemblements des syndicats de transport en commun de Polynésie, soutenue par la fédération autonome Aro no porinetia de Mahinui Temarii avait fait une « petite erreur » mardi 13 août, en déposant un préavis de grève pour le dimanche 18. Comme n’avait pas manqué de le noter la direction du RTCT, société gestionnaire du réseau Tere Tahiti visée par le mouvement comme ses prestataires NTCE TCCO et RTU, le document ne respectait le délai de préavis règlementaire et risquait de mettre tous les grévistes dans l’illégalité. Marche arrière, donc, mais seulement pour mieux avancer. Après avoir suspendu le premier mouvement, la FRSTCP a déposé un nouveau préavis ce jeudi, pour une grève prévu à partir du jeudi 29 août. Les mêmes sociétés, en charge du transport en commun et du transport scolaire de Tahiti, sont visées, en plus de l’opérateur des bus de Moorea Warren Transports. Mais la nouveauté, c’est le soutien de la CSIP, dont le secrétaire général Patrick Taaroa vient de signer les protocoles d’accord du côté de l’aéroport et a paraphé ce deuxième préavis. Un allié de poids, puisque la centrale de Cyril Le Gayic est représentative au niveau Pays. De quoi obliger les directions à s’asseoir à la table des négociations.

Le préavis, plus court et plus clair que la dernière version, demande des évolutions sur la formation, l’accompagnement ou l’équipement des chauffeurs et mécaniciens, le respect de la durée de travail, des changements dans le statut ou les locaux mis à disposition du personnel… Mais Yoan Richmond insiste surtout sur un « besoin de sécurité » : « À chaque fois qu’on se fait agresser, la société ne bouge pas, et quand on est devant le tribunal, on nous demande de prendre un avocat. Nous avons les accompagnateurs, qui peuvent nous aider dans le transport dans le secondaire : il y a plein de chauffeurs qui ont été agressés par les lycéens, détaille le secrétaire général de la FRSTCP. Et puis il y a toutes ces glacières, ces chaises ou toutes ces choses qu’on met dans les bus et qui sont dangereuses. On ne fait pas de transport de marchandises. Un coup de frein et tout ça vole devant le bus… Ça on ne veut plus ».

C’est pour ça que tu vois des chauffeurs qui sont aigris, on fait rien pour eux

Le FRSTCP veut surtout, à l’occasion de ce mouvement, faire avancer le projet de convention collective du transport en commun, qui a déjà buté sur de nombreux écueils ces derniers mois. Difficile pour la Fédération de négocier ce document alors qu’elle n’est pas majoritaire au sein du secteur, contrairement à Otahi, qui n’a pas suivi le mouvement, et dont certains représentants ont même exprimé une certaines incompréhension face à la menace de grève la semaine dernière. « Ça fait 18 ans qu’il n’y a rien pour nous, et que Otahi n’arrive pas à s’engager », s’agace Yoan Richmond. Sur la sécurité, mais surtout sur les salaires, l’autre nerf de la guerre. Le préavis demande la mise en place ou la révision de plusieurs primes – de panier, de salissure, d’insalubrité… – et une révision générale de la grille salariale. « Sur les grilles proposées tu peux travailler 20 ans et finir à 187 000 francs brut, assure le secrétaire général. Alors qu’on a des responsabilités : s’il y a un accident, on prend sur notre dos. Ce qu’on veut c’est revaloriser notre travail ».

Les discussions avec le RTCT, toujours présidé par Willy Chung Sao, risquent d’être difficiles vu l’ambiance des dernières réunions. Et si le syndicat « veut l’éviter », il se prépare déjà à la grève. Quel message pour les usagers, qui seront touchés par les perturbations du réseau ? « On a fait qu’une seule fois la grève, en 2013, et on a signé un accord qui n’a jamais été appliqué, rappelle, en réponse, le secrétaire général du syndicat. Nous sommes agressés dans le bus, on prend tous les conflits, on ramasse tout. C’est pour ça que tu vois des chauffeurs qui sont aigris, on ne fait rien pour eux. Il n’y a même pas de cellule d’accompagnement. Nous on dit : ça suffit, il faut arrêter ».

 

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